Katherine Levac et David Beaucage: bien plus qu’un beau programme!

Pour une raison encore obscure (peut-être due aux multitudes de choses remplissant mon agenda), j’ai noté la date du spectacle de Katherine Levac et David Beaucage Un Beau Programme une semaine en retard. Je m’en suis rendu compte le lendemain de la première médiatique lorsqu’un ami m’a demandé comment j’avais aimé le show… Croyez-moi quand je vous dis que je voulais fondre de honte par ma maladresse!

Qu’à cela ne tienne, toujours prêt à réparer mes gaffes (celle-là était monumentale il va sans dire) et adorant d’avance la jeune recrue rousse du milieu humoristique, je me suis littéralement garroché sur le site web afin de me procurer des billets et pouvoir écrire cette critique.

Quelle ne fut pas ma surprise de voir qu’il restait seulement des billets pour la toute dernière représentation de ce duo! Je dois admettre qu’après avoir ri, presque non-stop, à gorge déployée, pendant une heure, je comprends parfaitement le succès de ce spectacle du Zoofest. Je souhaiterais qu’il reste encore d’autres représentations pour ceux qui n’ont pas eu la chance de les voir, ensemble, sur scène.

Tout d’abord, l’amalgame du style humoristique de ces deux comiques de la relève est tout simplement parfait. D’entrée de jeu, ils montent en scène et nous partagent leur bonheur d’être là pour faire ce qu’il leur plaît. Beaucage grattant la guitare et racontant sa vision du bonheur et Levac vêtue d’un costume de chat qu’elle souhaiterait pouvoir porter nuit et jour afin de combler sa joie de vivre. Leurs observations sont teintées du même genre d’absurdité et l’on sent immédiatement la complicité qui les unit.

Vient ensuite le premier stand-up de Beaucage. Il avoue humblement qu’il sait parfaitement que la majorité des spectateurs ne sont pas venus à cause de lui, mais plutôt suite au succès que connaît déjà Levac auprès du public.

Rassure-toi, mon David, à la sortie du spectacle, ton nom est gravé dans la mémoire des spectateurs souhaitant te voir percer dans l’univers des grands rires. Beaucage manie avec brio l’humour absurde et les limites du malaise.

D’ailleurs, la joke sur le père qui ne veut pas d’enfant, et qui attend sa femme un support à la main pour l’avorter, a figé la salle. Un gag qu’il avoue lui-même avoir testé à chacune des représentations, mais qui n’a jamais provoqué la réaction espérée. Son imitation de Jim Carey, ainsi que ses pseudo tentatives de personnages sont magnifiquement réussis.

Il repousse le awkwardness avec le gag sur la mère d’un ami et qui, de retour du travail et exténuée, tue le chien familial en guise de représailles pour son fils et son mari exhibitionniste aux penchants pédophiles. Ou encore avec le gag sur l’usage du corps d’une grand-mère morte comme ice-pack sur une cheville foulée. Lorsque les jokes de ce genre sont maniées dans un certain respect et avec une vivacité d’esprit comme le fait Beaucage, n’importe quel sujet peut faire rire sans déclencher les foudres du public.

Petit bémol par contre avec le numéro sur l’amie de sa mère, Hélène, qui lui fait des appels téléphoniques mi-érotiques mi-psychopathes de film d’horreur. Un numéro d’humour absurde qui mériterait d’être réécrit et peaufiné. Ce n’est pas la prestation d’acteur de l’humoriste qui est en jeu, c’est le texte en soit qui n’est pas à la hauteur du reste du spectacle.

Quoi qu’il en soit, Beaucage se débrouille élégamment en improvisation, en jeu et en stand-up comique, en plus d’avoir une voix appréciable sans être celle d’un grand chanteur. Peu importe son talent vocal, ce sont ses paroles qu’il souhaite mettre en valeur et il y parvient sans peine, car les gags fusent tout au long de ses chansonnettes humoristiques.

Lorsque, à ma grande surprise, Levac s’est jointe à lui pour nous faire son ode sur les femmes de 64 ans, je braillais de rire et j’étais plié en deux sur ma chaise. Fidèle à son habitude, Levac nous partage sa vision de la vie, réussissant à nous déstabiliser et à nous plonger dans des fous rires teintés de remords. Surtout quand elle nous avoue qu’elle ne fréquente pas les églises, qu’elle voudrait tuer toutes les femmes de 64 ans et qu’elle aurait voulu connaître France Castel à l’époque où elle prenait de la coke. Ou encore lorsqu’elle interprète l’amie fatigante se vantant de tout faire pour le shower de bébé de sa meilleure amie pour être la marraine.

Non seulement on a du plaisir à l’entendre nous raconter le tout, mais on partage son angle de vision criant de vérité, malgré l’absurdité humoristique de sa présentation. Nous pouvons immédiatement attacher une personne de notre connaissance à ces numéros et ce qui fait sa marque de commerce. Même si l’humour est un milieu difficile pour les femmes, Levac a bel et bien sa place. Je lui prédis un succès à la hauteur de Dominique Michel ou de Lise Dion.

Pour deux humoristes sortis de l’école nationale de l’humour en 2013, ils nous ont offert, dans un décor kitch et sobre à la fois, un spectacle à la hauteur des humoristes reconnus, voire même meilleur que les shows de certaines vedettes dont je tairai ici le nom. Deux humoristes à surveiller et à revoir l’an prochain (on l’espère) au Zoofest 2016.

Par Nicolas Bourgeois
Collaborateur spontané

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