Sports et divertissements, Jean-Philippe Baril Guérard

« Cette semaine, j’ai chanté au karaoké, j’ai nagé, j’ai bu, j’ai mangé de la poutine, j’ai fait de l’escalade, j’ai fait de la coke, j’ai fait du vélo de route, j’ai mangé des assiettes à cent piasses, j’ai fais du yoga en lendemain de brosse, j’ai fait quatre mille dollars en quinze minutes, je me suis prise en photo, j’ai dansé, frenché, fourré dans une ruelle, j’ai lu Nietzsche, j’ai lu des magazines à potins, je suis apparue dans des magazines à potins, j’ai bu du vin rare dans une première de film, je me suis fait reconnaître dans la rue, j’ai joggé, j’ai noyé la nostalgie d’une suite pour piano de Satie, j’ai méprisé beaucoup de gens, j’ai recompté la somme de toutes mes richesses combinées, la beauté, l’argent, la jeunesse, le temps, surtout le temps, et j’ai tout dilapidé à loisir. Bref, j’ai tout fait pour éviter de me poser des questions. »

C’est ce qu’on lit à l’arrière du premier roman de ce jeune auteur et comédien que l’on connaît pour quelques pièces de théâtre qu’il a lui-même écrit.

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Sur un ton qui caractérise très bien la vingtaine montréalaise, Jean-Philippe Baril Guérard immisce son lecteur dans le quotidien d’un trio d’amis qui repoussent leurs limites à coup d’histoires d’un soir, de drogue, d’un peu de travail et de beaucoup de sport, pour se déculpabiliser.

Les personnages qu’il présente sont désillusionnés. Ils sont de ceux qui sont venus au monde au moment où tout allait mal, mais qui n’ont jamais dû se faire prier pour avoir ce qu’ils voulaient. Comédiens, ils ont participé à une émission ayant eu beaucoup de succès alors qu’ils étaient encore très jeunes. Depuis, certains multiplient les contrats alors que d’autres en cherchent désespérément. Tous ensemble, ils s’engourdissent pour ne pas trop devoir se remettre en question. Le tout narré par une jeune fille de 22 ans à qui tout réussit professionnellement. 

À travers les dialogues, les situations exposées ainsi que les messages textes présentés dans le livre, l’auteur présente une critique intéressante d’une jeunesse désillusionnée, certes, mais de différents domaines, comme celui du théâtre par exemple.

Obsédés par leur image, les personnages du récit entretiennent une relation particulière avec les réseaux sociaux, qui nous semble parfois être la raison du pourquoi ils continuent à agir ainsi. Chose certaine, ils aiment se mettre en scène, dans tous les aspects de leur vie.

L’auteur, âgé de 26 ans, arrive ici en force avec ce premier roman qui est une réelle critique d’une génération flouée par l’accès à tout, tout de suite, au détriment, parfois, du bonheur. Arrivera donc un moment où la narratrice ne pourra plus avoir l’objet de son désir, mais que se passe-t-il quand la vie en décide ainsi?

Le premier roman de Jean-Philippe Baril Guérard m’est tombé dans les mains par hasard alors que je fouillais dans les tablettes d’une librairie. Intriguée par son résumé, je me le suis procurée et ne l’ai refermé qu’une fois terminé. Si certains passages me semblaient parfois « déjà-vu » comme les messages textes introduits dans le récit, la critique sociale qu’il apporte m’a énormément plue et je salue la transposition du réel qu’il est parvenu à faire.

Par Solveig
Collaboratrice spontanée

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