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Notre société: nivelons-nous vers le bas?

Par Collaboration spontanée – le dans Chroniques
Les avez-vous vu passer? On a semblé être surpris quand c'est sorti. Le ministre de l'Éducation lui-même a avoué ne pas être informé de cette pratique. Vous n'êtes pas non plus au courant? Laissez-moi donc vous renseigner sur la chose: au Québec, on forme des cancres. Voilà! C'est dit.

Ce n’est pas une conjecture, c’est un fait. Apparemment, lorsqu’un élève obtient 55% dans son bulletin, on arrondit vers le haut en ne tenant pas compte des 5% manquants. Plusieurs articles en font mention; ce n’est donc pas une pratique qui semble inconnue.

Pourtant, personne ne semble vraiment trouver cela anormal. La preuve: y a-t-il quelqu’un qui agit? On reste tous là, la bouche béante, les bras croisés, sans rien faire. Les enseignants ne veulent pas parler trop fort de peur de se faire licencier (bris de confiance envers l’employeur oblige), les directions d’école veulent faire plaisir aux parents, les parents se plaignent que le système n’est pas adapté à leur enfant et les enfants ne reçoivent pas le service approprié dans bien des cas.

5% manquants, ce n’est pas bien grave, vous allez dire. 5% manquants, ça reste un chiffre. 60%, cette note de passage que nous avons créée, ne reflète en rien la société, vous pensez peut-être. Reste que cette note de passage indique tout de même que 40% de la matière n’a pas été assimilée. Pardon. 45%.

Je ne sais pas si, par rapport à une autre génération précédente, nous sommes dans une situation pire ou meilleure. Mais je sais que, oui, le nivellement vers le bas existe. Je ne parle pas de différenciation pédagogique, ces mots que les directions d’école et conseillers pédagogiques aiment employer à outrance. C’est quoi, la différenciation pédagogique? C’est quand on adapte les méthodes d’enseignement pour aider chaque élève à progresser selon celle qui lui convient le mieux

Est-ce juste à moi que cette définition sonne des cloches? Elle est clairement problématique. Petit un, parce qu’elle laisse l’enseignant avec un large périmètre de manœuvres. Et que ce large périmètre de manœuvres laisse souvent l’enseignant à lui-même lorsque son supérieur lui demande de rendre des comptes.

Par expérience personnelle, je peux vous dire qu’en tant qu’enseignante, on m’a déjà demandé de faire de la «différenciation pédagogique» auprès d’un élève qui manquait clairement de volonté. Toutefois, mon supérieur immédiat me disait qu’il fallait s’adapter à l’élève et me demandait ce que MOI je pouvais faire de plus pour l’aider à passer son année. Pas à mieux comprendre la matière. Pas à mieux apprendre. Non. À passer son année. Qui plus est, dans ce cas-ci, «différenciation pédagogique» signifiait surtout: on ne veut pas de trouble avec les parents, fais passer cet élève quitte à lui faire repasser son examen trois fois.

Nuance importante: ce ne sont pas toutes les directions d’école qui pratiquent ce genre d’exercice. La plupart du temps, j’ai été soutenue par ma direction. Je recense toutefois un nombre important de témoignages qui corroborent mes propres anecdotes en tant qu’enseignante.

Non, je ne parle pas seulement de différenciation pédagogique. Je veux dénoncer les pratiques que plusieurs enseignants (pas tous, mais plusieurs) se sentent obligés d’exercer, car pression oblige. Pression du gouvernement sur les commissions scolaires. Pression des commissions scolaires sur les directions. Vous connaissez la suite. Vive la bureaucratie!

Mais dans tout ça, le pire, ce n’est pas ce malheureux 5%. Le pire, c’est que nous le savons. Nous ne faisons rien, mais nous connaissons la vérité. Au Québec, on forme des cancres. On remet des diplômes à des jeunes qui n’auraient peut-être pas dû l’avoir. Des gens qui, plus tard, seront chargés de nous gouverner. S’occuperont des personnes âgées dans les centres. Étudieront en médecine, en ingénierie, en droit ou en économie.

Et ce n’est pas la faute de ces jeunes. Ce n’est pas non plus la faute des parents, des enseignants ou des directions.

En fait, le problème incombe au système. Notre système d’éducation est désuet, pas optimal pour deux sous. Mais les gens ont peur du changement. Mais parce que ce n’est pas la faute de personne, c’est un peu la faute de tout le monde. Je souhaite qu’un jour, quelqu’un, un premier ministre visionnaire, se lève et fasse quelque chose. Qu’il agisse réellement pour le bien-être de nos jeunes, mais pas seulement eux. Pour le bien de toute la population québécoise qui mérite beaucoup mieux qu’un diplôme à rabais…

Signé, une enseignante fatiguée.

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