Tête première, au-delà du Gouffre

Avoir peur de l’échec: c’est ce qui nous empêche bien souvent de nous investir pleinement dans une idée ou un projet. Ça n’a pas été le cas de Thomas Chrétien, David Forest et Carl Beauchemin lorsqu’ils ont décidé de s’installer ensemble en appartement pour créer un court métrage d’animation, et ce, de façon totalement indépendante.

Crédit photo : Le Gouffre

Crédit photo : Le Gouffre

Ces anciens étudiants en animation 3D et dessins animés du Cégep du Vieux-Montréal n’ont pas hésité à laisser leurs emplois respectifs pour se consacrer à temps plein à leur film, Le Gouffre, qu’ils ont financé de leurs propres poches. Encensé par la critique, ce film a récolté plus de 800 000 visionnements sur Internet et remporté 6 prix dans des festivals partout à travers le monde.

Crédit photo : Le Gouffre

Crédit photo : Le Gouffre

Le Gouffre raconte l’histoire toute simple de deux amis qui tentent de construire un pont au-dessus du trou béant qui les sépare du reste du monde qui semble bien intriguant. C’est d’abord et avant tout un récit portant sur l’amitié, la persévérance et le sacrifice.

Crédit photo : Le Gouffre

Crédit photo : Le Gouffre

«Plus le temps avançait, plus on se rendait compte des parallèles entre le film et notre film», m’a confié Carl Beauchemin en entrevue. En effet, durant les deux ans qu’a duré la production du court métrage, les trois jeunes hommes ont dû travailler d’arrache-pied pour l’atteinte de ce même but. Il faut bien se l’avouer : ça prenait du cran, puisqu’il n’existait pas vraiment d’exemple de gens qui ont concrétisé ce genre de projet en animation au Québec.

Ce qu’ils ont trouvé le plus difficile? C’est d’habiter à trois dans un appartement, d’être constamment ensemble. Bien qu’ils étaient déjà très bons amis, à la longue, il était justement ardu de se considérer presque exclusivement comme des partenaires de travail, et non plus que comme amis. C’est pourquoi ils ont décidé de mettre en ligne un blogue, chaque mercredi, où ils détaillaient avec beaucoup d’humour le processus de création de leur film. C’était le moment où les partenaires se permettaient de lâcher leur fou et aussi celui où ils recevaient un certain feedback de la part des gens qui suivaient leur projet. Grâce à la généreuse contribution de leurs fans, les trois garçons ont même réussi à amasser plus de 25 000 $ en projet Kickstarter pour payer la musique, les sons et la post-production en général.

Crédit photo : Le Gouffre

Crédit photo : Le Gouffre

S’inspirant des dessins animés japonais au niveau du look, des couleurs et du décor (on peut notamment penser aux films d’Hayao Miyazaki), Le Gouffre conserve tout de même une structure narrative classique à l’Américaine. Tel que me le confiait Carl Beauchemin, l’histoire présente le «message de visionnaires, de gens qui veulent aller plus loin, sortir de leur zone de confort. Ils veulent pousser plus loin, aller voir ce qu’il y a de l’autre bord.» À l’image de leurs créateurs, donc.

Crédit photo : Le Gouffre

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Les trois comparses, à l’instar des personnages de leur film, n’ont pas eu peur de s’impliquer tête première dans quelque chose en lequel ils croyaient dur comme fer. À mon avis, c’est précisément ce qu’il faut retirer de toute cette aventure, car à force d’aller au-delà du «gap de ta pensée», c’est là que jaillissent les réalisations les plus singulières et gratifiantes.

À noter qu’un long métrage d’animation mijote présentement dans les cerveaux créatifs de Thomas Chrétien, David Forest et Carl Beauchemin, alias le Lightning Boy Studio. À suivre!

Par Amélie Hubert-Rouleau
Collaboratrice spontanée

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