Aimer son corps dans la vingtaine, est-ce possible?
d’idée : beurk, comment je fais pour avoir autant de gras. Des matins, je l’aime ma petite bedaine, d’autres matins absolument pas. Tout ça dépend du nombre de publicités sexiste que j’ai rencontré au courant de la journée où les femmes sont complètement artificielles. Le scénario reste le même pour les hommes aussi. À force de voir des hommes musclés et bien membrés, ils finissent par avoir des complexes de leur corps.

J’ai passé une bonne partie de mon secondaire à être bien dans ma peau, à avoir confiance en moi et à aimer mon corps. Peut-être par naïveté ou peut-être aussi juste comme ça aussi. Du jour au lendemain, tout ça a changé. Je me suis mise à détester mon corps et à avoir des milliers de complexes. Je ne sais pas comment ni pourquoi s’est arrivé. Mais en même temps, à la quantité de publicité sur internet, à la télévision, dans les magazines, etc. où il y a des femmes et des hommes avec des corps irréalistes, c’est difficile de ne pas avoir de complexe. On nous rentre ces images dans la tête à coup de matraque jour après jour.
On devrait être en mesure d’aimer notre corps, car c’est le seul que nous avons, mais les médias de masse nous font comprendre qu’il n’est pas à la hauteur. On nous bombarde de ventres plats, de gros seins, de pectoraux gonflés, de fesses ferment, d’abdominaux proéminents, de longues jambes minces, d’une belle grosse bosse dans les pantalons pour les hommes. Comment sommes-nous sensés aimer notre corps avec ses imperfections si tout ce qu’on voit 7 jours sur 7, 24 heures sur 24 ce sont des corps dits «parfaits»? Qui a décidé que c’était ça la beauté qui était socialement acceptable?
La vérité derrière tout ça, c’est qu’en fait tout le monde est complexé de ne pas ressembler à ça, mais personne ne veut vraiment ressembler à ça. C’est seulement le résultat de la pression sociale. Ils ont réussi à nous faire croire que nous devions avoir des corps parfaits pour sentir qu’on fait partie de quelque chose. Sauf que les gens qui ont ces corps sont une minorité.
Pourquoi on ne nous montre pas du vrai monde? Du monde comme vous et moi? On sentirait tellement plus qu’on fait partie de quelque chose. Je veux voir des vergetures, des varices, de la cellulite, du gras, des poignées d’amour, pour les hommes comme pour les femmes. Je veux voir du poil, des petits seins, des petites fesses, des grosses fesses, des femmes rondes, des femmes petites, grandes, minces, avec de l’acné. Je veux voir des hommes avec des petites bedaines, avec du poil, sans muscles, plus petits, sans «man bun». Tout ça est tellement naturel, pourquoi le cacher? On doit voir du vrai monde qui ont les mêmes «défauts» que nous pour savoir que nous ne sommes pas les seuls à avoir des vergetures sur les cuisses ou des petits seins.

J’ai le goût de me lever un matin, d’explorer mon corps de fond en comble et de le trouver beau. Oublions les bombardements de corps parfaits, l’imperfection est beaucoup mieux. Il y a quelque chose de vivant dans l’imparfait. Aucune plasticité. Rien de rose bonbon. Juste la vérité toute crue.
La vingtaine, c’est le meilleur moment pour apprendre à aimer son corps et à s’aimer soi-même parce que notre corps est à son apogée. De toute façon, c’est le seul qu’on possède et on n’y peut rien. Même si je voulais ressembler à Jennifer Lawrence, je ne pourrais pas, alors à quoi bon les complexes! Il faut valoriser la confiance et l’estime de soi. Surtout à notre âge. On est maintenant quelqu’un et on doit être en mesure d’assumer pleinement qui on est.
Je m’appelle Camille, je fais 5’’ de haut, j’ai des poignées d’amour, des bonnes fesses et les cuisses qui viennent avec, des petits seins, une grosse face ronde, des yeux bruns plates, des lèvres pulpeuses. Je m’assume tel que je suis et un jour j’aimerai mon corps.