Qu’est-ce que tu vas faire avec ça?
La salle était remplie de futurs étudiants pleins de rêves et d’espoir et de parents que la réalité venait tout à coup de rattraper. Le directeur de programme commençait son pitch de vente lorsqu’un cégépien inquiet leva sa main. «Oui, mais monsieur on fait quoi en études littéraires? »
Ça y est. La question était lancée. Cette question qu’un peu tout le monde va vous poser si vous choisissez le merveilleux, mais ô combien effrayant monde des lettres.
Avant toute chose, ne vous fiez pas aux préjugés. Sachez qu’on travaille fort en littérature. Eh oui! Attendez-vous à lire beaucoup. Trop. À un point tel qu’une fois votre beau diplôme encadré, vous aller faire un break de lecture. Vous allez lire plusieurs – tous – genres littéraires. Vous passerez du roman policier au récit érotique. Vous allez découvrir et redécouvrir vos classiques jusqu’à vouloir oublier l’existence de Jean-Baptiste Poquelin dit Molière. Vous allez lire des œuvres dont vous ignoriez l’existence et dont vous auriez souhaité ne jamais la connaitre.
Vous allez écrire beaucoup. Des critiques, des comptes rendus, des comptes rendus critiques, des résumés, des analyses, des haïkus et des nouvelles. Peut-être même un roman ou un scénario de film. Vous aller recevoir les critiques parfois constructives, parfois maladroites de vos camarades de classe et de vos professeurs. Cœur sensible s’abstenir: votre égo va en prendre un coup, une grosse shot d’humilité en pleine face.
Parfois, vous aurez à choisir. Choisir entre changer une partie de votre œuvre pour avoir un A ou la garder telle quelle. Beau dilemme moral!
Puis au bout de trois années passées à lire, critiquer, analyser, comprendre, apprendre, vous cultiver et grandir. Vous recevrez un merveilleux bout de papier qui portera la mention de Bachelier ès arts.
Mais une question persiste toujours, n’est-ce pas? Maintenant que vous savez ce qu’on fait durant des études universitaires en études littéraires, vous vous demandez ce qu’on fait après? Je me souviens très bien qu’à la journée d’informations, une maman découragée avait demandé s’il y avait vraiment des débouchés. Elle avait fait une drôle d’expression lorsque mon directeur de programme lui avait répondu «qu’avec un baccalauréat en études littéraires on ne fait rien… et son contraire».
On devient écrivain ou pas, éditeur ou pas. On plonge dans le monde de l’enseignement ou pas, on travaille à la pige et on en arrache financièrement ou pas. On devient rédacteur, journaliste, chroniqueur culturel, libraire, recherchiste, correcteur ou pas. On travaille dans la fonction publique, pour un organisme culturel, dans un musée. On devient directeur de programme d’études littéraires et on donne des réponses évasives à des mères anxieuses, ou pas.
Des débouchés il y en a mille et pas un à la fois. Ça dépend de la voie que vous choisirez, de votre talent, de vos efforts et des opportunités. Vous tracerez votre propre chemin. Sachez simplement qu’il y a des chemins plus sinueux, mais tellement plus magnifiques que d’autres.
Par Annabelle MG
Collaboratrice spontanée
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