Mon système immunitaire veut divorcer

Par Marie-Audrey Perron – le 12 février, 2016 dans Bien-être, Santé

Je fais partie de ces personnes au système immunitaire déficient. J’arrive facilement à attraper 4 ou 5 rhumes par année, je passe la moitié de l’été à tousser et mon estomac est plus fragile que celui d’un nouveau-né. Malgré tout, mon corps a bien fait les choses sur UN point : les fruits de mer. Ça, pas question que ça passe dans mon tube digestif! C’est vraiment très dangereux, une crevette.

Grâce à mon système immunitaire compétent (not), je suis donc fiancée à mes allergies, qui, au lieu de m’offrir une bague sertie de diamants m’ont obligée à porter un bracelet assez moche où un serpent se balade sur une croix rouge. En plus d’être laid, le bracelet reste pris dans tout ce qui est un peu laineux et brise mes chandails (et ma dignité). Pire : tout le monde se demande toujours c’est quoi, mon problème! Ben non, je ne suis pas épileptique, je ne suis pas non plus mourante, mais si par malheur un allergène volant entrait dans ma bouche, il faudrait que quelqu’un sache que la fille qui gigote par terre (moi) a probablement besoin d’une petite dose d’EpiPen.

Je sais aussi que les allergies, ce n’est pas une chose évidente pour tout le monde. La preuve : les innombrables questions qu’on me pose chaque fois qu’on apprend mes allergies. Poisson, fruits de mer, okidoo. Hein, t’es allergique au kiwi? Ah moi aussi j’éternue quand il y a du pollen. Le lait, ça te donne mal au ventre? Et ainsi de suite. Pour votre bénéfice, voici les questions qui me sont le plus souvent posées. Qui sait, peut-être sauverez-vous la vie de quelqu’un!

Tu dois avoir envie de manger du poisson tout le temps!

Écoute, bizarrement, je n’ai pas tant envie de mettre quelque chose qui pourrait me tuer dans mon corps. Ça n’a même pas l’air appétissant; l’odeur me repousse, me donne mal à la tête et, effet placebo ou pas, j’ai plus envie de vomir que de venir croquer ton sandwich au saumon fumé! C’est plus difficile pour les personnes qui deviennent allergiques un peu plus tard dans leur vie, évidemment. Imagine que tu as mangé du Nutella pendant 6 ans et que tu développes soudainement une intolérance fatale aux noix : tu pleurerais certainement.

Si j’en mange à côté de toi, est-ce que c’est grave?

Ça dépend: est-ce que tu as l’intention de mettre ta langue dans ma bouche ou pas?

Plus sérieusement, ça peut dépendre du degré de l’allergie (ben oui toi, on peut être très allergique ou juste intolérant!) et de la nature de l’allergie. Certaines allergies vont être « volatiles », mais pas toutes. Les fruits de mer en sont un bon exemple : quand tu les fais cuire, il se libère une protéine dans l’air et donc il est possible que quelqu’un de très allergique fasse une réaction anaphylactique. Ce n’est pas le cas de tous, et la plupart des allergènes ne sont pas volatiles.

Par exemple, tu n’es pas allergique au poil du chat, mais bien à sa salive, ce n’est donc pas un problème qu’il y ait du poil en suspension dans l’air, mais comme ton ami à quatre pattes s’est probablement léché, tu auras un problème. Toutefois, une arachide ne va pas se mettre à voler!

Attention aussi aux contacts : si tu manges des sushis et que tu me prêtes ensuite ta fourchette pour que je puisse goûter ton gâteau au chocolat, on va peut-être avoir un problème.

Finalement, il y a les allergies croisées, mais c’est plus rare. Attention quand même aux ingrédients : j’ai un jour découvert qu’il y avait de l’huile de poisson… dans des bonbons.

Est-ce que je vais le voir si tu fais une crise d’allergie?

La peur principale de mes amis : me tuer. Je vous rassure les copains, vous ne pourrez pas le manquer. Si ce sont des réactions MINEURES, je vais m’en apercevoir moi-même et me traiter en conséquence. Si toutefois je ne suis pas en mesure de le faire, dis-toi qu’une fille qui ne respire plus alors qu’elle est en train de manger et qu’elle a des allergies, il y a bien des chances qu’elle ait ingéré quelque chose qu’elle n’aurait pas dû!

Tu peux guérir?

Bizarrement, certaines allergies vont se rétracter toutes seules, mais c’est assez rare. Vaut mieux consulter son allergologue. Sinon, il existe toujours la désensibilisation, mais ça peut être long et quand on parle d’une allergie sévère, encore plus!

Il existe toutefois des solutions : des antihistaminiques pour les allergies faibles sont tout à fait adéquats. Miracle : ça ne crée pas d’accoutumances! Si tu perçois une baisse de l’efficacité, c’est probablement que l’allergie augmente et non pas que ton corps s’est habitué. Attention par contre : ne prends jamais un antihistaminique pour une allergie potentiellement mortelle, car tu risques de camoufler des symptômes pré-crise anaphylactique.

Finalement, il y a le fameux injecteur : un EpiPen, un Twinject ou un Allerject.

Je ne serais jamais capable de m’injecter de l’EpiPen!

Moi non plus : j’ai tellement peur des aiguilles que je vais me laisser mourir!

Franchement, si c’est une question de vie ou de mort, tu vas te mettre l’aiguille dans la cuisse, ça ne sera pas trop long. En plus, tu ne la vois même pas, elle ne va sortir qu’au moment où tu l’appuieras contre la peau. Par contre, je fais toujours bien attention d’expliquer à mes amis comment me l’injecter.

« Blue to the sky, orange to the tight. »

Tu enlèves le bouchon bleu, tu appuies ensuite sur la cuisse et tu maintiens la presse pendant au moins 15 secondes! Certains injecteurs vont te parler pour te dire quoi faire; tu peux aussi appeler au 911 pour te faire guider. Dans tous les cas, même si tu as injecté une dose, tu dois appeler les secours, car ça retarde la réaction, ça ne l’arrête pas! Ça dure une vingtaine de minutes, peut-être moins.

C’est ben bizarre, être allergique au kiwi!

Je sais. Mais il y a des allergies un peu plus bizarre que ça : les pommes, le blé, le céleri, la moutarde. En fait, chez l’adulte, le kiwi fait partie des allergies les plus courantes. Les fruits et légumes, les noix, les oeufs, les crustacés et les arachides sont toutes des allergies très répandues chez l’adulte.