La passion d’un voyage

J’ai fait un voyage et j’aurais tout ramené avec moi : le vent, l’eau, les roches, la lavande, la bière, les essences et même les briques, celles des plus beaux murs.

Je suis revenue, mais une partie de moi est restée là-bas. Non, contraire. Une partie de là-bas est revenue avec moi. Oh, j’sais pas. Un peu des deux, j’imagine. Au fond, j’aime imaginer que c’est ça, mais je ne sais pas. Je ne saurai jamais.

Je n’ai ramené que très peu de souvenirs tangibles, mais mon père m’a bien appris que ce n’est pas le matériel qui compte ; c’est ce que tu vis et je dois dire que j’en ai vécu. J’en ai beaucoup vécu dans ma tête aussi.

Je m’ennuie de presque chaque instant, définitivement de chaque pays. Je m’ennuie des sentiments qui les ont accompagnés. La découverte. Le soleil. La musique de la vie qui m’accompagne. Les vagues. Les sourires.

La vie à la fois sur pause et en fast forward.

Un moment donné, quelque part, j’ai été à un concert.

J’ai eu une émotion ; une de celles qui viennent nous chercher loin.

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre et j’ai certainement été prise au dépourvu. Seulement des violons. Des beaux violons. Mais mes émotions étaient ailleurs que dans la vibration hypnotisante des instruments.

La passion. Les artistes. Ils nous transportent où ils veulent, comme ils veulent. C’est fascinant comme notre tête peut être si loin de notre corps. Je les observais, à quelques mètres pourtant, avec l’impression d’être à des kilomètres d’où ils se trouvaient. Incertaine.

Moi, ma passion? Est-ce que, en écrivant ces mots, j’ai l’air d’Harry quand il est absorbé par le journal de Tom M. Riddle ? Est-ce que j’ai l’air de quitter la planète vers un autre univers ? Est-ce que c’est ça, la passion ? Je ne sais pas.

J’ai toujours bien l’impression d’avoir au moins un petit orteil pris sur terre.

Je ne décolle jamais vraiment.

Un déclic perdu ? Une illumination lointaine.

Le vide ? L’indigence : manque d’une chose spéciale.

Au fond, je me laisse défléchir. Je reste fixée sur le matériel de la passion. Pas besoin de violon pour avoir l’impression de perdre mes sens. Je m’entête à trouver une logique, une précision.

Aucun souci, découvrir, vivre.

L’inconnu.

Union de corps, cœur et âme.

Allégeance.

Devant l’inconnu, j’ouvre mes bras et je fonce, comme Harry devant la Pensine pleine des souvenirs de Dumbledore.

Je tombe en amour avec des moments, des endroits, des paysages et des architectures, et c’est un bien meilleur amour que les autres. C’est inépuisable.

La passion à l’infini.

Par Alexandrine Lacelle
Collaboratrice spontanée

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