L’aéroport (partie 1)

J’arrive presqu’à l’heure que je me couche les soirs où je fête trop tard; pourtant j’ai plus d’énergie qu’un lion sur l’adrénaline lorsqu’il chasse le souper pour ses p’tits. J’ai ma proie; j’ai un but; l’aventure. Dora est mieux d’attacher ses culottes serrées; je m’en vais explorer. La douce vie me permet de laisser temporairement derrière ma vie d’adulte, mes responsabilités, mes soucis, et de profiter, simplement, de tout et de rien. Le plus simple et le plus complexe.

J’arrive presqu’à l’heure que je me couche les soirs où je fête trop tard; pourtant j’ai le coeur gros et la tête pleine de chansons tristes. L’aventure me fait laisser beaucoup derrière. Un choix sans remises en questions. C’est toujours difficile d’expliquer mes émotions, pourquoi je pars, mes amis, ma famille, je les laisse avec un dernier sourire triste. Je pars. Une seule porte sépare tristesse et bonheur; une seule porte mélange les deux. Je préfère laisser de côté tout ce que je bâtis, de peine et de misère, pour avoir quelque chose de nouveau à acquérir. L’équation est simple; voyage > maison. C’est plus fort que tout. Je réparerai les dommages à mon retour; je finis toujours par revenir. Je retrouverai ceux qui veulent bien pardonner mon absence et je pardonnerai ceux qui ne peuvent plus vivre les montagnes russes de ma présence saccadée.

J’arrive presqu’à l’heure que je me couche les soirs où je fête trop tard et c’est tout un lendemain de veille; retour à la maison; retour à la routine. Je sais que je ne resterai pas. Reste à voir où aller, pourquoi, quand? Bientôt. Avec quelqu’un? Qui? Un jour peut-être. Je suis bien avec mon backpack et Kenny, mon fidèle compagnon.

J’arrive à l’aéroport; mon amour de cet endroit me fait tout oublier, même la brosse que j’ai viré hier, la dernière fois que je t’ai vu. Un jour peut-être je t’expliquerai; un jour peut-être tu comprendras. As-tu vraiment besoin d’explications ou es-tu simplement incapable de me pardonner? En attendant, laisse-moi partir et pardonne-moi un jour. En attendant, vis des bonheurs comme je vis, saches que j’ai plus de jours heureux que malheureux.

Kenny, Grèce 2014 

Par Alexandrine Lacelle
Collaboratrice spontanée

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