L’automne ou le défenseur qui patine en zone offensive

 
Selon ce qu’on en dit, les premiers frettes d’automne traînent généralement moins leur grande chum la chlorophylle pis évitent de plus de plus de lâcher un coup de fil au soleil parce qu’anyways, y’a eu en masse d’attention depuis les derniers mois cet estifi là. Ça fait que ce qui en résulte (si je fais une wannabe-wikipédia de moi-même) c’est que les feuilles pognent un haut-le-cœur de la chaleur qui reste de l’été, pis l’nez leur bouche bin raide. En pouvant moins respirer, tu comprendras bien que la face te vire au jaune-rouge-mauve sur tout un temps.

L’automne. Belle saison qui s’auto-diagnostique bipolaire et qui se garoche dans une mission transitoire avec autant de volonté et de certitude que Jeanne D’Arc (ou Katniss a.k.a Jennifer Lawrence qui te drop une flèche avec plus de visou qu’un gars d’expérience qui pisse dans un urinoir de level débutant). Objectif ultime : passer discrètement de l’été à l’hiver en faisant ça assez subtile pour que les pauvres gens aient pas à regarder Météomédia chaque matin (faut prévoir les grosses bottes Sorel qui fittent pas avec la coquette tenue en dentelles). Normalement l’été s’adoucit en faisant souvent le compromis de laisser encore une couple de ciels bleus à en faire rougir les cheveux de Mike Ward en 1998, enchevêtrés à un soleil qui brille juste assez fort pour t’empêcher de regretter d’avoir oublié de mettre du déodorant ce matin.

Cependant, n’importe qui possédant une vingtaine d’automnes en dessous d’la cravate commence à connaître le pattern de la saison; un peu comme les Canadiens, ça commence généralement avec une euphorie du début, comme un vieux couple d’ex qui ressent l’amour revivre d’un tison mal éteint, ça suinte l’été indien. Et comme c’est pas fini tant que c’est pas fini, l’automne pogne le volant et vire sur des chapeaux de roues. On avait laissé notre confiance au goaler qui guettait la fin de l’été, mais au final, faut jamais vraiment trop laisser faire un défenseur qui commence à prendre goût à l’avant.

Pis y’a les feuilles qui craquent pis qui tombent. Tu te résignes à la décongélation (trop) fréquente de tes mets congelés au micro-ondes; l’envie de t’envoyer les légumes en l’air dans un sauté te reste à terre. La pluie t’énarve. C’est fatiguant des p’tits bouttes de gouttes qui font juste soutenir l’humidité pour garder les nuages placés dans ton champ de vision. T’as l’impression de vouloir rien d’autre que dire non. Avec l’automne qui te résonne dans la bédaine, tu regrettes tes heures passées sur Netflix au lieu de clancher ta mi-session avec autant d’ardeur que les heures d’ensoleillement mettent à se réduire. Tu voudrais avoir autant d’entrain que le pétillement de ta bière de fin de journée fraîchement sortie du fût, mais ton automne te twist l’intérieur de la cocologie. Tu voudrais te visser des ampoules dans les yeux tellement tu cherches à t’éclairer l’chemin.

Oublie juste pas qu’un défenseur ça peut quand même se sacrifier la zone critique de temps en temps pis passer à l’attaque. Y’a des débuts de saison plus difficiles que ça; dis-toi que le printemps amène peut-être ses fameux bourgeons bin cutes, mais d’la neige qui dégèle c’est parfois davantage bouetteux que quelques grains de pluie qui fait briller les feuilles collées sur le trottoir.

Tu peux dropper ta puck dans le filet du manque de lumière pis faire scorer tes propres bourgeons. Même en automne. Le hiking est à mode, trace-toé un chemin. L’hiver s’en vient, on va se coller mon lapin.

Par Angie Landry
Collaboratrice spontanée

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