La première fois

C’est d’abord le premier baiser…

Et toutes ces premières fois gravées dans le journal intime quétaine d’une adolescente qui écrit trop de pages sur son premier kick, sa première date, son premier « tenage » de main, un bisou sur la joue, et rapidement, son premier cœur brisé…

Et pendant des années je suis restée la « Never Been Kissed » (s’il y a un film là-dessus, ça doit vouloir dire quelque chose).

Je me rappelle m’être dit en lisant mes chers « Journal d’Aurélie Laflamme » que je ne pouvais pas avoir mon premier baiser plus tard que mon héroïne préférée, alors qu’elle est tout aussi gaffeuse et awkward que moi. Puis, je me suis dit qu’avant la fin du secondaire, ce serait bien… Puis, j’ai fini simplement par espérer ne pas avoir un jour à me comparer au film 40 Years Old Virgin.

Je ne crois pas qu’il y ait vraiment un « âge maximum » pour avoir frenché ou couché avec quelqu’un. Mais il y a être prête … et il y a ne pas avoir ce qu’on souhaite. Il y en a qui disent que ça vaut la peine d’attendre le bon moment et de mon côté, je reconnais que c’est frustrant de ne pas avoir ce que l’on veut.

Ce qui m’a tant manqué ce n’est pas tant d’avoir la langue de quelqu’un d’autre dans ma bouche… Mais plutôt toutes les fois où je n’ai pas pu vivre ce moment. Je ne revivrai pas deux fois le premier amour fou fou et cave de l’école secondaire, ce ne sera pas sa première fois à lui, ça n’aura pas le même sens pour nous deux. J’aurai passé trop de Saint-Valentin à attendre un miracle qui n’allait jamais arrivé. Trop de fin de soirée où j’ai essayé de me convaincre qu’il valait mieux être seule que mal accompagnée. Et je regrette maintenant toutes les fois où je n’ai pas su me contenter de peu parce qu’on m’avait dit d’attendre le meilleur.

« C’est pas si beau », me dit-on. Je sais, en fait, je le crois. Il y a le premier baiser à 7 ans dans la cours de récréation dont on ne se rappelle pas vraiment. Le premier baiser donné au gars qui est en fait un trou de cul, le baiser volé, le baiser de vérité ou conséquence… Ce con qui a en plus pris notre virginité, celui qui n’était simplement pas l’amour de notre vie, mais qui s’est fait passé pour tel le temps d’une soirée… J’aurais pu sauter sur le premier en manque de sexe qui passait par là, mais j’attendais plutôt celui qui traverserait le corridor à dos de cheval blanc. Pour finalement me rendre compte que j’ai peut-être bien fait d’attendre…

Non pas parce que je réservais ça à mon prince charmant (on va faire plus original que ça), mais parce que la première fois ne devrait pas valoir tant que ça. J’emmerde l’importance qu’on lui donne. Comme si, juste parce que ce n’était pas la bonne personne ou que les anges avaient oublié leurs confettis, ce serait un échec de plus. Une étape importante qu’on ne pourrait plus corriger. Une erreur marquante que l’on devrait trainer avec nous le reste de notre vie.

En y mettant trop d’importance, on prend le risque que ça ne soit jamais assez beau. Parce qu’on sera stressé, on aura écouté un truc freak d’un site qui croyait donner des conseils sexuels, l’autre bavera trop, viendra trop vite, et la relation se terminera deux semaines plus tard.

Peu importe ceux qui disent qu’il vaut la peine d’attendre des années le moment parfait pour embrasser quelqu’un. Il ne faut pas pour autant être en amour, sous le ciel étoilé, à la fin d’une date trop romantique ou timé avec les feux d’artifices de la St-Jean… Il faut juste le vouloir et se foutre de ce que les princesses prudes des contes de fées pourraient en penser.

Il y en aura d’autres des premières fois avec toutes les personnes que tu rencontreras. La meilleure sera probablement celle où il y aura de l’amour, oui, mais l’amour ça se travaille pendant longtemps et ça mérite bien un peu de pratique pour exceller dans cet art.

Pour ma part, e n’ai jamais eu de première fois.

Si on me décrit la première fois comme quelque chose de romantique, une preuve d’amour, des foutus feux d’artifices, ou du moins un moment marquant… Non, je n’ai pas encore eu ma première fois.

Mais je ne rate pas d’autres chances maintenant…
Par Charlotte Poitras
Collaboratrice spontanée

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