BOHO Blues

Source : hitherandthither.net

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C’était en 2010. J’avais 22 ans et j’étudiais au baccalauréat en études littéraires et, comme chaque hiver depuis aussi longtemps que je me souvienne, j’avais les bleus. Janvier avait amené avec lui autant de froideur que de tristesse. Mon couple venait de mourir et mon cœur lui, était totalement vide. Au fond de moi résonnait l’alarme de cette fameuse crise de la vingtaine. Je la sentais venir, lentement, sournoisement, et m’envahir chaque jour un peu plus.

Quand février est enfin arrivé, j’étais à deux doigts de succomber à la déprime. C’est alors que je me suis souvenue du conseil qu’un de mes profs de cégep m’avait donné. Lui aussi, comme tant d’autres avant moi, était passé par là. Il m’avait dit que lorsque l’on perd notre motivation et notre joie de vivre, lorsque l’hiver est trop sombre et que la vie n’a plus de sens, c’est le temps de planifier un voyage. Il avait marqué un point.

Pourquoi ne pas partir, tout simplement? Pourquoi ne pas m’absenter? Après tout, nous ne sommes pas tous faits pour affronter la tempête, se bâtir un abri solide et rester sur place en attendant que ça passe. Certains s’en vont ailleurs, s’évadent et ne reviennent que lorsque le pire est finalement terminé.

C’est exactement ce que j’ai fait, même si je n’avais jamais voyagé auparavant. Ici, je ne compte pas mes deux tous inclus à Cuba, ni mon weekend à New York en secondaire cinq, ni les quelques road trip au New Jersey avec mes parents. Je parle de pack sac, d’auberge de jeunesse, de billet d’avion one way. L’aventure, la vraie.

Source : beautyeditor.ca

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C’est à cette période que l’université a commencé à afficher, un peu partout sur le campus, des posters pour des cours d’été en Grèce. Quoi de mieux que de voyager avec des gens de mon âge dans un cadre de rêve, tout en accumulant des crédits? J’étais convaincue. Après de multiples démarches, entrevues et levées de fonds, je suis finalement partie.

Mon voyage devait durer 3 semaines. Il a finalement duré 3 mois. Je n’avais ni argent, ni itinéraire, ni compagnon de route. Mais je m’avais moi. Et à ce moment de ma vie, c’était ce qui comptait le plus.

Source : Pinterest.com

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Inspirée depuis toujours du moto «quand on veut, on peut», j’ai décidé de poursuivre mon voyage et de me diriger vers les îles grecques après mon cours d’été. Ma décision était enfin prise. J’allais changer ma vie.

J’ai fini par vivre en Grèce pendant 2 mois en travaillant, pour des peanuts, dans les bars. Ça m’a tout de même permis de me payer une chambre dans une pension grecque à 11 euros la nuit et à économiser assez pour me payer un vol Athènes –Barcelone avec mes nouveaux amis. J’ai ensuite parcouru l’Espagne et la France pack sac au dos, et bonheur en main. A mon retour à Montréal à la fin de l’été, ma vision de la vie avait complément changé.

Et lorsque janvier est revenu, j’étais décidée: plus jamais je n’allais vivre les bleus québécois.

Source : sacramentostreet.com

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Je suis partie pour faire un an de visa vacance travail en Australie. Et encore une fois, je n’ai pas su revenir à la date prévue. Un an s’est écoulé et mon amour pour ce magnifique pays n’a cessé de grandir. J’en voulais plus. C’est donc ainsi que j’ai choisi de faire de Perth, en Australie-Occidentale, mon deuxième chez moi.

Mais les bleus sont revenus. Et il a fallu voyager encore plus loin.

En 2013, j’ai fait l’Amérique Centrale, les îles Fiji et la Californie pour me rendre compte que c’était ce style de vie qui me branchait vraiment. J’étais un peu bohème finalement.

Source : Pinterest.com

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Je vis désormais à Bali, en Indonésie.

Ici, le temps coule doucement et s’arrête même, parfois. L’île des Dieux a redonné un sens à ma quête initiale. Et lentement, je me reconnecte avec mon premier chez-moi, le Québec.

J’ai parcouru tant de kilomètres et pas seulement physiquement, intérieurement aussi. Je suis allée au bout de moi-même, tout en allant au bout du monde. Et j’ai trouvé ma place.

Source : Pinterest.com

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À tous ceux qui veulent partir, s’absenter ou s’évader, je dis : vas-y, fonce! Le monde t’appartient. En fait, il t’a toujours appartenu.

Si tu as un travail, prends congé. Si tu as un appart, sous-loue-le ou mets-le sur Airbnb. Si tu as de l’école, prends une session sabbatique. Et si tu as des dettes, fait ton budget d’avance et organise-toi pour les payer même à distance.

Plusieurs personnes te le diront: il n’est pas nécessaire d’être riche pour voyager. J’en suis la preuve. Il suffit d’être proactif et informé. Il y a énormément de possibilités côté études à l’étranger, visa de travail et bénévolat pour les jeunes adultes. Mais le vrai travail, lui, il commence avec toi.

Source : hollowedheartsandhelpinghands.tumblr.com

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Souviens-toi, tu n’as qu’une seule vie. Une chance unique de réaliser tes rêves et d’être, ou de devenir, la personne que tu es réellement. Et oui, tu penses que tu as du temps. Mais en as-tu vraiment?

S’absenter c’est un peu ça aussi, remettre les choses en perspective. Reconfirmer ses décisions et s’orienter pour les prochaines années. Voir plus clair, de loin. Pour finalement aimer plus fort et pour sentir son cœur battre, complètement.

Pour vivre, pleinement.

Source : Etsy.com

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