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Petit guide linguistique du parler Québécois pour nouvel arrivant Français

Par Julien Benca – le dans Voyage

Tu t’apprêtes à quitter la France pour venir étudier Montréal? Ta demande de Permis Vacances-Travail a été accepté et tu prends l’avion la semaine prochaine? Tu viens passer un mois chez de la famille au Québec?

Ces petits conseils linguistiques pour éviter tout malentendu sont pour toi, l’ami.e!

Ah!, la langue française, si riche, si complexe, si… différente!

D’entrée de jeux, il faut se le dire, le français parlé chez vous et le français parlé chez nous comporte quelques différences. Les langues sont fascinantes, car elles évoluent différemment selon le contexte géographique et politique. Ainsi, un Québécois n’utilisera pas complètement les mêmes expressions ni même parfois les mêmes mots qu’un Français, qu’un Belge ou encore qu’un Suisse francophone. Dans certains cas, un mot identique peut même avoir une signification complètement différente!

Fort de mon immersion linguistique complète en terre parisienne il y a quelques années, j’ai décidé de t’écrire un petit guide humoristique sur la question. Voici donc quelques trucs que tu devrais savoir sur le français québécois afin de te faciliter la vie et d’éviter certains malentendus!

Les mots qui n’ont pas la même signification

question-lumière

Être bonne

Dans la vie, je suis un grand fan de karaoké. J’ai d’ailleurs vécu un petit moment de malaise dans un de ceux-ci lorsque j’habitais à Paris. La fille qui chantait avant moi, une pure inconnue, était extrêmement douée. Une fois sa chanson terminée, je me suis approché de la scène et lui ai dit très candidement «Wow! Tu es vraiment bonne!» Si tu es français, tu imagines bien que sa réaction fut négative.

Alors voilà, être bonne chez nous signifie avoir du talent, bien faire l’activité que tu es en train de faire, bien faire ton métier. En France, disons que c’est plutôt une façon très peu respectueuse de dire à une femme qu’on la trouve attirante… Donc, mesdames, si un Québécois vous dit que vous êtes bonne alors que vous jouez de la musique ou que vous pratiquez un sport, ne le giflez pas tout de suite, il vous dit simplement que vous êtes douée!

Foufounes

Chez nous, les foufounes font référence de façon innocente aux fesses, souvent des fesses de bébé. Il ne s’agit donc pas ici du sexe féminin. Je vous invite d’ailleurs à visiter le mythique bar punk Les Foufounes Électriques, établissement de renom à Montréal pour les amateurs du genre.

Les gosses

Si un Québécois vous dit qu’il vient de se faire frapper dans les gosses, rassurez-vous, ses enfants vont bien, mais ses bijoux de famille un peu moins.

Être chaud

Si vous demandez à un québécois s’il est chaud, il vous répondra non, à moins de commencer à être un peu saoul. Être chaud équivaut à être en état d’ébriété. On peut aussi dire être réchauffé ou réchaud. Lorsqu’on est vraiment très saoul, on est chaud mort. Dès lors, il vaut mieux choisir une autre expression si vous voulez mesurer le niveau de motivation ou d’excitation d’un ami québécois.

Être bourré

Restons dans l’alcool! Au Québec, si je suis bourré, c’est que j’ai trop mangé. Je suis plein, possiblement même que j’ai mal au ventre. Rien à voir avec le fait d’avoir bu 2 bouteilles de vin.

Une camisole

Si votre amie vous dit qu’elle va se changer et mettre une camisole, pas de panique, ce n’est pas une camisole de force. La camisole, ici, c’est ce que vous appelez un débardeur pour les femmes ou une Marcelle pour les hommes. J’ai eu le sentiment que c’était un peu mal vu pour les hommes d’en porter une en France, mais ici on s’en fou, c’est confortable, fais-toi plaisir.

Une blonde

Alors, rien à voir avec la couleur des cheveux. La blonde d’une personne, c’est sa petite copine. Oui, même si elle a les cheveux noirs. Ça n’a aucun sens, on le sait.

Un cabaret

Bien que le mot puisse ici aussi être utilisé pour désigner le Moulin Rouge ou le Crazy Horse, les cabarets sont généralement utilisés par les serveurs ou se retrouve dans les cantines. Il s’agit en effet, la plupart du temps, d’un plateau où l’on sert les repas ou de l’outil de travail de votre barman préféré.

Les jurons

Chapelet
James Coleman | Unsplash

La base de tout, quoi! Les jurons du coin sont généralement la première chose qu’on apprend lorsque l’on visite un nouvel endroit. Ici, si, par hasard, tu entends un «putain!», 100% des chances que la personne qui vient de prononcer ce mot (qui t’est fort probablement familier) est un Français expatrié ou un touriste.

Les jurons québécois (que tu connais possiblement déjà) sont tous intimement reliés à la religion catholique. Cette dernière fut extrêmement présente dans la vie des gens au Québec durant longtemps, car l’Église a marché main dans la main avec le politique jusqu’à la fin des années 1950. Véritable offense envers l’Église à l’époque, ces jurons n’étaient alors utilisés qu’avec parcimonie et seulement quand la situation la justifiait.

