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Ne me parlez pas d’amour, je vous en prie

Par Ève Landry – le dans Bien-être, Sexe

J’étais assise au bar, à surveiller mon téléphone.

J’attendais une gang d’amis qui ont la ponctualité défaillante. La mienne étant trop efficace, j’avais déjà fini mon premier pot masson. J’avais pas soupé, pis la quantité de rhum-peach-schnapps-purée-de-pêche-jus-d’ananas-et-autres-ingrédients-que-j’ai-oubliés dans mon sang m’activait la hâte de jaser à quelqu’un d’autre que le barman épuisé par mes jokes plates.

Une fois c’t’un gars…

Fait que, quand la bande de visages réconfortants que j’avais pas vu depuis longtemps est arrivée, j’ai poussé une espèce de cri strident sortie d’une mauvaise comédie. J’étais toute contente par en dedans pis ça paraissait par en dehors. Je m’étais ennuyée d’eux autres – les amis qu’on perd doucement avec le temps, ceux avec qui les « projets café, un moment donné » arrivent juste un an et demi plus tard.

Aussi, et ça je leur dis pas, j’étais excitée de pouvoir raconter mes histoires à des gens qui les connaissaient pas déjà par cœur. Aucun d’entre eux allait avoir le luxe de rajouter des détails en plein milieu de mon anecdote de fille saoule. Dans la vie, me faire interrompre, maudit que ça m’énarve. Plus que toute pis toute. C’est d’ailleurs pour cette raison que je dévoue une haine profonde aux soupers de famille.

Bref.

J’ai quitté mon poste de fille toute seule (le bar) pour rejoindre celui de la fille qui a gros cercle social (la banquette du fond). On s’est assis les uns collés aux autres, j’ai flatté des cheveux pis des épaules en répétant : « y faudrait vraiment se voir plus souvent ».

On avait pas le choix, vu la distance entre nos rencontres, de se poser des questions communes.

« Pis, qu’est-ce qui se passe avec toi? »

« Comment ça tu travailles plus au Barraca? »

« Han. Coquin. C’est qui ça, Véronique ? »

On a fait le tour de la table en sens antihoraire, en s’informant, longuement, sur nos vies qui se passent en parallèle les unes aux autres. Pour sentir qu’on se connaissait encore, qu’on n’était pas en train de se perdre vu qu’on s’aime, maudit qu’on s’aime, mais c’est juste, tsé, on est occupés, tsé, l’université pis la job, tsé, les chums pis les blondes, tsé, Madeleine a un bébé astheure, tsé, ça passe vite une année.

Mais, ce soir-là, on se retrouvait pour une fois. Tout le monde à la même table ronde, à pouvoir toute se dire ce qu’on avait sur le cœur.

On a ri.

On a pleuré, aussi, un peu.

Mon tour est venu. Fait que j’ai toute raconté mes histoires, ça prit du temps, j’en avais beaucoup. Quand j’ai eu fini, un pot maçon et demi plus tard, les visages autour de moi avaient de la misère à comprendre que mes histoires étaient épuisées.

J’avais pas parlé de gars.

Pantoute.

Pis ça mélangeait tout le monde.

La curiosité de Philippe a fini par le gosser. Y’a plongé ses yeux dans les miens en me demandant : « comment ça que t’as pas de chum, donc ? ».

Parce que j’en veux pas, Phil, d’un couple.

Parce que j’en veux pas, tout le monde, d’un couple.

Pour vrai de vrai.

Dans la vie, pis surtout autour d’une bière entre vieux amis, le monde essaie d’être gentil. Sauf que je le voyais que ça leur faisait bizarre que je sois célibataire depuis 5 ans pis que je ressente pas le besoin de me trouver quelqu’un à coller l’hiver.

