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Audrey Desrosiers: l’art de la jouissance

Par Raphaelle Dubé – le dans Bien-être, Divertissement, Sexe

Souvent synonyme d’orgasme, la jouissance s’applique pourtant à un plus grand registre hors du champ de la sexualité. Cependant, les deux semblent intrinsèques dans notre société qui prime sur l’orgasme comme étant une finalité, un but ultime qu’il faut atteindre.

Le sexe, une forme d’art? La jouissance peut-elle transcender les rapports physiques?

Pour mieux en saisir le sens, voici l’entrée du Petit Larousse:

JOUIR: «Tirer un plaisir, un agrément, une satisfaction de la possession ou de la disposition de quelque chose».

Voilà une définition porteuse de sens pour Audrey Desrosiers, qui exploite ce sujet dans son exposition immersive bientôt dévoilée au grand public. Provenant du milieu de la danse, du théâtre et de la musique, l’artiste originaire de Drummondville explore dans son nouveau projet le corps et ses limites sous la forme d’une installation photographique.

Dans une petite pièce se trouvent une chaise métallique et un déclencheur. Vous serez amenés à vous masturber devant la caméra et à appuyer sur le bouton une fois l’orgasme atteint. Il n’y aura pas de nudité, seulement votre visage en extase.

Audrey Desrosiers a cordialement accepté de nous inviter dans les coulisses de son exposition.

Audrey Desrosiers Facebook
Studio photo confidentiel à Montréal

Les Nerds: Avez-vous déjà réalisé quelque chose de semblable auparavant?

Audrey Desrosiers: L’appel de candidats pour mon projet est en fait une partie d’une plus large exposition immersion participative sur laquelle je suis actuellement en création. Depuis deux ans, je tente d’approfondir mes recherches via les arts visuels. J’ai fait une quinzaine d’expositions, certaines collectives, d’autres en solo. Ce volet traitera de la jouissance. C’est mon premier projet exploratoire demandant des volontaires et la première fois que j’utilise la photographie comme mode de transmission.

J’explique ma démarche de la façon suivante: je propose aux spectateurs une réflexion sur la dématérialisation des limites personnelles, le corps et ses représentations, ce qui révulse/fait envie, les stigmates, la douleur, l’humiliation, la distanciation de soi et des territoires communs entre ceux-ci. Qu’est-ce que chacun offre ou perd au contact de l’autre, de l’étranger? Comment entrer réellement en collision avec soi, avec l’Autre? Proposant parfois des images/gestes/paroles/ambiances outrancières, c’est en créant certains malaises que je veux faire naître le réel. Les textures semblent vouloir rejoindre ceux qui les regardent. Je ne cherche pas à reproduire ou même donner des formes réelles. Au fil des explorations artistiques, l’image-fond se transforme révélant une nouvelle sous-couche à exprimer.

N: Quelles sont vos inspirations? Y a-t-il certains artistes qui vous inspirent en particulier?

AD: Depuis les deux dernières années, j’étais constamment confrontée à une réalité qui ne fut évidente que dernièrement pour moi. Je ne trouvais pas l’écho tant recherché et nécessaire lors de mes apparitions en art. Je me suis aperçue que le mode d’expression 2D et 3D restreint des arts visuels me laissait sur ma faim. J’ai trop besoin de l’interaction des gens, des spectateurs, afin qu’il se passe quelque chose, pour faire naître une autre réalité tant de leur côté que du mien. D’où l’idée d’une exposition-immersion participative. Plusieurs ambiances seront proposées, notamment les mondes qui m’habitent sur divers aspects sur lesquels je me penche dans mes recherches.

AUDREY DESROSIERS (1)
Oeuvres d’Audrey Desrosiers

Comme inspirations je pourrais citer Jana Sterbak, Rebecca Horn, Leonor Fini, Francis Bacon, Clara Furey. Chacun me procure des sensations/images qui nourrissent ma créativité. Ce que j’essaie de donner à voir et à faire vivre ce sont principalement des sensations. Ce n’est pas toujours évident de trouver le bon média pour livrer le tout ni de trouver la bonne porte par laquelle atteindre les spectateurs. Je parle toujours de spectateurs car les gens qui viennent et viendront sont au coeur même de tout ce processus. Sans leurs reflets et actions, je ne pourrais pas avancer vers la prochaine étape de ma réflexion. C’est très nourrissant et enrichissant et je suis en même temps très fébrile.

N: Pouvez-vous nous expliquer en détail l’évolution de votre idée ?

AD: Comme je le mentionne dans la vidéo explicative sur mon site, je cherche à capturer ce qui est libéré au moment de la jouissance. Est-ce qu’on perd/offre quelque chose de soi en cours de processus? La question est posée sur le thème de la jouissance mais dans l’exposition, je la pose aussi lorsqu’il y a rencontre avec un étranger. Qu’est-ce qui parfois bouleverse à jamais notre vie? Comment? Pourquoi?

Pour réellement faire le processus en intégralité, il m’aurait fallu des couples car on le sait, entre la masturbation et faire l’amour, il y a un monde de différence. Question de logistique et comme première étape du projet, je trouvais le processus fort porteur de sens. J’ignore si je prouverais mon point. Je le verrais à la fin des séances. Ce ne sera pas moi qui décidera de l’issue de ces photos mais beaucoup de participants et de commentaires que j’ai pu recevoir me permettent de croire que plusieurs partagent cette hypothèse.

