Le jour où tu l’as pas fait

C’était tu parce qu’il est parti ou parce que l’angoisse devenait trop forte? Parce que tu performais plus dans ta vie de tous les jours ou bien parce ta job est un puit sans fond? C’était tu parce que les tapes dans le dos se faisaient rares dans un moment décisif? On le saura jamais. On sait juste qu’à un moment donné, t’as arrêté d’avoir foi en la vie.

Y’a peu de gens qui ont la chance de pouvoir se dire qu’ils y ont jamais pensé, à disparaître. La plupart se souviennent cependant d’un goût amer des jours noirs dans la bouche, comme un goût de métal qui partira juste pas. Combien de fois t’as eu des moments où l’amour des autres, même présent, a juste pas suffi? C’est de l’amour de soi qui manquait cruellement, de l’amour pour ce qui pouvait arriver ensuite. C’est arrivé. T’as eu le poing dans les tripes qui t’a empêché de respirer, tellement fort que t’as jamais pensé pouvoir le raconter un jour. La pensée qui faisait juste passer a commencé à prendre ses aises et te hanter de plus en plus. Le pire, c’est que jamais ça t’a fait peur, c’était plus libérateur que dangereux. Les pensées sont devenues des plans qui auraient glacé le sang de n’importe quel de tes proches, si seulement y’avaient su combien le trou noir grossissait pour toi, si seulement t’avais été capable de leur dire. Capable de leur dire que tu réfléchissais même plus à ce que serait leur vie sans toi.

Pis quelque part dans une symphonie de soleil qui brille trop fort ou de musique qui fait mal, peut-être que tu vas décider de t’accorder encore une chance. De laisser un peu de temps passer, parce que t’as pas grand chose à perdre. Tu vas peut-être finalement laisser aller un peu du mal qui t’habites, tu vas peut-être crier à l’aide juste pour voir si quelqu’un va t’entendre. Pis quelqu’un va t’entendre.

Ce matin-là, y’a pas eu de guérison, juste un déclic. Un sentiment moins rough dans le cœur qui t’aura pas pris de plein fouet comme y’aurait dû y’a quelques mois, quand t’as commencé à vouloir t’en aller. Y prend son temps pour s’installer, pour gagner ta confiance. Y le sait bien trop que y’a pas vraiment de place pour lui dans ton ventre, mais qu’y peut se glisser assez subtilement pour que tu le foutes pas dehors. Fait que y’a pris son temps, pis y’a enjoliver le tien pour que tu t’accroches à la vie. Sans même t’en rendre vraiment compte, c’est là que ton combat commence. C’est là que tu décides que la vie a le droit encore de te surprendre. Que tu vas te battre. Un pouce à la fois, tu vas retrouver la curiosité de demain, pis le goût de métal va s’en aller sans trop que tu t’en rendes compte. Y’a de l’aide, y’a de l’espoir cent fois plus gros que tout ce qui peut t’avoir détruit. Y’est jamais trop tard pour réécrire l’histoire.

La détresse sera jamais lâcheté. Faire le choix de cesser de se battre non plus. Mais t’es plus que ça, tellement plus. T’es pas une statistique, t’es une étoile qui a pas fini de briller. Ton heure est pas venue même si c’est insurmontable. La vie est pas faite pour être surmontée seul, c’est à la fois sa plus grande faille et sa plus belle réussite.

Merci de pas l’avoir fait.

SI VOUS OU UN DE VOS PROCHES ÊTES EN DÉTRESSE, APPELEZ SANS FRAIS AU 1 866-APPELLE (1 866-277-3553).

Par Chanel Garceau
Collaborateur spontané

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