Quand t’affirmes que toi, être toute seule, tu trouves ça confortable, même que t’es sincèrement heureuse là-dedans, le reste de ton entourage y sourit. En dedans, ils restent sceptiques quant à la possibilité réelle que tu sois épanouie. Sauf que j’vais te dire une affaire, Phil – pis toute le monde, tant qu’à faire – c’est pas parce qu’un couple solide, c’est ton but à toi, que c’est le mien.

Surtout, je veux te dire, avant que tu me fasses la remarque, que c’est pas parce que j’ai pas trouvé le bon.

J’aime ça en parler, je pleure quand je regarde P.S I Love You, je tripe que vos couples soient paradisiaques, mais l’amour, c’est pas pour moi. J’ai basé ma vie, pis mon bonheur, sur autre chose que mon cœur qui bat à la vue du monde. Les papillons dans le ventre, ça me nourrit pas.

C’est pas après ça que je cours.

Pis je cours, full vite, pour beaucoup de choses.

Juste pas pour ça.

Mes vieux amis me suivaient moyen. J’ai commandé des shooters de téquila pour eux autres, pour moi aussi. Je sentais qu’on avait besoin d’un peu de courage pour se comprendre, parce que mon discours était loin des leurs pis de celui qu’on présente à tour de bras un peu partout, qu’être en couple, que se trouver, c’est un symbole de réussite.

En mordant dans ma tranche de citron, j’ai continué. J’en avais sur le cœur. Ce soir-là, avec ce monde-là, je voulais mettre des affaires au clair.

Je suis juste tannée, Phil, qu’on me demande quand est-ce que je vais trouver quelqu’un. Je suis juste épuisée, Phil, qu’on me parle d’amour.

Y’a 5 ans, j’avais encore un amoureux. On a fini par se laisser, sur des termes corrects, mais tristes. J’ai eu la plus grosse peine du monde, juste un peu plus petite que celle que j’avais ressentie en apprenant que la fée des dents, c’était pas une fée, c’était mon père. Maudite grosse désillusion. Des fois, j’t’encore triste pour ça. La fée des dents devenue mon paternel, mais mon ex, ça, ça va, j’ai fait mon deuil.

Depuis qu’on s’est laissé, coin Saint-Laurent, cet ex-là pis moi, j’ai essayé de me remplir le cœur de quelqu’un d’autre. Je me suis donnée comme une folle dans ma course à l’amour. J’ai probablement battu des records de rapidité entre mes dates.

Shout out à ma soirée avec trois dates différentes.

Des fois, je suis passée proche. J’ai rencontré des gens formidables avec des qualités trop grandes pour toutes tenir dans une seule personne, mais eux y’arrivaient à toutes les avoir. En même temps. Des amants qui m’ont fait rire pis jouir grandement, avec qui j’ai partagé des moments tendres pis des chicanes violentes. Du monde avec qui j’ai vécu intensément.

J’ai vraiment essayé.

Pis ça a pas marché.

Pis j’ai braillé.

Ma vie.

Pis un moment donné, y’a 2 ans, je me suis regardée courir, une célibataire affamée. J’ai trouvé l’image de moi crissement laide. Ça me tentait plus de jouer à cette game-là. Fait que, j’ai rangé mes espadrilles dans le fond de mon garde-robe. J’ai enlevé la pression de me retrouver un chum de sur mes épaules. Ça m’a pris trois ans de recherche assidue de l’amour parfait avant de décider que j’aimais mieux être juste bien avec moi-même.

Astheure, Phil, je suis bien avec moi-même. Pour de vrai.

Pis pour l’instant, j’ai pas le goût de donner cette version-là de moi, celle qui se sent bien pour de vrai, à quelqu’un d’autre. En ce moment, je suis égoïste, pis je veux profiter de ça. Toute seule.

J’ai pas le goût qu’on me parle d’amour.

Je veux pas qu’on me dise que j’ai besoin d’un couple pour être heureuse.

C’est le plus grand mensonge que j’ai cru. Pendant trop longtemps.

Plus maintenant.

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