Les jurons les plus courants:

  • Tabernacle: prononcé TA-BAR-NAK;
  • Calice: prononcé CÂ-LISS;
  • Ostie: prononcé tel quel ou parfois ES-TIE, comprend aussi son diminutif STIE;
  • Sacrement: prononcé SA-CRA-MENT;
  • Ciboire: prononcé CI-BOUÈRE;
  • Vierge (dans ce cas-ci Marie de son prénom): prononcé VI-AR-GE;
  • Christ: prononcé CRISS;
  • Saint: jamais utilisé seul, il peut s’ajouter devant certains de ses confrères pour leur donner plus d’impact: SAINT-CÂLISS, SAINT-CI-BOUÈRE, SAINT-TA-BAR-NAK, SAINT-SA-CRA-MENT.

De mots sacrés à mœurs linguistiques

L’état et la société québécoise se sont distancés de la religion catholique à partir des années 1960 (période de grands changements politiques et sociaux qu’on nomme ici la Révolution tranquille). La signification première de ces mots s’est donc peu à peu transformée. De nos jours, ils sont en grande partie vidés de leur sens religieux et représentent simplement des jurons. Ce sont des «mauvais mots» qu’on interdit aux enfants de prononcer parce que considéré comme grossier, mais qui font tout de même partie de la culture et des mœurs linguistiques des adultes.

Je sacre, tu sacres, nous sacrons

Comme avec les jurons français, ceux-ci peuvent être adaptés de maintes façons et se voir utilisés autant comme adjectif que comme verbe, comme nom ou encore comme signe de ponctuation. Je suis certain que tu as un pote qui utilise le mot putain comme une virgule ou un point; ici, c’est pareil!

Évidemment, comme la modération à bien meilleur goût, je te déconseille de sacrer (utiliser des jurons québécois) à tous les deux mots. En plus, ça prend généralement quelques semaines à un français avant d’avoir la bonne intonation. Mine de rien, sacrer est un art qui se développe!

Quelques mots et expressions utiles

Coupes de vin
Kelsey Chance | Unsplash

Pour finir, voici quelques mots et expressions utiles et leurs équivalents «français». J’espère que cet humble article t’aura fait sourire et pourra t’éviter un malentendu ou deux! Bienvenue au Québec et bon séjour!

  • Déjeuner, dîner, souper: l’équivalent de votre petit-déjeuner, déjeuner et dîner;
  • Achaler ou gosser: ennuyer, importuner;
  • De la boucane: de la fumée;
  • Bienvenue: (traduction littérale de l’anglais you are welcome) de rien/avec plaisir/pas de quoi;
  • Un char: (tiré de l’anglais car) une voiture;
  • Un chum: deux possibilités: un pote ou un petit ami;
  • Une débarbouillette: un gant de toilette;
  • Le dépanneur: l’épicerie du coin;
  • Des souliers: des chaussures, des tennis, des baskets;
  • La facture: l’addition au restaurant ou le reçu d’achat au magasin;
  • La fin de semaine: le week-end;
  • Frencher: (tiré de l’anglais French-kiss) action de rouler une pelle;
  • Il fait frette: il fait très froid;
  • Bon matin: (tiré de l’anglais Good morning) salutation matinale que je me plais à utiliser à outrance;
  • À tantôt: à toute à l’heure, on se voit plus tard (dans la même journée);
  • Icitte: ici;
  • Un linge: un chiffon;
  • De la liqueur: un soda (ex : Coca-Cola);
  • Le magasinage: le shopping;
  • Téléphone intelligent: un smartphone;
  • C’est tiguidou: c’est parfait, super, d’accord;
  • Un escalier roulant: un escalator;
  • Le stationnement: le parking;
  • Se tirer une bûche: prendre une chaise et s’asseoir, se joindre à un groupe;
  • Cogner des clous: s’endormir;
  • Se tirer une pisse: uriner pour un garçon (tirer = pistolet = je vous laisse deviner);
  • Aller à la salle de bain: aller aux toilettes (le bain est généralement dans la même pièce que la toilette au Québec, il s’agit donc de la salle de bain, oui, même si on s’y rend pour aller se tirer une pisse).

Soyons festifs!

Party
Sarthak Navjivan | Unsplash
  • Faire le party: faire la teuf (un party = une fête, une teuf);
  • Lever le coude: picoler;
  • Brosser ou virer une brosse: se prendre une cuite;
  • Se paqueter la fraise: se prendre une cuite;
  • Se décalisser: se prendre une cuite;
  • En virer une criss: se prendre une cuite;
  • Se dévisser: se prendre une cuite;
  • S’exploser: se prendre une cuite;
  • Se décrisser: se prendre une cuite;
  • Se torcher la face: se prendre une cuite;
  • Être en lendemain de brosse: être en lendemain de veille, l’après-cuite.

Crédit photo de couverture: Unsplash

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Julien Benca

Professeur d’histoire au secondaire de formation, Julien a plutôt décidé de voyager et d’explorer d’autres avenues professionnelles. Bon vivant, amateur de bières de microbrasseries, de karaoké et de sorties de toutes sortes, ce Geek assumé aime donner son opinion sur des sujets diverse et partager ses découvertes montréalaises!