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Le syndrome de l’imposteur

Par Aglaé Pagé Duchesne – le dans Chroniques
Décider de ce qu’on veut faire de sa vie. Jeune, on nous dit qu’on a tout le temps d’y penser, on s’imagine faire plein de choses qu’on aime vraiment ou non, qu’on possède un quelconque talent pour le domaine ou non, juste parce que c’est cool de rêver. Mais vient un moment où on doit faire un choix.

Les gens qui me connaissent pourront le confirmer, faire des choix, ce n’est pas mon fort. À 25 ans, je crois être sur une bonne lancée, je commence à faire quelques pas sur la voie qui me semble la bonne, mais encore, il y a toujours une petite voix dans ma tête qui vient foutre le bordel. Est-ce que c’est vraiment ça que je veux faire ? Est-ce que je suis vraiment capable de le faire ? Une partie de moi a toujours l’impression d’être une fraude ou de se flouer elle-même. D’avancer sur une avenue qui n’est pas faite pour moi.

Y’a le doute aussi, celui de passer à côté de quelque chose, peut-être de mieux. Au secondaire, quand j’ai dû faire mon choix de programme pour le Cégep et que j’ai décidé que j’allais étudier en Arts et lettres, j’ai eu droit à des commentaires du genre « Tu devrais aller en sciences humaines, ça t’ouvrirait ben plus de portes » ou encore « C’est une perte de temps, tu pourrais faire tellement mieux ! » La jeune fille en moi en a été très affectée et, encore aujourd’hui, je me demande si, justement, je ne pourrais pas « faire mieux ».

Mon choix s’est porté sur l’écriture. Je veux écrire. N’importe quoi, tant que je peux m’exprimer par les mots. Mais je me sens comme un imposteur de vouloir devenir une auteure, parce que les auteurs que je lis ont de bien meilleures idées que les miennes et écrivent bien mieux que moi. Qu’est-ce qui me donnerait le droit de m’immiscer dans leur bande au lieu de trouver ma vraie voie et simplement continuer de me faire plaisir en écrivant dans mon journal intime ? Et si je réalisais un beau jour qu’au fond, j’aurais préféré être médecin, recherchiste, architecte ou plombier ?

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Mon syndrome de l’imposteur se traduit par le fait que j’ai l’impression de ne jamais en faire assez pour atteindre mes objectifs. Une genre de paresse ou de simple procrastination, va savoir. Comme si vouloir écrire pour gagner ma vie signifiait écrire, tout le temps, sans arrêt, jour et nuit, alors que personnellement, si j’écris une fois par semaine, c’est que je suis dans un bon mood. J’y pense tout le temps, j’essaie toujours de trouver de nouvelles idées, sans compter toutes les fois où une idée, même déjà écrite, ne me plaît plus le lendemain matin parce qu’elle n’est pas « assez bonne » et que je m’efforce d’en trouver une nouvelle. Mais on dirait que puisque je ne passe pas tout mon temps avec un papier et un crayon à la main ou devant mon ordinateur, je perds mon temps, je me proclame auteure alors que je ne suis qu’une fraude. Parce qu’un auteur, c’est censé écrire!

Heureusement, j’ai trouvé une petite bouée à laquelle me raccrocher.

Encore une fois, les gens qui me connaissent pourront le confirmer, je suis une fan finie de Michel Tremblay. L’été dernier, je suis allée visiter l’exposition « L’Univers de Michel Tremblay » à la Grande Bibliothèque de Montréal et, dans un court extrait vidéo, un jeune Tremblay expliquait qu’être auteur, ça ne signifie pas, justement, d’écrire en tout temps, mais de toujours réfléchir à ses idées et ses créations, sans nécessairement les coucher sur papier à chaque instant.

C’est donc par une belle journée de l’été 2015 qu’encore une fois, Michel Tremblay est venu me toucher droit au cœur, mais d’une manière encore plus grande qu’à travers ses livres. Grâce à ses paroles, je n’ai (presque) plus peur de dire que je suis auteure. Même si je n’écris pas tous les jours. Même si je ne suis pas lue par des milliers de personnes.

Et vous, ce syndrome de l’imposteur, vous connaissez ? Si oui, avez-vous trouvé un moyen de passer par-dessus, ou du moins, de vivre un peu mieux avec ?

P.S. : Dans le film Rock’n None 2, le personnage de Whoopi cite un passage des Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke : « Ne me demandez pas si vous êtes bien un écrivain. Si, quand vous vous levez le matin, vous n’arrivez qu’à penser à l’écriture, alors vous êtes un écrivain. »

Fait que, bam!, je suis une auteure.

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