Les partis politiques pour les Nerds

«Libéral, conservateur, NPD, Bloc Québécois, qu’est-ce que tu veux? J’ai pas confiance en personne.» — Ta grand-mère, 82 ans.

«Là, le problème, c’est qu’on dirait qu’y en n’a pas un qui a un plan solide. On sait pas où ils vont s’en aller. Harper, ça fait trop longtemps, ça c’est sûr. Trudeau est trop jeune! Pis Mulclair, on dirait que j’suis pas sûr! J’voterais ben pour le Bloc, mais ils sont là pour rien.» — Ton beau père, 51 ans.

«Ah moi, c’est clair, c’est conservateur! C’est l’économie d’abord! Harper, c’est un chef solide et il sait comment gérer les islamiques» — Le « X » de Québec, plus ou moins 38 ans.

«Qui ça? Les élections? Bof.» — Toi, le jeune, 18 à 24 ans.

L’amour n’a pas d’âge. Les opinions politiques, c’est autre chose. Ce qu’on peut le plus retenir, c’est que le jeune, en moyenne, n’a pas d’opinion politique. Probablement parce qu’il ne comprend pas, probablement parce qu’il ne se sent pas interpellé. Ici, comme je l’ai déjà dit, j’espère pouvoir résoudre le premier point.

Entre ne rien connaître du tout et savoir démêler le vrai du faux à travers la panoplie d’opinions qu’on entend à gauche et à droite de gens de gauche ou de droite, il y a une position qui fera de toi un citoyen informé : savoir quels partis se présentent, ce qu’ils sont et quelles positions ils ont sur les différents enjeux est un prérequis pour obtenir ce titre enviable.

Autrement dit, tu sais peut-être comment fonctionne notre démocratie, tu ne sais pas nécessairement pour qui voter. Et puisque je sais pertinemment que tu ne liras pas les 68 pages de plateforme électorale de chaque parti, je te propose ce portrait rapide des choix qui seront sur ton bulletin de vote le 19 octobre.

Normalement, le jour du vote, tu auras cinq options crédibles auxquelles donner ton vote. Attention! Si tu mets un X dans chaque case, ton vote ne sera pas compté. Alors choisis.

Pour faire simple, présentons les différents partis par ordre d’apparition historique.

1. Le Parti libéral

D’abord, tout juste après les dinosaures, il y eut le Parti libéral. On raconte qu’Adam et Ève avaient leur carte de membre. Ça vous donne une idée?

Le Parti libéral du Canada a littéralement construit le Canada, ayant été au pouvoir pendant la majeure partie de l’histoire du pays. Les libéraux, c’est notamment Jean Chrétien et Pierre Elliott Trudeau.

Aujourd’hui, le Parti libéral du Canada, c’est Justin Trudeau. Le fiston du monsieur charismatique à droite sur l’image d’en haut. C’est l’héritier légitime de la couronne canadienne.

C’est aussi un parti politique prêt à prendre le pouvoir, après s’être fait purger pendant dix années hors du pouvoir à Ottawa. Il se présente aujourd’hui comme un parti de centre gauche qui veut faire payer un peu plus aux plus riches pour redonner aux plus pauvres. C’est le parti de l’unité canadienne qui est toujours prêt à tout pour défendre un Canada uni et multiculturel.

Parmi les propositions étonnantes et/ou intéressantes des libéraux, on retrouve l’idée de mettre un frein à la recherche de l’équilibre budgétaire à tout prix, celle de légaliser la marijuana et des mesures pour lutter contre les gras trans et la malbouffe. Ils nous disent également qu’ils vont sortir 60 000 enfants – un stade olympique plein – de la pauvreté.

«Ça, ça veut dire qu’on va pouvoir fumer du pot, mais qu’on ne trouvera pas de fast food pour se faire un trip de bouffe après, tout ça sur le crédit?!»

Mmm, non, c’est plus compliqué que ça…

2. Le Parti conservateur

Votre deuxième option est celle des conservateurs. Le Parti conservateur est au pouvoir depuis 2006 avec à sa tête le fameux monsieur Stephen Harper. Le parti conservateur existe lui aussi depuis toujours, mais a pris plusieurs formes dans l’histoire. Celle que nous avons depuis dix ans est sans doute la plus à droite qu’il y ait eu. Ses racines sont profondément ancrées dans l’Ouest, là où Stephen a fait ses premiers pas en politique.

Stephen Harper et moi avons tous deux une formation en économie. Cependant, le premier ministre sortant a bien mieux appris sa leçon que moi puisqu’il se bat corps et âme pour alléger la structure de l’État et diminuer le fardeau fiscal des Canadiens. En langage ordinaire, ça veut dire qu’il compte principalement réduire les impôts au maximum et réduire les services gouvernementaux. Ça vient ensemble. Heureusement, il n’est pas question ici de savoir s’il faut être pour ou contre, car ce texte tournerait rapidement au mémoire de maîtrise (et je sais qu’il est déjà assez long à votre goût).

Pour la présente campagne, Harper et sa bande nous promettent surtout la sécurité et la stabilité. Le plan pour ça? Des bombes en Syrie, des bombes en Irak, le moins d’immigrants possible, surtout pas s’ils portent un djibjab, une burquina ou un nikwabe, et l’ultime promesse : un budget équilibré.

