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Comment la STM a encore plus scrappé mon honneur que mon ex

Par Ève Landry – le dans Bien-être, Sexe

Quelque part en 2012, j’avais rencontré ce que je croyais être l’amour de ma vie. Les grands battements de cœur en forme d’ouragan d’émotions qui arrachent tout sur leur passage, les vieilles peines d’amour pis les peurs de l’attachement qui te laissent avec un terrain vague prêt à accueillir tes talents en construction. Le genre de projet à deux qui donne le goût de faire de l’overtime tous les jours pour enfin avoir une place où te coucher pis être juste bien.

Pis à l’époque, j’étais fatiguée, j’avais tellement besoin de dormir mes huit heures.

Je tripais sur lui pis sa face depuis longtemps, fait que le jour où y m’a demandé si je voulais qu’on bâtisse de quoi, je me suis lâchée lousse dans les marteaux pis les tournevis en acceptant de prendre mon cœur comme échafaud. Avec du temps pis à la sueur de nos fronts, on avait construit un palace pour notre histoire. Le château fort des amours, où les insécurités ne pouvaient pas pénétrer. Les jalousies pis les chicanes restaient de l’autre bord de nos remparts.

Du haut de notre tour, on observait l’étendue du monde sous nos yeux.

J’ai peur des hauteurs (dans la vie, j’ai abandonné le plongeon parce que sauter du 3 mètres, c’était terrifiant). Ça me donne le vertige. Je regardais, mais pas trop souvent, pis juste quand y me tenait par la main. On était bien. Pis invincibles, genre.

Une fin d’après-midi d’hiver, alors que le royaume était recouvert d’un restant de blanc qui virait au brun, on est descendu de notre tour (la tour, c’est une métaphore romantique pour « rester à la maison pis rien faire d’autre que regarder des documentaires animaliers ») pour aller manger du mexicain.

Ben oui, les princesses, des fois, ça feel caliente

Dehors, y’avait pas un centimètre de sec. Depuis une semaine, y pleuvait à la grandeur de la ville. Les imperméables avaient arrêté de faire leur job, fait qu’on se promenait, trempés de la tête aux pieds, en maudissant le ciel pis le mois de mars en général. Y m’avait appelé en me disant « Hen, j’sais qui fait pas beau, mais on devrait faire autre chose que rester à la maison pis regarder Planète Terre. »

J’avais dit: « Hen, ok, mexicain caliente. »

Je fais rarement des phrases complètes.

Fait que, j’avais rejoint mon prince charmant dans un restaurant qui coûte pas cher. On n’était pas vraiment des enfants de la royauté, notre porte-feuille avait plus le profil de deux universitaires qui travaillent trente heures semaine pour payer le loyer, le cellulaire, Netflix, les frais de la Coop de l’UQAM, pis, des fois, une épicerie.

J’étais arrivée avec le toupet collé dans le front, un restant de mascara coulé sur le bord du regard pis une paire de jeans qui voulait rien savoir de sécher. Quand y m’a dit que j’étais belle, je me suis dit qu’y mentait bien. C’était certain que j’avais l’air de rien, pis ma réflexion dans la vitrine du resto m’avait confirmé que mon corps endurait mal la pluie.

Je m’étais dit qu’y avait pas menti comme d’habitude. Ses mots étaient tristes, un peu.

Ses pauses étaient plus longues, ses mots choisis avec soin. Y m’avait tenu la main. Y’avait dit « Je m’excuse ». Pis un gars qui s’excuse avant de t’avoir dit c’qu’y a fait, c’est dangereux. C’est pas des excuses qui demandent un pardon, c’est des excuses qui espèrent que tu vas survivre.

Dans son « t’es belle », y’avait caché un « Je le sais que tu vas t’en sortir ».

