Mon entrée dans la vraie vie

Il y a quelques semaines, je discutais avec une collègue qui est sur le marché du travail depuis un moment, et je lui disais qu’il me restait seulement un an avant la fin de mes études. Sa première réaction a été de me dire : «Wouah! Tu dois avoir hâte de finir!!!» Normalement, quand on m’en parle, j’ai l’habitude de répondre par un OUI très confiant. Mais cette fois-là, je me suis arrêtée pour réfléchir un moment et je me suis surprise à lui dire que non, j’aime ça, l’école. Que ça passe vite, que j’aime apprendre, alors j’en profite. Ça a été l’élément déclencheur qui m’a vraiment fait réaliser qu’une période charnière de ma vie arrivait dangereusement vite… et que je ne me sens pas si prête.

Je suis dans une phase de ma jeune existence où je réfléchis énormément. Je m’interroge, je me questionne, je doute, j’espère, je songe… Je termine mes études dans un an et, au premier abord, l’idée de plonger dans une vie que j’ai toujours souhaitée me procure un énorme sentiment de liberté, de soulagement et d’espoir quant aux possibilités sans limite qui s’offriront à moi. Mais, depuis ce fameux déclic, je me suis mise à penser à mon futur sous un tout autre angle. Je me suis imaginée dans un an, mon bac en poche, à l’entrée du «vrai» monde. Et sincèrement, j’ai eu peur.

J’ai réalisé que ce que je voyais comme une liberté était plutôt une véritable incertitude. Tout d’un coup, je ressentais l’ampleur du vide qui m’attendait. Je me suis mise à me poser tellement de questions : Est-ce que je serai réellement heureuse dans mon domaine ? Comment je vais vivre avec la routine du travail à 22 ans ? Comment je vais faire pour ne pas perdre de vue mes amis que je vois beaucoup plus facilement dans un contexte étudiant ? Quand est-ce que je saurai que j’ai rencontré l’homme de ma vie, et comment je saurai que c’est le bon ? Est-ce que je veux des enfants ? Si oui, quand ? C’est ce qui m’effraie. Je ne sais rien. Je n’ai pas de contrôle. Et je constate à quel point les études, c’est comme un filet. Chaque jour, je retrouve mes amis, et oui, nous vivons beaucoup de stress et de pression de performance en tant qu’étudiants, mais nous vivons tout ça ensemble et les enjeux sont tellement moins gros.

Comment fait-on pour être prêt à arriver dans la vraie vie ? Est-ce que, lorsque je recevrai mon diplôme à la collation des grades, quelqu’un m’attendra avec un manuel d’instructions pour m’expliquer les étapes à suivre et les meilleurs choix à faire ? Parce que ça fait 17 ans que je vais à l’école. Au primaire, on m’a préparée pour le secondaire, où l’on m’a préparée pour le collégial, où l’on m’a préparée pour l’université. Là, je suis à l’université et je suis censée être préparée pour la vie. J’ai rencontré des gens marquants durant tout mon parcours, j’ai beaucoup appris. Et maintenant, il est temps de faire le point et de partir avec tout ce beau petit bagage de vie, en espérant être prête à affronter tout ce qui se présentera.

J’ai peur. Il sera bientôt temps de me lancer dans le vide, sans trop savoir à quoi m’attendre. Mais peut-être que finalement, comme pour chaque tournant de vie, j’arriverai à m’accrocher. À trouver le sens de la vie que je veux mener. À me forger des repères. Peut-être que le chemin que je m’étais imaginé sera différent et parsemé d’embûches, de surprises et de détours. Mais tout ce que j’aurai à traverser, la vie me le fera vivre parce que je possèderai en moi ce qu’il faut pour l’affronter, et les leçons à tirer seront là pour me faire avancer. Peut-être que ce ne sera pas comme dans mes plans. Peut-être que parfois, je voudrai retourner dans le bon vieux temps. Mais les bonnes choses que la vie me réserve vaudront certainement les moments de doutes et d’incertitudes qui m’habitent aujourd’hui.

Par Florence Breton
Collaboratrice spontanée

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