Le jour où j’ai cessé d’être le Grinch

Depuis que j’ai dépassé l’époque où je commençais à criser vers 4 heures, le 24 décembre en  après-midi, pour déballer la montre Timex qui répondait à mes questions, Noël m’a sincèrement faite angoisser chaque année de ma vie. Non mais, comment suis-je censée m’épanouir entre le magasinage-coup-de-chaleur du 20 décembre , le cocktail Molotov de gras-sel-sucre que j’affectionne pas particulièrement, les mêmes vieilles chansons de Noël plates remixées par Maxime Landry et, le comble de ce que je déteste, le déballage de cadeaux devant ta famille qui te connaît pis qui scrute ton langage corporel. No way, Noël c’était pas pour moi.

Là tu penses que c’est le boutte où je deviens positive. Prends ton mal en patience, j’ai pas fini. Non seulement les traditions comme les partys de job/école/amis/troupe de danse country finissent plus de finir, ça te prend aussi le kit pour chaque occasion, photos Instagram oblige. Exit la robe velour du Jacob Jr, faut que tu t’habilles en grande personne classe. T’as quand même bien 25 ans. Si tes parents sont séparés, t’as aussi le bonheur de te tapper 3 partys dans la même veillée parce que si t’es chanceux, ton père, ta mère pis la famille de ta tendre moitié habitent tous la même ville. Sinon, tu commences à te faire booker à peu près à la St-Jean. Beaucoup de plaisir en perspective! J’ai voulu au moins 156 fois skipper Noël, aller fêter tout sauf Noël là où y fait chaud, là où ma voiture n’a pas besoin d’être déneigée et où c’est pas grave si j’ai pas amené mon suit des fêtes, mon suit de raquettes pis mes joggings. Feliz Navidad, that’t it.

Puis, vint le jour où j’ai cessé d’en vouloir à un petit 24h dans l’année qui, de toute évidence, n’allait pas juste être aboli comme une subvention gouvernementale ; ça allait survivre à mes insultes et appréhensions. J’ai pensé à ma famille, à la chance que j’avais de les avoir et de passer du temps avec eux comme quand je crisais pour la Timex ou une quelconque Barbie de l’année. Je me suis aussi imaginée un temps des Fêtes sans eux, auquel je survivrais. Parce que oui, les Fêtes c’est d’abord du temps en famille de qualité, mais aussi un matin de jour férié agréable à passer sur ton divan, encore en pyjama à midi. J’ai aussi réalisé que le vrai but des milles échanges de cadeaux destinées à chercher un pas si pire cossin sur un  budget frôlant la Kit-Kat était pas d’accumuler des objets inutiles, mais de créer des souvenirs qu’on oublie de faire plus souvent, les samedis ordinaires. J’ai réalisé que d’emballer mes cadeaux, avec le peu de talent manuel que j’ai, se faisait bien avec un café Baileys pis la Guerre des tuques. Que la photo de ma petite soeur et moi, avec nos pulls affreux des Fêtes, me faisait rire depuis un an.

Tsé, au fond, c’était à moi d’avoir l’esprit de Noël comme je le voulais bien, sans Maxime Landry ou chat grimpé dans le sapin. Souris, c’est juste 24h :)

Par Chanel Garceau
Collaborateur spontané

Tu veux que ton texte soit publié sur lesnerds.ca? Voici comment:
Soumettre un texte spontané