La différence entre sortir à 20 ans et à 30 ans

Par Kevin Sauvé – le 30 mai, 2016 dans Divertissement

En rétrospective, beaucoup de choses ont changé depuis 10 ans. La vingtaine est synonyme de la découverte de soi et du monde qui nous entoure. On apprend à se connaître et à se détester parfois et l’on apprend à faire la fête comme des adultes responsables...ou pas! On essaie d'apprivoiser ses limites, mais la plupart du temps on les flatte dans le sens contraire du poil jusqu'à temps qu'elles deviennent vraiment désagréables et que l'on ressente une petite boule de poils dans la gorge à chaque fois que l’on sort. Bref, dans la vingtaine nous sommes en constante évolution, du plus gros party animal au petit chaton dans sa laine préférée trop fatigué pour vivre.

Ma première expérience de bar/club fut à 21 ans, au Saphir, un bar où j’ai pu mixer plusieurs fois et où j’ai eu une résidence pendant un an avec d’excellents partenaires de crimes; la vie fait bien les choses parfois! C’est à cet âge que j’ai eu la piqûre du nightlife, la musique forte, les amis, les conquêtes et le djing.

Quand je sortais, j’avais l’impression d’être libre et de pouvoir être moi-même, je suis une personne relativement calme et introvertie à la lumière du soleil, mais dès que la lune prenait le contrôle du ciel, je devenais l’opposé de moi-même et spécialement sur une scène. J’adorais ce côté de ma personnalité, elle me faisait du bien, on était partenaire à part entière et je ne pouvais pas demander mieux.

Je sortais environs 4 à 5 fois par semaine au centre-ville, la scène électro était comme une petite famille, tout le monde se connaissait et s’aimaient et s’entraidaient, c’était le fun de sortir. C’était dans le temps (moment où je me sens vieux) où les médias sociaux n’étaient pas encore présents et où la magie de l’obscurité était encore palpable. C’était un mode de vie épuisant, un peu vide de sens, abstrait, mais ô combien satisfaisant! L’excès, la débauche, la folie et le lâcher-prise étaient le remède de nos maux de jeunes adultes mécompris et rebelles.

Jusqu’au jour où, pendant une soirée comme tu en as passé mille autres, tu perds la carte. Elle se met en petite boule et se lance elle-même loin, loin, loin de toi pour te faire comprendre que ça ne va plus. La carte est loin derrière et c’est de même pour ta jeunesse folle et sans limites. Tu comprends maintenant que tu n’es plus ce que tu étais, le party animal est dans son terrier et va hiberner à tout jamais, tes nuits endiablées sont terminées.

C’est ce que ça fait la fin vingtaine, elle t’amène dans un terrier que tu commences à bien décorer vu que tu y passes la majorité de tes temps libres. Tu as besoin d’être seul, tu as passé beaucoup trop de temps avec plein de personnes de qui tu ne te souviens plus du nom. Maintenant, au lieu de passer la moitié de ton salaire dans les soirées au clair de lune, tu la passes dans ton appartement et sur tes factures d’adulte responsable. Tu sortais 4 à 5 fois par semaine, maintenant tu sors 1 fois aux 4-5 semaines parce que tu te sens un peu obligé, ton sofa a besoin de respirer un peu et tu as le goût de revivre ta jeunesse. Tu le prends un peu comme une tâche, tout comme descendre les poubelles, mais c’est nécessaire sinon ça risque de ne pas sentir bon dans la maison!

Finalement, je suis rendu à 30 ans. Ça me prend 3 jours me remettre d’une soirée, dès que minuit arrive, je baille ma vie tout en dansant, mais dans le fond, j’aime toujours autant sortir, c’est mon corps qui ne me suit plus. Je lui fais faire des misères, mais c’est pour mon bien-être mental. Il va s’en remettre, peut-être pas dès le lendemain, mais cela va venir éventuellement. Ce n’est pas parce que tu vieillis qu’il faut que tu changes du tout au tout, il faut seulement s’adapter et le party peut continuer encore pendant bien des années!