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Quand prendre un verre veut dire «baiser»

Par Nerds – le dans Bien-être, Sexe

Petite anecdote assez banale…

L’autre jour je suis allée prendre une bière avec un type que je connaissais peu. On s’était bien vu en personne quelques fois, mais éparpillées à travers les années; il ne s’en souvenait plus. C’était mon ami facebook depuis assez longtemps, et j’aimais bien certains textes qu’il publiait. Un type assez actif dans la sphère culturelle.

Il m’avait déjà mentionné qu’il aimait ma «présence» sur les réseaux sociaux et que j’avais une belle énergie. Considérant le nombre de bandes dessinées, de peintures et de sculptures que je partage, je me suis dit qu’il devait bien aimer mon art. J’ai donc pensé qu’une bière pourrait être intéressante, entre deux personnes aimantes de la scène culturelle.

On a bu un peu, il me semblait que tout allait bien. Ce n’était peut-être pas le début d’une grande amitié, mais je ne me faisais pas chier non plus.

Après, je ne suis pas certaine de ce qui est arrivé exactement, de ce qu’il s’est passé dans sa tête pour que les choses prennent une tournure aussi désagréable. 

De façon assez inattendue, il me demande si je suis attirée par lui. Il paraît bien, mais n’est pas trop mon genre. C’est donc ce que je lui réponds avec le plus de tact possible, quand même un peu agacée par cette question dont on aurait très bien pu se passer. Bien sûr, ma réponse ne lui plaît pas. C’est que la soirée est assez avancée maintenant et qu’il avait un peu l’impression d’avoir perdu son temps. Si les choses avaient été mises au clair plus tôt, il serait allé faire un tour chez sa sœur, qui habite dans le coin. Maintenant, il est trop tard pour ça, et pour rien en plus, puisque je ne veux pas coucher avec lui.

Je suis hébétée. J’en perds mon sens de la répartie. Les textes qu’il publie (que j’aimais bien justement) ont souvent des propos féministes. Et voilà qu’il me reproche d’avoir voulu prendre une bière avec lui alors que je n’avais jamais eu l’intention qu’on couche ensemble. Je souligne l’absurdité de la chose. Il me dit que ça n’a rien à voir, qu’on ne connecte tout simplement pas en tant que personne, enfin s’il y avait eu quelque chose d’érotique entre nous peut-être que ça aurait été différent, mais là, non. Ce n’est pas une question de féminisme ou de sexisme. Le courant ne passe juste pas entre nous.

Un genre d’explication bouetteuse où il tente de me faire croire que sa frustration n’est pas due au fait que nous n’allons pas coucher ensemble, mais plutôt au fait que je ne suis pas une personne assez intéressante, et que je l’ai retenu au bar trop longtemps (comme s’il n’avait pas la capacité de partir par lui-même).

On reste un moment à se fixer comme des loups. Ma pinte est encore pleine alors je tiens à la finir; je suis trop cassée pour gaspiller de la bière, et pas question de me faire offrir un verre par ce type. Je souligne quand même que ça lui laisse le temps de s’excuser, de revenir sur ses pas. Pas question, il ne change pas de position. Je calle ce qu’il me reste de bière et m’en vais, dégouttée.

Le lendemain, comme de fait, je reçois un message d’excuses. Je lui demande pourquoi il ne l’a pas fait la veille, alors que je lui avais pourtant laissé tant de chances de le faire. Il me dit que c’était un drôle de délire. Il mentionne sa honte et ses remords.

OK, ouais.

Ça n’efface rien, bien sûr. Je lui réponds que j’apprécie qu’il s’excuse, je pourrais me mettre en colère, mais je me sens lasse. Blasée. Combien de fois on va répéter cette histoire? Combien de fois je devrai préciser aux garçons qui m’entourent que si je veux prendre une bière avec eux, mes intentions demeurent néanmoins platoniques? Des fois j’aimerais vraiment être un homme, juste pour pouvoir prendre des bières avec des gens nouveaux sans que repose sur moi le devoir d’agir en fonction du désir sexuel de l’autre. Enfin. «Devoir». Ce n’est pas obligé, mais bon, l’autre va faire tout ce qui est en son possible pour te faire feeler cheap si tu veux pas.

L’incident, en tant que tel, n’a rien de particulier. J’ai voulu prendre une bière avec un type que je connaissais peu, mes intentions ont été mal interprétées, et voilà le résultat. Quelle fille n’a jamais vécu d’histoire semblable? 

