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Mon chum, c’était un divan

Par Ève Landry – le dans Amour

Il fut un temps où j’avais un amoureux, on était bien.
Notre couple était confortable, notre 4 et demi aussi.

On avait un salon bien décoré, pis au milieu de ce salon-là, on avait un divan.

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Un divan de premier appartement, celui que tu te fais donner par ta maman parce qu’y traînait dans son sous-sol depuis trop longtemps. Une affaire avec des coussins dépareillés, il était pas super confortable, mais on l’aimait bien. C’était notre divan, juste à nous deux. On avait regardé des films dessus, mangé de la pizza commandée à quatre heures du matin, nos corps s’étaient vus nus dessus. Ça ne s’oublie pas facilement des moments de tendresse et de motifs délavés.

Y renfonçait un peu dans le milieu, c’était ce genre de divan là.

Qu’est-ce tu veux, on n’a pas tous un budget Ikea sans fin.

J’étais en amour. Par-dessus la tête, tellement que ça me donnait le goût de pas dormir la nuit, de sortir de chez nous nu-pied pour aller me balancer dans un parc. Essayer de voler un peu plus haut, faire le tour du poteau avec ma balançoire, qui me regarde plonger vers le ciel avec des étoiles dans les yeux. Je trouvais toutes ses qualités parfaites, ses défauts me faisaient triper. On parlait pour rien dire souvent. Je riais plus que toute. Ce gars-là y m’allait bien, pis lui, y trouvait que j’étais la plus belle chose sur la terre. Plus que Scarlett Johansson, comme.

Ça marchait, notre affaire.

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On était ensemble depuis quelques années, mon chum pis moi. On va l’appeler Alexis, parce que c’est un nom générique. Aussi parce que j’aurais aimé ça avoir un ex qui s’appelle Alexis, me semble que ça se dit bien. Si tu t’appelles Alexis, deviens mon chum, s’il te plait. Je te trouverais cool du prénom.

Anyway.

Alexis et moi, on se connaissait depuis qu’on avait eu un cours ensemble en secondaire 1. Histoire du Québec, ou une affaire qui ressemble à ça. Je l’avais trouvé cute avec son manuel, même si son restant de coupe champignon gâchait un peu le portrait. Y m’avait trouvé jolie avec ma robe à fleurs pis ma tresse française (thanks, mom). Ce jour-là, on avait dîné ensemble aux tables à pique-nique, et de fil en aiguille, Alexis pis moi, on s’était ramassé à habiter ensemble dans un appartement sur la Promenade Masson. Simple de même.

Une petite place pas grande, mais à nous autres. On avait autant de meubles que d’argent dans nos comptes en banque, c’est-à-dire très peu. Mais on avait un divan. Pis notre bonheur.

Au début, ça nous allait. On avait une routine, mais pas trop. On continuait à découvrir des affaires, à sortir avec nos sourires comme maquillage, à se faire rire pis à se trouver niaiseux. Sauf qu’on s’est mis à passer de plus en plus de temps assis sur notre divan à regarder nos rêves passés. À parler de projets sans en faire, à être confortable dans du linge mou.

À se trouver beau, mais moins qu’avant.

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Dehors, la neige commençait à tomber. Les premières grosses tempêtes s’en venaient, celles qui, au primaire, te donnent droit à une journée de congé de plus. Celles qu’on regarde avec un peu de magie dans les yeux, parce qu’on se rappelle pas encore l’enfer de déneiger des escaliers extérieurs. En regardant par la fenêtre, on voyait pas le bout de la rue.

C’était un 6 janvier, je m’étais levée tôt ce matin-là. J’avais dormi croche de mon côté du lit en essayant de pas le réveiller. J’avais mis ma robe à fleurs.

Y faisait froid dehors. Une grosse tempête; j’aurais pu prendre une journée de congé de plus.

J’ai regardé mon divan.

Longtemps.

J’ai regardé mon chum qui dormait encore dans son chandail de la veille. J’ai repensé à notre relation confortable qui renfonçait un peu dans le milieu. Rien de gros, on s’engueulait pas, on n’avait jamais été chicaneux. Je voyais pas le bout de la rue, mais je voyais le bout de nous deux. On s’en allait vers le nulle part: le quartier cute mais plate des couples qui s’endurent plus qu’y s’aiment. On avait plus trop de raisons d’être ensemble, à part celle de se connaître depuis longtemps. De se trouver confortable.

J’étais tombée en dehors de l’amour.

Ça s’est fait lentement.

On l’a pas vu venir.

On le voit jamais venir.

C’est ça qui fait mal.

Le 6 janvier, y faisait froid dehors. J’avais mis ma robe à fleurs. J’avais plus le goût d’être assise. Un moment donné, l’hiver c’est beau vu du salon, mais faut accepter de mettre ses bottes pis de déneiger l’auto. J’aurais voulu que ma mère soit là, qu’elle me fasse une tresse française pour pas que mes cheveux se collent dans nos larmes. On s’aimait plus, mais se quitter quand tu te connais de partout, du corps pis du cœur, ça pogne de quoi en dedans.

On le savait qu’on pourrait pas rester assis sur notre divan toute notre vie, parce qu’on avait besoin d’avancer. C’est dur de marcher main dans la main quand personne veut se lever. Fait qu’on s’est fait la bise avant de partir chacun de notre côté.

Je m’excuse Alexis.

J’espère que ton bout de chemin se passe bien. Tes qualités sont belles, pis y’a une fille qui va s’en rendre compte. Je vous souhaite du bien, pis un divan qui renfoncera pas dans le milieu.

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Il fut un temps où j’avais un chum.

Astheure, j’ai un ex.

Pis un divan sur le bord de la rue.

Pour faire plus de place pour le prochain.

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