#2pdle: pourquoi on est tellement moins bonnes touristes que les Asiatiques ?!?

Journal d’Élo…

 

Ça a commencé comme ça, un soir, à Séville, alors qu’on avait décidé d’aller assister à un spectacle de Flamenco (qui ma foi, ressemblait étrangement à des chants de guergettons amérindiens que j’avais entendus à la radio, un soir en revenant de la job) et que j’aperçus Sam pleurer dans le noir à côté de moi.  Elle était émue, avec raison! C’était puissant comme chant, mais j’étais définitivement trop déconcertée pour vivre le moment parce que je venais de me rendre compte que les deux chinoises à côté de nous avaient réussi à s’endormir. Oui, pendant que la danseuse claquait des talons avec démence, que le guitariste jouait la joue écrasée sur sa guitare, comme si y pouvait mieux sentir la vibe, et que le chanteur se tenait une main sur la poitrine comme pour être sûr qu’un d’ses poumons n’explose pas, oui pendant TOUTE ÇA, bin elles se tapaient un power nap, elles.  Je soupçonne depuis ce jour que tous les asiatiques apprennent le mot photo dans toutes les langues. Clairement, j’étais fascinée. J’étais fascinée de voir la rapidité avec laquelle elles avaient saisi leur Kodak quand nous avions eu le OK pour prendre des photos des 5 dernières minutes du show.

 

À partir de ce moment, j’ai fait des asiatiques une analyse obsessive (je dois l’admettre), mais ô combien divertissante. D’ailleurs, Sam et moi avons commencé une collection d’instan-photos qui recense tous les  selfiestick asiatiques du moment, et avons aussi photobombed à peu près une cinquantaine de portraits, asiatiques toujours, depuis une semaine. C’est peut-être, au fond de moi, une petite revanche personnelle que je me permets parce qu’elles font mal à mon ego de fashion addicted! C’est quand je les vois arriver avec leur maudite valise dans laquelle elles ont classé proprement leur 150 outfits, pis qu’elles arrivent (EN PLUS) à l’hôtel avec leur 20 sacs de shopping. Pis comme si c’était pas assez, pendant que je suis en train de sentir mon linge pour voir celui qui pue le moins, ou celui qui a pas de tache suspecte jusqu’à maintenant, je les vois sortir leur pouch pouch pour parfumer leur petits vêtements soyeux qu’elles accrochent sur un support. 

asianbig

 

Un matin, elles étaient assises en face de moi dans le salon, et je les enviais secrètement parce que j’étais hangover et qu’elles semblaient tellement fraîches et disposes (comme toujours). Et pendant que je les analysais, le divan, sur lequel Sam et moi agonisions, a littéralement cédé sous notre poids. Elles riaient pas tant ; nous autres, on pleurait. J’avais le goût de leur dire : «Riez, c’est drôle! Voulez-vous que je vous donne des larmes de joie? Ce jour-là, on était devenues une légende, sans le vouloir. On était devenues  «les 2 Québécoises qui ont pété le divan». Ça c’est pour pas dire « le vieux couple qui a pété le divan » parce qu’il faut que j’arrête de vivre dans le déni : avec Sam, je partage depuis 1 mois déjà plus de choses que j’ai pu en partager avec mon chum en 3 ans. On fait tout : on s’obstine, on s’échange nos microbes, on s’plaint de nos problèmes gastriques, on lâche des petits rottes sans réaction, on fait même chambre à part, comme les vieux!

elo+samia

 

D’ailleurs, Samia m’a chicanée quand j’ai acheté ma brosse à dents à 4 euros. Je trouvais pas l’prix, pis j’ai comme jamais songé que ça pourrait me coûter plus cher qu’une bouteille de vin !  Ça m’a pris à peu près 2 jours m’en remettre, en plus qu’elle avait rien de fameux, cette brosse dent-là.  À ce prix-là, j’aurais souhaité qu’elle chante une musique de Walt Disney, comme celle de mon filleul, ou bin que du moins elle aie un brosse-langue intégrée. Bin non, nada! On s’est aussi mutuellement fait notre procès de touriste pas alerte, quand on s’est laissées charmer par le premier restaurant de tapas qu’on a vu. C’est que la faim nous enlève trop souvent notre radar à tourist trap. Ça fait que notre premier tapas espagnol commandé a été une poitrine de poulet-nain accompagnée de deux petites feuilles de icerberg aux bouttes brunâtres.  Alors qu’un soir on était amer des espagnols et d’se faire avoir, on s’est retrouvées dans un Irish Pub. Ce fut la plus belle soirée de notre vie quand entre deux gorgées de bières nous entendîmes La Révolution des Cowboys Fringuants sur la playlist! Ce soir-là, on était le couple le plus fier d’être Québécois dans’place!

 

 #2poutinesdansleseuropes