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Les feux d’artifice de la révolution Égyptienne

Par Dominic Roy – le dans Chroniques

Il devait être à peu près midi sur le toit de l’auberge. Le soleil me frappait le visage à coup de bâton de baseball, mais les coups faisaient du bien. L’effet du désert. Le fait d’aller rencontrer Khéops, Khéphren et Mykérinos m’aidait aussi à absorber ces coups de masse sur le front qui rendaient mon visage rouge comme un Gaspésien.

J’avais peur un peu. Une petite boule bizarre, parce que fondée uniquement par mon occidentalisme et les médias sensationnalistes. J’avais peur de l’inconnu.

Nous étions au début de juillet sur le toit d’une auberge de jeunesse au Caire à quelques kilomètres seulement des pyramides et de la place Tahrir. Nous étions partis de la Grèce pour aller voir les pyramides de Gizeh, nous avions troqué le confort de l’île de Santorin pour les scorpions, les araignées et le désert du Sahara.

Cool!

En mettant le pied à l’aéroport, les murmures qu’on entendait déjà un peu partout où l’on passait, commençaient à devenir des discussions plus fortes. Il y allait avoir des manifestations contre le président élu dans les prochains jours.

Premier constat, grouillons-nous pour aller voir les trois grandes pyramides du Sahara le plus vite possible puis revenons à l’auberge pour jouer aux échecs et observer les manifestations du haut de notre tour.

Les pyramides, c’est impressionnant et situé pratiquement au même endroit que le Sphinx…au même endroit aussi qu’un Pizza Hut, un McDonald (ils livrent à domicile monsieur!) et un Foot Locker. Au cas où tu arriverais nu-pieds dans le désert, j’imagine. Un classique.

Quelques jours plus tard, ils manifestaient. Et nous, nous buvions du Dry Kin en observant (de loin) ce qui se tramait dans les rues du haut de notre 7e étage.

Ah le Dry Kin! C’est le nom que les Égyptiens avaient donné à cet alcool (très) fort qui se rapproche de la baboche québécoise (boisson délicieuse avec un petit «oumf», fabriquée à partir de fruits pourris qu’on retrouve surtout dans les grands hôtels comme La Macaza, Bordeaux et St-Vincent-de-Paul).

Il n’y avait pas que du Dry Kin.

Oh que non!

De la Volga, du Chum et le meilleur, le Winky.

Je vous entends déjà me dire: «Dom, t’es ben niaiseux, c’est du Gin, de la Vodka, du Rhum et du Whisky, c’est juste l’appellation égyptienne».

Primo, on ne se connait pas tant que ça. Je trouve que me traiter de niaiseux c’est un peu trop familier. On se garde une gêne jusqu’à la prochaine fois peut-être?

Deuxièmo, j’y ai pensé, chers  lecteurs, je ne suis pas plus fou qu’un autre, mais ils goûtaient tous la même maudite chose, c’est-à-dire les égouts, mais avec un petit oumf qui te fait oublier qu’en bas c’est la révolution, que tu as peur et que ça tire du fusil.

Troisièmeaffairo, il était possible d’acheter de la Sahara aussi, une bière qui n’était pas sans rappeler le goût subtil et rafraîchissant de la Colt 45.

Nos premières journées se sont résumées à boire de l’alcool, fumer des clopes, jouer aux échecs et regarder l’histoire se dérouler sept étages plus bas.

Puis, une merveilleuse chose s’est passée grâce au Dry Kin: le petit oumf!

Nous avons descendu les 7 étages qui nous séparaient de la rue et sommes allés marcher près du Square.

Les gens s’amusaient. C’était la fête!
Ces coups de fusil qu’on croyait entendre étaient en fait des feux d’artifice achetés au marché du coin et projetés dans la stratosphère par des enfants et des parents qui riaient.

Parce que c’est beau.

Parce que ça rappelle quand on achetait des bonbons à un sou (pour un sou).

Les gens nous demandaient d’où on venait.

«Canada».

«Canada!!! Oh I love Canada, I want to go there one day. Welcome to Egypt!».

On s’est fait prendre en photo comme des vedettes.

La solidarité que ces gens, comme moi au fond, affichaient, était d’une beauté sans nom. Ça me rappelait le bonheur que j’avais pu ressentir de voir sortir les gens dans la rue au Québec.

Même bonheur incompréhensible, même fierté.

Puis, un monsieur m’a dit quelque chose d’important après m’avoir pris en photo avec sa famille.

«Please put that picture on Facebook and tell your friend it’s ok to come here. And don’t be afraid, we’re like you».

Nous sommes les mêmes. C’est d’une évidence.

Je l’ai écouté ce monsieur.

Je l’ai fait.

Et je n’ai plus jamais eu besoin de Dry Kin pour descendre dans la rue.

NDMM (note de moi-même): Je ne dis pas que tout est beau, que tout est parfait, mais pour le petit moment où j’avais les pieds dans l’histoire de ce pays, c’était merveilleux.

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