Réseaux sociaux: quand mère Teresa botte les fesses de Narcisse
David & Diamond par Mikael Theimer (Mkl)
Trouver son sujet est l’une des toutes premières choses que l’on vous apprendra en école de journalisme. J’ai encore en tête ce professeur nous rappelant « que les meilleures sources d’inspiration sont aussi les plus proches ». Je vous l’avoue donc, je ne suis pas allé chercher ce sujet bien loin, puisque c’est mon ami d’enfance, Mikael, qui me l’a apporté sur un plateau d’argent.
Un outil avant tout
Mon avant-dernier article traitait d’une des déviances des réseaux sociaux, à savoir une sorte d’hyper-narcissisme 2.0. Si je pense qu’il était important de revenir sur ce sujet, il m’a également semblé essentiel de rappeler qu’un outil n’a de bon ou de mauvais que ce que l’Homme lui fait faire. Ainsi, un exemple positif de ce qui pouvait être accompli à l’aide des réseaux sociaux ne me paraissait pas de trop.
Il y a quelques mois, Mikael, Samuel, et Thibault lançaient le projet Portraits de Montréal que certains connaissent peut-être. Inspirés par Humans of New York, les trois jeunes hommes tapissent les trottoirs de Montréal, appareils photos et caméra en main. Dans la rue, il y a ceux qui vont et viennent. Étudiants, commerçants, hommes d’affaires ou artistes. Il y a aussi ceux qui viennent de loin et qui ne vont nulle part. En rencontrant David et Diamond, un itinérant et sa chienne, l’équipe comprend rapidement qu’ils ne vont pas pouvoir en rester là. Se contenter de partager quelques bribes d’une histoire aussi incroyable n’était tout simplement pas une option. Ne pas lui venir en aide ne le fut pas davantage.
Laissez Mère Teresa botter les fesses de Narcisse
Après avoir partagé le portrait de David et raconté une partie de son histoire, le collectif décide de lui trouver un logement. Aidés par Marion, la compagne de Mikael, mes amis trouvent enfin une solution d’hébergement. Le 12 octobre dernier, David et Diamond emménagent enfin. Bien entendu, j’entends d’avance l’argument selon lequel la générosité n’a pas attendu l’avènement des réseaux sociaux pour exister. Je me permets cependant de le contester à moitié. L’idée de transmission est inhérente à ces nouveaux modes de communication. C’est de cette volonté de transmettre que naissent souvent des découvertes inattendues, et des projets imprévus. Mikael et Marion ont depuis lancé Humans of the street, afin de rapporter ces histoires d’itinérants qui, autrement, seraient mortes de silence.
Afin de se relancer dans la vie, David doit cependant trouver de l’argent. Là encore, les réseaux sociaux ont leur utilité. Grâce au site de financement participatif Indiegogo, près de 1500 dollars ont été levés (sur un objectif de 5000) afin de remettre l’homme sur pieds, et la chienne sur pattes. Il est trop tôt pour dire si la fin de l’histoire sera heureuse, mais une fin dramatique a au moins été évitée. Si vous avez un peu de temps à perdre, prenez quelques minutes pour aller lire l’histoire d’un ancien accro à la cocaïne qui a choisi de vendre son appartement pour sauver son animal. Et pour une fois, laissez Mère Teresa botter les fesses de ce satané Narcisse.
De gauche à droite : Thibault, Mikael et Samuel
Par Raphael Gbl
Collaborateur spontané
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