Lettre à la distance
À toi, là-bas,
J’aimerais savoir que j’ai l’option de t’appeler, tous les jours. Pouvoir te raconter les choses les plus banales, les plus importantes. Entendre ta voix. J’aimerais prendre ma voiture et être chez toi en cinq minutes. Même si cela devait me prendre trois heures, ça m’irait. Ton sourire.
L’océan qui nous sépare complique un tant soit peu les choses.
Les vagues qui brisent entre nous craquent un petit peu mon cœur, une à une, à chaque fois.
J’aimerais que tu puisses ressentir que je ne me sens pas bien des fois ; tout est plus simple quand on voit une personne. Tu comprendrais en me voyant que mon corps ne va pas. Je n’ose même plus te dire quand je suis triste tant je ne veux pas rendre désagréables nos conversations, si peu nombreuses soient-elles.
Ton cadeau de Noël arrivera deux mois en retard, faute de livraison qui a pris 1000 ans à arriver chez moi et de mon budget trop petit pour payer la livraison vitesse-lumière. Puis-je me shipper moi, à la place, chez toi ? Une petite boite UPS et pour 40$? Chaque voyage est un choix à faire entre te visiter ou découvrir de nouvelles parties du monde. Quand se rejoint-on quelque part ? Quand la vie nous permettra de coordonner ne serait-ce que deux semaines de nos vies ? Quand tu voyages, j’ai des obligations ; quand je suis libre, tu as des obligations.
Il fallait bien qu’à l’autre bout du monde se retrouve une des personnes les plus chères pour moi. Ça ne pouvait pas être simple ; maudite distance. Tu as ton pays, ton histoire, ta culture. J’ai ma province, ma langue, mes idées. Nos différences. Pourtant, tout semble être bien en place quand on est ensemble.
J’ai ni envie de tout lâcher mes projets, ni envie d’espérer que tu abandonnes les tiens ; une petite partie de moi cherche toujours à trouver le juste milieu où nous nous retrouverions, heureuses, sans limite de temps. Pas d’avion à prendre deux semaines après mon arrivée, imagine. La vie au complet sur pause; pas de travail, pas d’école que du temps.
J’aimerais t’appeler, mais à cette heure-ci tu dors, chez toi. Alors je t’écris cette lettre, je regarde nos vieilles photos Facebook et je souris. Je souris parce qu’au fond, au moins, nous sommes heureuses chacune sur nos continents.
Par Alexandrine Lacelle
Collaboratrice spontanée
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