3. Le Nouveau Parti démocratique

Troisième parti à faire son entrée en scène au fédéral : le NPD du Canada. Pour ceux moins au courant, ce sont eux les oranges du défunt Jack Layton qui nous jouait de la guitare et buvait des pintes de bière en pleine campagne électorale de 2011, tout ça, moins de 6 mois avant qu’il succombe d’un cancer de la prostate. Je pense que je vais faire le Movember cette année, à sa mémoire.

Le NPD, c’est un parti traditionnellement plus à gauche… 

Je fais une pause ici pour clarifier le concept de gauche et de droite en politique.

Les gens à gauche en politique sont les progressistes et les gens de droite sont plus conservateurs. Ainsi, des politiques plus axées sur l’environnement et sur la recherche scientifiques, politiques plus progressistes, seront dites de gauche. À l’inverse, des politiques plus industrielles, commerciales et dans les technologies appliquées seront dites à droite.

Pour ce qui est de la place de l’État dans la société, la gauche veut plus d’État et la droite en veut moins. C’est-à-dire que, généralement, la gauche sera prête à payer plus d’impôt pour mieux financer les services publics comme l’éducation et la santé, tandis que la droite voudra couper l’impôt autant que possible et visera à faire en sorte que les services soient fournis par le secteur privé.

Ça fait le tour rapidement, mais c’est pas mal ça.

Reprenons. Le NPD est traditionnellement plus à gauche. À l’origine, c’est un parti qui était socialiste, c’est-à-dire qu’il voulait modifier l’ordre économique canadien pour que celui-ci soit plus profitable aux travailleurs et moins aux capitalistes.

Le NPD n’a jamais eu le pouvoir depuis sa création en 1961. Ses politiques sont plus sociales (bien que, dans la campagne actuelle, le parti propose tout de même de faire un budget équilibré, politique qu’on associe généralement à la droite). Le plan du NPD pour le Canada serait axé sur des mesures d’aide aux aînés et le développement, entre autres, des mesures incitatives pour les entreprises afin de débloquer près de 40 000 postes juniors et stages rémunérés à travers le Canada. Je ne sais pas pour vous, mais dans ma situation de jeune diplômé pataugeant dans le néant du marché du travail, j’achète ça en tabarouette. Ce parti veut également diminuer l’impôt des PME et augmenter celle des grandes entreprises qui sont en mesure de payer. Personnellement, je trouve leur plan économique pas si mal pour un parti qui est censé faire crouler l’économie si jamais il arrivait au pouvoir. C’est un pensez-y bien.

Le chef actuel du NPD est Tom Mulcair. C’est un bonhomme avec une belle barbe qui a un fort caractère. Le voici dans toute sa splendeur de politicien qui veut gagner avant de prendre sa retraite :

4. Le Bloc Québécois

Comme quatrième option, vous avez le Bloc Québécois. Le fondateur du Bloc, monsieur Lucien Bouchard est un québécois fier et dur de dur, et est également un ancien progressiste-conservateur (ancêtre des conservateurs actuels). Après s’être chicané à propos de la constitution, Bouchard s’est poussé du Parti conservateur pour créer une nouvelle formation politique québécoise qui visera à promouvoir la souveraineté du Québec. Tout ça se passe en 1991, avant ma naissance.

Aujourd’hui, le chef du Bloc est monsieur Gilles Duceppe. Il a les yeux encore plus bleus que le drapeau du Québec.

Ses objectifs pour le Canada sont simples; ils n’existent pas. Le Bloc a le mandat de défendre les intérêts du Québec uniquement. Cela dit, au Parlement canadien, il se fait un peu le prolongement de l’Assemblée nationale du Québec, avec une forte tendance péquiste (on comprend pourquoi). Cependant, il n’y a aucune possibilité réelle pour le Bloc Québécois de former le gouvernement à Ottawa.

5. Le Parti Vert du Canada

Enfin, j’ai triché. Je n’ai pas respecté l’ordre chronologique. Le dernier parti à présenter a été fondé en 1983, donc avant le Bloc. Il s’agit du Parti Vert du Canada. Aujourd’hui dirigé par Elizabeth May, qui a réussi à se faire élire aux élections de 2011 dans sa circonscription en Colombie-Britannique. Le Parti Vert est un parti ultimement progressiste et ne s’occupe pas seulement d’affaires environnementales ; on n’a pas seulement affaire à une gang de hippies. Ils ont des positions développées sur la réduction des inégalités et tout le tralala social démocrate habituel.

Malheureusement, on en entend bien peu parler dans les médias. Ses chances de gagner quoi que ce soit sont très minces vu le mode de scrutin. Le système est tel qu’un parti comme le Parti Vert qui obtient près de 5% des voix en temps normal n’est pas présent dans 5% de la Chambre des communes. C’est une des failles de notre mode de scrutin uninominal majoritaire à un tour. Dit comme ça, c’est compliqué pour rien, mais ça mérite d’être mentionné. J’invite les plus motivés à aller se renseigner.

Voilà, ça fait le tour des partis politiques présents aux prochaines élections fédérales. Si tu ne sais pas plus pour qui voter après ces presque 1800 mots, c’est probablement parce que j’ai échoué à présenter ça d’une manière simple. Tu peux toujours te rabattre sur la boussole électorale de Radio-Canada qui t’indiquera le parti qui rejoint le plus tes valeurs.

Enfin, le 19 octobre, VOTE! Plus les jeunes voteront, plus les partis s’intéresseront à nous, et plus il y aura de place pour nous dans la société. C’est réellement un devoir.

Par Sébastien Verret
Collaborateur spontané

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