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Naïveté à l’âge adulte : un art, une force

Par Noémie Laplante – le dans Chroniques
Notre société a tendance à classer automatiquement la naïveté dans le dossier «défauts». Si ce trait de personnalité n’est pas attitré à une personne de moins de 10 ans, on commence à plisser le front, rouler des yeux et soupirer longuement. «Il est tellement naïf…» Et si je vous disais que cette naïveté peut embellir votre vie d’adulte? Si je vous disais même qu’elle peut alléger le poids parfois lourd de la réalité des grandes personnes. Et bien surprise surprise, j’ose vous le dire: soyons naïfs!

En vieillissant, on apprend. On apprend que tout n’est pas rose. Notre cœur d’enfant réalise tout d’un coup que notre monde n’est pas fait entièrement d’arcs-en-ciel et de couchers de soleil, mais qu’il est aussi parsemé de tremblements de terre et de quelques tempêtes. Notre espoir naïf de jeunesse se remplace au fil du temps par un mélange de méfiance, de rationalité et d’une touche de pessimisme. Après avoir vécu un coup dur, on se dit qu’on se protégera la prochaine fois, qu’on ne se fera plus avoir.

Et s’il fallait baisser nos gardes parfois? Et si s’essayer de nouveau, sans armure, simplifiait notre quotidien? Attention, je ne dis pas qu’il faut se lancer nu dans le vide. Il s’agirait d’insouciance de premier degré. Mais il s’agit plutôt de ne pas armer notre méfiance jusqu’aux dents avec nos «ça ne marchera pas». De vivre un peu plus…naïvement.

Être naïf quand on est petit, c’est de se réveiller le matin avec tous les rêves du monde. Je vais devenir astronaute…président…star de cinéma! Que nous arrive-t-il avec les années? Nos rêves se confrontent à la réalité, puis nos espoirs diminuent. Je n’arriverai jamais à atteindre la maîtrise. Je n’obtiendrai pas le poste. Les phrases négatives rentrent au poste.

Être naïf à l’âge adulte, c’est se dire que oui, c’est possible. C’est d’envoyer ton cv même si tu sais très bien que 12 autres personnes ont également postulés…dont la moitié avec cinq valises d’expériences bien pleines dans chaque main.

Être naïf quand on est petit, c’est d’envoyer un bout de papier au garçon qui nous plaît et d’attendre de voir son petit crochet dans la case «oui», «non» ou «peut-être». En grandissant, ça se complique. Les bisous sur la joue sur le banc d’autobus sont remplacés par des textos sans réponse et des fins de relation douloureuses. Les maudites peines d’amour. À cause d’elles, on met notre naïveté de côté. On s’endurcit le cœur.

Être naïf à l’âge adulte, c’est de se lancer même avec nos peurs derrière la tête. C’est d’avoir le courage de dire «je t’aime» malgré les échecs du passé. C’est de croire tout naïvement (et réalistement) à l’amour. Croire que le gars que tu vois depuis quelques mois, il veut peut-être s’engager lui aussi!

Être naïf quand on est petit, c’est de croire que tout le monde est gentil. On a la confiance facile. En vieillissant, on tombe de notre petit nuage. Tous ne sont pas gentils-gentils. Collègue à l’air bête comme ses pieds, inconnu mal intentionné, menteuse par-ci, manipulateur par-là, la méfiance arrive à la rescousse avec son air de sauveur.

Être naïf à l’âge adulte, c’est d’avoir à nouveau confiance en la bonne foi des gens. Leur laisser le bénéfice du doute, jusqu’à preuve du contraire. Il n’est pas question ici de se faire manger la laine sur le dos, mais de ne pas partir nos relations avec trois pas de recul et des «et si ?» en édition illimitée.

Être naïf quand on est petit, c’est d’être émerveillé par un spectacle de magie à la garderie et de «capoter» quand maman dit oui pour de la gomme au dépanneur. En vieillissant, on se dit qu’il n’y a rien là. La magie, c’est truqué et la gomme…ça coute 2$, t’en as quand tu veux.

Être naïf à l’âge adulte, c’est se laisser surprendre et s’émerveiller par les petites choses. C’est être encore impressionné par la première neige même si ça fait 22 ans que tu la vois. C’est de se sentir choyé devant une simple crème glacée entre amis, même si ce n’est pas un souper cinq services. Parce que quotidien ne devrait pas rimer avec banal.

Bref, faire preuve de naïveté une fois adulte, c’est un art qui demande un changement de perspective. C’est d’avoir le regard dirigé droit sur la réalité, mais de décider d’enfiler nos lunettes fumées quand arrive notre rationalité-négativité-méfiance d’adulte désabusé. Pour ne pas les laisser nous éblouir. Pour nous éviter les maux de tête à trop plisser des yeux. Pour voir la vie plus…légèrement !

Cette fameuse force naïve, celle qui ne rime ni avec enfantillage, ni avec ignorance, elle s’appelle la naïveté réfléchie.

« C’est une naïveté d’adulte, qui contient du savoir, du réalisme, de la perspicacité, et aussi la somme de nos déceptions. En l’étouffant, nous nous privons de qualités essentielles au bien vivre : la confiance, l’émerveillement, la disponibilité, l’enthousiasme.»

Ce n’est pas de moi, c’est un grand philosophe qui le dit!

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