Audrey Desrosiers Art Facebook
Vidéo explicative

N: Jusqu’à maintenant, quel genre de personne se présente à votre studio photo ?

AD: Avec ravissement et étonnement, j’ai reçu beaucoup de volontaires. Des jeunes (évidemment en plus grand nombre), des étudiantes, des jeunes professionnels mais aussi des retraités, des couples, des mères de famille. Le tout est très riche et diversifié. Je suis très heureuse de ce beau mélange de démographie. Je voudrais avoir plus de différentes nationalités, je reste sensible au fait que pour plusieurs raisons personnelles/culturelles/religieuses/familiales, ce projet reste inaccessible voire même impensable, mais je reste convaincue que l’objectif relativement noble me permet d’atteindre bon nombre de gens. Je sais que quelque chose d’universel sera perçu. Plus large le spectre des visages recueillis sera, plus évident ce sera visuellement.

J’ai malheureusement dû refuser beaucoup d’offres soit parce qu’elles étaient outre-mer ou hors Montréal. Les contraintes de logistique et de temps ne me le permettaient pas mais j’ai été grandement emballée par le nombre de volontaires qui voulaient faire partie de ce projet. Je profite de cette opportunité pour lancer l’invitation aux lecteurs et surtout qu’ils partagent  en grand nombre la vidéo et le projet. Quelques places sont encore disponibles, à qui la chance?

N: Quelles sont les réactions de votre entourage ?

AD: Comme cette idée m’est venue il y a déjà quelques années et que j’en ai beaucoup parlé, disons qu’ils étaient contents que j’aille au bout de ce projet. Le fait que ce volet (sur la jouissance) soit mis en relation avec le reste de l’exposition immersive, mon entourage sait où je m’en vais avec cette idée. Ils étaient super encourageants et aidants dans le processus: aide technique, idées de recherche, de candidats volontaires etc. A priori, le projet peut sembler culotté, voire étrange, mais quand on prend le temps de bien saisir ce que je cherche à mettre en lumière, les gens ouvrent soudainement une partie d’eux-mêmes, révèlent des choses, se remettent en question. Ça nous a permis, à mon entourage et à moi également, d’approfondir plusieurs discussions.

N: Que répondez-vous aux personnes qui remettent en question la validité artistique de votre projet (qu’il s’agit en fait de softcore, d’exhibitionnisme) ?

AD: Je n’ai jamais été confrontée à ces commentaires, mais je suis certaine qu’après quelques minutes de conversation ils comprendraient mon point de vue. Je ne tente pas de convaincre les gens. Plusieurs personnes de mon entourage m’ont dit n’être vraiment pas à l’aise de participer (et je ne suis pas certaine que j’aurais été à l’aise moi non plus dans le cas de bonnes amies etc.). Cela reste un moment de vulnérabilité qui demande pour certains un grand courage, de l’ouverture etc. Mais tous ont très volontiers participé à faire circuler la vidéo explicative, en parler dans leur entourage. Ensuite, comme les photos sont en gros plan sur le visage uniquement, et qu’aucune partie du corps n’est visible, je n’ai jamais eu ce genre de critique. Je n’aurais pas été à l’aise que mon projet soit associé à du porn… même soft ! Tel n’est pas le propos, voire même pas érotique !

N: Est-ce que pour vous le sexe est un geste artistique ?

AD: J’ignore si le sexe est un geste artistique. Plusieurs artistes ont fait carrière en se basant sur ce point, le sexe/sexualité, ce qu’on en fait, ce qu’on permet, ce qu’on n’accepte pas. Ça fait partie de la vie, de soi, depuis toujours et pour toujours. Est-ce universel dans l’attrait et la tentative de l’utiliser pour passer un message? Je le pense. Est-ce que la façon sert toujours le message? Souvent non, malheureusement. Les autres thématiques qui seront exposées, outre la jouissance, sont : la perte, l’angoisse, la nostalgie, les liens affectifs, la dépendance, la peur, le rejet, l’attente. Il aurait été presque malhonnête de passer par-dessus la jouissance comme faisant partie de la globalité de ce qu’on est. Parler de sexe sans le montrer vraiment; je trouvais l’exercice intéressant et d’autant plus exigeant.

N: Dans quel établissement votre projet sera-t-il exposé ? Avez-vous une date de sortie ?

AD: Je souhaite encore rencontrer/visiter/découvrir des lieux dans lesquels ces installations pourront être vraiment servies. Je veux faire circuler mon expo dans les lieux moins associés à l’art visuel, des salles de répétitions, des ateliers, aussi des galeries d’art et des lieux plus inusitées, moins conventionnels. À mi-chemin entre la performance, l’installation, la mise en scène et les arts visuels, le lieu doit servir le propos. Je n’exclue aucune possibilité. J’ai eu déjà de belles propositions, pour l’automne. Évidemment je tiendrai tout le monde au courant sur ma page d’art.

N: Y-a-t-il d’autres séances de prévues pour le moment ?

AD: Oui, je viens d’ouvrir deux autres dates en juillet, peut-être quatre. Je voudrais conclure les prises de photo en août pour pouvoir travailler et monter le tout pour la rentrée. Les gens intéressés peuvent se rendre à mon événement, et ils seront mis au courant des dates et autres informations.

audrey desrosiers
Portrait Audrey Desrosiers

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