Ce qui m’emmerde, dans tout ça, c’est l’impossibilité de réagir. J’aurais pu lui pitcher ma bière dans la face, mais je me serais très certainement fait virer du bar (en plus de gaspiller ma précieuse bière). J’aurais été la féministe frustrée de l’histoire, l’éternelle hystérique. D’un autre côté, en ne disant pas grand-chose, en restant trop hébétée pour réagir, j’ai fait comme si c’était anodin, comme si c’était acceptable. Une petite connerie, OK ouais, mais dont on peut facilement s’en laver les mains. Il suffit d’envoyer un petit e-mail le lendemain et l’histoire est réglée.

Ce genre d’histoire est terriblement banal, et ce qui est frustrant, c’est de ne jamais pouvoir être certaine que ça ne nous arrivera plus.

En tant qu’être humain, on fait tous des erreurs. L’important, c’est d’en apprendre quelque chose. Alors au nombre de fois qu’un gars m’a reprochée de ne pas vouloir être plus qu’amie avec lui, j’ai essayé d’apprendre quelque chose, d’ajuster le tir. Prévenir les gens d’avance n’a pas aidé, j’ai simplement eu l’air étrange, un peu obsessive. Attendre que le sujet soit amené sur le tapis ne donne rien de bon non plus. Ne jamais aller de l’avant quand vient le temps d’aborder un homme inconnu? Encore là, mauvaise stratégie.

Je n’ai eu l’air que d’une proie facile qui n’attend que d’être séduite. Essayer d’éviter les gars que je soupçonne de pouvoir réagir de la sorte? Mission impossible. Bien qu’il y ait un paquet de types qui savent mieux gérer leur orgueil et leur libido, on ne peut jamais savoir d’avance. C’est comme demander à un aveugle de faire un casse-tête. Sa chance et sa malchance seront complètement aléatoires.

Au final, je ne peux pas apprendre de ces erreurs-là, parce que l’erreur ne vient pas de mon côté. Est-ce que la honte et les remords suffiront à ce type pour qu’il change d’attitude envers les femmes? Peut-être, mais j’en doute. Arrivé à la jeune trentaine, ça ne devait quand même pas être la première fois qu’il avait une envie de baiser non réciproque.

Comment se fait-il qu’il n’ait toujours pas compris que sa façon de réagir est dégueulasse?

Peut-être que certains vont trouver que j’y vais fort, pour un incident aussi banal. J’imagine que si c’était la première fois que ça m’arrivait, je serais restée hébétée un certain temps et c’est tout. Ou peut-être, par manque d’habitude, que je me serais sentie coupable. Je me serais sentie responsable de ne pas avoir communiqué plus clairement ma non-envie de fourrer.

Euh, attends… c’était à moi de communiquer mon manque d’envie, malgré le fait qu’il n’avait pas encore évoqué son désir (pourtant très clair, au final) de coucher avec moi? Pourquoi est-ce que ça devrait être la responsabilité de la femme de dire ces choses-là ?

Non seulement je trouve ça lassant, à la longue, mais c’est également extrêmement réducteur pour l’homme. Si le rôle revient à la femme d’accepter ou non le rapport sexuel, sans même qu’il ait été mentionné, ça ne sous-entend pas un peu que tous les hommes veulent forcément du cul avec n’importe quelle femme? Le mec, lui, n’a pas à communiquer ses intentions, puisqu’en tant que mâle, il veut forcément. Ça me semble assez dégradant, de la part d’un homme, d’avoir une vision aussi bestiale de lui-même et de son genre.

Mais surtout, j’en ai assez de ces histoires-là. Des games où la femme ne peut pas gagner, où elle sera toujours dans le tort. Avec ce type d’hommes, elle ne peut pas bien s’y prendre; si elle ne veut pas baiser, elle est faite dès l’instant où il éprouve du désir.

Et c’est tellement, tellement répétitif. Peut-être que le dernier type qui m’a fait le coup a sincèrement regretté son erreur, qu’il ne recommencera plus. Malheureusement, en vieillissant, je me rends qu’il reste toujours des hommes pour qui l’apprentissage est encore à faire, peu importe que les types précédents aient appris leur leçon ou non. Et c’est cette impression d’éternel recommencement qui me rend aussi dégoutée d’une attitude désagréable, certes, mais tellement banale.

On n’était pas censé abandonner ce genre de sexisme ordinaire il y a une couple de décennies déjà? 

Par Valérie Jacques-Bélair
Collaboratrice spontanée

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