Des fois, pas souvent, je comprends la game avant de commencer à jouer. Je suis pas vite vite, mais cette fois-là, c’était clair. Plutôt que de m’asseoir à la table près de la fenêtre, je prenais position devant les buts. J’avais une affaire à protéger, mon cœur. Dans ses yeux, j’ai vu la chose la plus terrifiante que j’ai jamais vue: de la compassion. Ça se voyait qui s’enlignait pour un coup de circuit pis y savait que j’aurais de la misère à rejouer pour un bout.

La rupture, c’est une game.

Pis j’hais ça, perdre.

Dans ma tête, je criais que je supporterais pas d’être toute seule. Je me suis remplie de vide à mesure que les secondes défilaient, tout tournait au ralenti. J’avais mal au cœur, pis c’était pas les burritos. J’avais tout mis là-dedans. Dans nous deux. Dans notre château fort plus grand que nature. Quand le gars à qui je rêvais jour et nuit a décidé de donner un grand coup de massue dans notre édifice de bonheur, j’ai reçu 12 étages de béton armé sur les orteils.

Ça s’est fait vite.

Pis la blessure est restée longtemps.

Quand l’amour de ta vie te dit que toi, t’es pas l’amour de sa vie, tu veux te sentir fort. Tu ravales tes larmes, tu sors ton égo que t’avais rangé dans le fin fond de toi-même pis tu sors des phrases aussi fausses que les discours électoraux: « justement, je préfère prendre du temps pour moi en ce moment », « c’est beau, ça va me donner plus de liberté pour mes projets », « ouin, j’aime pas ta mère anyway ».

Sa mère était fabuleuse.

Sauf qu’à ce moment-là, je pouvais pas dire ça. Y fallait qu’y comprenne que sa vie valait pas la mienne, que de me crisser-là, c’était me rendre service, que j’allais avancer encore plus vite sans le poids de son amour accroché à ma cheville. J’voulais qu’y voit dans mes yeux vides de larmes que c’est moi qui allais gagner.

J’ai tout remballé: ma colère, mes peurs, mes pleurs pis mes « WTF, on peut tu s’en parler? » J’ai pris mon sac avec toute ma grâce, j’ai laissé du pourboire à la serveuse (parce que c’était pas de sa faute, pis que c’est important, le pourboire) pis je suis sortie de là.

À l’époque, j’habitais loin de l’existence, dans un trou perdu où on se rend pas à la marche, même avec un cœur brisé pis une envie de marcher en écoutant en boucle les mêmes chansons tristes. Verdun, merci. Les yeux aussi mouillés que mon linge, j’ai marché jusqu’à l’arrêt de bus en sentant la pluie froide coulée sur ma peau.

Ostie que j’haïs le mois de mars.

Pis là, je me suis rappelé la pire affaire à se rappeler quand tu viens de te faire enlever une partie de toi-même: j’avais pas de change pour l’autobus.

Ostie que j’haïs toute.

Je suis revenue à notre point de rencontre (lire: séparation). J’avais l’impression que le restaurant avait abusé sur la climatisation, j’étais trempée jusqu’aux os, pis c’est pas facile de te réchauffer quand le gars sur qui tu te collais d’habitude est devant toi pis qu’y veut plus rien savoir.

Les derniers mots d’une histoire d’amour, ça change ben des affaires.

J’aurais voulu que les miens soient « merci de m’avoir fait grandir » ou « inquiète-toi pas pour moi, je suis forte pis je vais me rebâtir un palace encore plus beau » ou, à la limite, « je comprends, mais je t’haïs » aurait fait l’affaire.

Mais non.

Vu que j’ai pas réussi à gagner au jeu de la vie, que je prévois mal mes affaires pis que l’existence trouve que je suis un peu trop sûre de moi, mes derniers mots à l’amour de ma vie ont été:

« T’aurais pas 3,25 $ pour le bus? »

Ce jour-là, la STM a scrappé mon honneur.

Pis astheure, je traîne du change. Tout le temps.

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