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Ça fait une semaine que je porte le même linge, juge-moi pas

Par Cassandra Godin-Bergeron – le dans Bien-être, Chroniques

Ça fait déjà 2 ans que je fais ma maîtrise. J’ai prolongé deux fois la date du dépôt final, même si j’ai presque terminé. En réalité, il me reste exactement un mois et trois semaines pour le finir parce que cette fois-ci, je n’ai plus le choix, je dois absolument déposer mon mémoire à cette date sinon je serai exclue du programme. Sans motif valable (la procrastination n’en étant pas un), nous ne sommes autorisés qu’à deux extensions pour la date de remise. Une chance! Autrement, j’aurais retardé cette date jusqu’à quatre jours avant ma mort.

Quelle idée j’ai eue de m’embarquer là-dedans. Moi et mes idées. Toujours la première à dire oui. Et bien, j’avais dit oui quand était venu le temps de faire mon inscription. À ce moment-là, comme pour toute nouvelle idée, j’étais certaine d’avoir pris la meilleure décision de ma vie. J’étais dont ben fière de moi.

J’peux-tu vous dire qu’en date d’aujourd’hui, je m’en vante pas mal moins. Tout le monde me demande: «Est-ce que c’est fini cette maîtrise?». Tout en acquiesçant, il y a cette petite voix dans ma tête qui leur répond: «Si tu savais comment je suis loin d’avoir fini.». Pourtant, je travaille fort. Mais faire une maîtrise, c’est beaucoup plus long que je pensais.

Dans un élan de motivation, que j’avais perdu depuis quelques semaines, il m’est encore venu l’une de mes excellentes idées (lire ici: une idée que juste une fille désespérée de devoir encore étudier à 26 ans pourrait se permettre d’avoir). J’ai décidé de faire l’une de mes semaines intensives, trop intense, de rédaction de mémoire. En fait, je n’ai pas vraiment décidé. J’étais juste déjà en retard d’une semaine sur la date que j’avais convenue avec ma directrice de recherche pour lui remettre la fin de mon mémoire complété et corrigé. C’est comme les régimes de fou où l’on pense qu’on va tout perdre en 1 semaine. Pour ma part, j’essaie de tout finir en une semaine.

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Ma semaine d’isolation

C’est une semaine durant laquelle je ne vois personne et je ne parle à personne. Même mon lit ne sait plus si je dors encore ici. Ça m’arrive souvent de faire ça. Personne n’en fait un cas. Tout le monde sait que de toute façon, si je ne réponds pas au téléphone, c’est que je suis en train de faire mon mémoire.

Durant cette semaine-là, j’ai répondu à un seul appel d’un numéro que je ne connaissais pas (vivement la curiosité). On ne sait jamais, ça aurait pu être un appel pour m’offrir la job de ma vie. Négatif. C’était ma compagnie d’assurance automobile qui m’appelait un jeudi soir. Tout pour me rappeler à quel point ma vie était pathétique. La fille au téléphone m’a même demandé si j’avais le temps de répondre à un sondage pour vérifier la justesse des informations qui se trouvaient à mon dossier. PIS J’AI DIT OUI.

Habituellement, j’aurais trouvé qu’elle faisait vraiment pitié de devoir faire des appels comme ça un jeudi soir. Ce soir-là, c’est elle qui, je pense, a eu pitié de moi. Je l’ai senti dans sa voix. En plus, je lui ai même posé des questions à la fin du sondage. Des questions qui me trottaient dans la tête depuis longtemps mais que je n’avais jamais pris le temps de poser. (Oui papa, j’ai enfin la garantie de remorquage dont tu me parlais. Celle que tu me répétais sans cesse de me procurer parce qu’elle coûtait juste 2 piastres de plus par mois et qu’elle serait très utile pour moi vu l’état pitoyable de ma voiture.) En plus, même si je paye 2$ de plus par mois, imaginez-vous dont que cet appel m’a permis d’économiser 26$ annuellement. Savez-vous, en tant qu’étudiante, ce qu’on peut faire avec 26$? C’est ÉNORME.

J’ai raccroché. Pis là, j’ai eu pitié de moi. Je pensais même pas que ça se pouvait.

Pis je me suis sentie seule. Ben ben seule.

Ma prise de conscience

C’est là que ça m’a «pété dans’ face». On était jeudi soir, pis on était juste mon ordi et moi (et ma canne de thon). Pas de bouteille de vin. Pas de musique. Pas de vie sociale. Juste mon ordi et moi. Durant la journée, j’avais reçu au moins 16 nouveaux courriels non lus, 8 messages textes non répondus, 15 notifications Facebook à peine regardées, 4 nouveaux commentaires sur Instagram de je-sais-pas-qui, 2 tweets même pas ouverts. En plus, «l’avantage» d’avoir un MacBook, c’est qu’on reçoit tout en double, une fois sur notre iPhone et une autre sur notre ordi, pour être CERTAIN qu’on n’oublie pas qu’on se fait harceler. Ici, ne viens surtout pas penser que je suis à la fine pointe de la technologie et que je suis millionnaire. Au contraire, j’ai eu le même portable pendant neuf ans et demi et ça m’en a pris six pour ramasser toutes mes économies dans le but de m’en acheter un nouveau. En plus, il me manquait des boutons de clavier sur mon ancien ordi (ça va bien écrire un mémoire avec ça!).

Ce soir-là, j’ai paniqué. Vraiment. Dans le genre que je pensais jamais pouvoir y arriver. C’est à ce moment que j’ai écrit à ma mère : «Une chance que t’es pas là, tu capoterais… Ça fait une semaine que je porte le même linge, juge-moi pas.» J’ai fais un léger badtrip d’école. Est-ce que ça se peut? Bref, je vais appeler ça comme ça. Pourtant, je l’sais que je ne suis pas à plaindre. J’ai la chance de pouvoir aller à l’école, j’ai un toit, de l’eau potable et je mange quand même du thon. C’est bon, non?! Mais, j’étais vraiment découragée ce jeudi-là. J’étais à bout. Comme après 5 jours de régime quand tu n’as pas perdu 1 seul kilo.

Ça fait que cette soirée-là, j’me suis permise de tout lâcher. De décrocher et de ne pas suivre mon idéal comme je me l’étais imaginé dans ma tête et dans mon monde d’isolation. J’ai regardé mon lit et je me suis dis que ce serait une meilleure option que de passer la nuit devant mon ordi.

Je suis allée me coucher en me rappelant que j’étais dont fière de moi de faire une maîtrise.

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