Monsieur-Madame, donne-moi un peu ma chance.

Sur l’air de la toune des BB, évidemment.

J’ai bien envie de déverser une des grandes incompréhensions qui parsème mon parcours de jeune adulte. J’ai peine à croire que je sois la seule à m’en soucier.

La crédibilité.
Quand tu es «un jeune».

Les ‘eunes, ceux qui sont dont paresseux et si peu imaginatifs, ces grands flancs mous qui se prélassent sur les mêmes terrasses d’Outremont que Richard Martineau (#labellevie). Ces jeunes qui ne connaissent dont rien à la vie, qui se croient en plein contrôle de leurs moyens et même de leurs cennes – «on sait bin, ça reçoit ses impôts à ‘fin d’l’année».  Les mêmes jeunes qui ne savent dont pas écrire, qui n’ont jamais eu d’orange ou de charbon dans leu’bas de Noël pis qui ne marchent pu un mille à pieds pour aller à l’école.

(J’exagère à peine).
Monsieur, Madame. Donne-moi un peu ma chance. Vois comme j’ai beaucoup changé.
Monsieur, Madame. Il me semble que ça ne prend pas beaucoup d’efforts pour réaliser que même si on n’additionne pas autant d’heures que vous dans notre léger CV de vie, qu’on a encore de nombreuses croûtes à manger et qu’on n’a évidemment pas autant d’expertise ou d’expérience, on n’est pas nécessairement voués à être aussi éphémères que les couples qui se forment à Occupation Double.

Je trouve ça parfois soûlant d’arriver, du haut de mes 25 ans, et d’entretenir la conversation à des Monsieur-Madame qui ont dont bien la vérité absolue. Et que ma parole soit considérée comme la marque maison d’une mayonnaise.

Mais t’sais, j’en doute pas. Je suis la première à me rendre compte que ma mère avait tellement raison sur ma curieuse décision de réellement aller en Arts & Lettres profil Littérature. Sept ans plus tard, avec un bac en cinéma, deux ans de psychologie et une année de maîtrise en communication, oui, j’aurais pu attendre de connaître sa version des faits et mettre en relief les choix plus adaptés pour me rendre, disons, plus «directement» à un objectif de carrière. Elle avait raison, comme une Monsieur-Madame (bonjour maman, je t’aime).

Ce qui n’empêche pas le reste : j’existais quand les BB chantaient, même si je n’avais pas les facultés cognitives pour comprendre le deal de la toune. On est jeunes; pas des plans de persil confinés à rester pognés dans un pot. Ça nous prend du jus pour grandir; un peu de considération pour qu’on ait la chance de flétrir et de se donner notre propre saveur. Monsieur-Madame, donne-nous au moins notre chance.

Regardez-nous comme des vous-autres à 25 ans. Et enlevez-nous vos airs de parvenus sur nos cas. Essayez juste de considérer ce que l’on dit, même si ce qu’on dit peut avoir l’air idéaliste, rêveur ou/et maladroit. Regardez nos Xavier Dolan ou Gabriel Nadeau-Dubois, les Léa Clermont-Dion pis les Sarah-Maude Beauchesne qui s’élancent dans les plus fous projets. Une pelleté de jeunes qui se garochent dans l’entreprenariat tête première… et qui réussissent : Trois fois par jour, Fiston, C’est Beau/Handwork, Les Nerds (oui, ma rédactrice en chef fait une bonne job, pis je plug ça icitte) ou encore la Microbrasserie Le Prospecteur, name it. Il y en a beaucoup (trop) pour que je te les nomme tous.

Je ne sais pas trop si tu suis ce que je dis, Monsieur-Madame. T’auras à essayer de comprendre quand ton stagiaire espérera un peu de tes feedbacks sur sa job. Il ne demande qu’à apprendre. Pas attendre. Ou quand ton jeune collègue nouvellement syndiqué ne prendra pas, à son plus grand malheur, un break, parce qu’il se perfectionne dans le zèle du débutant. Ou quand tu seras sur le point de dire : on sait bin vous autres, les jeunes.

Juste, tu sais, te dire que tu as été un maudit jeune avant d’être un Monsieur-Madame.

Par Angie Landry
Collaboratrice spontanée

Tu veux que ton texte soit publié sur lesnerds.ca? Voici comment:
Soumettre un texte spontané