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La culpabilité de manger

Par Nerds – le dans Santé

J’ai déjà eu une relation comparable à celle de Clark Kent et de la kryptonite avec la nourriture. Pis même si je ne me suis jamais fait vomir, même si je n’ai jamais sauté un seul repas, même si je n’ai jamais eu de rages de bouffe, même si je n’étais pas malade selon la définition du Larousse et du site web de l’ANEB, ce comportement-là n’était ni sain ni normal.

Aujourd’hui, pour trop d’entre nous, le désir d’être fit/en shape surpasse de 2 358 739 morceaux de robot la volonté d’être en santé. Pis je trouve qu’on en jase pas assez, de ça. On se concentre toujours sur les extrêmes, négligeant la zone grise aux limites floues entre un mode de vie sain et l’obsession frôlant le trouble alimentaire, limites avec lesquelles trop jouent, femmes ET hommes. Et l’affaire qui me motive à faire un striptease mettant à nu ici mes maux honteux, c’est que je suis pas mal certaine que je ne suis pas la seule à avoir joué à mettre les pieds de chaque côté de la frontière, à ne pas avoir profité pentoute d’un bon repas parce qu’à chaque bouchée, je calculais mentalement le nombre de squats ou le temps de spinning qu’il me faudrait faire le lendemain au gym pour tout brûler. Je n’avais pas fait de math depuis le cégep, mais ça, je savais le compter à la vitesse de Rain Man.

Parce que, par moments, je me suis déjà sentie coupable de manger. Et quand j’étais dans mes SPM pis que j’me trouvais laide, grosse, beige pis plate, ces moments-là étaient plus fréquents. Je m’en voulais d’avoir des envies viscérales de Kit Kat, et je me sentais forte quand je réussissais à ne pas succomber à ces déraisonnables et inutiles calories. Je me trouvais donc ben bonne! T’sais, j’étais conne.

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crédit photo: Huffington Post

Dans la vie, je ne pense pas être un cliché. Je suis une fille qui marche la tête haute, qui sait où elle s’en va, qui dégage une assez forte confiance en elle. Je dis sans filtre mes opinions, idées et jokes drôles-pas-tout-le-temps-mais-souvent et je ne camoufle jamais mon corps dénudé avec un drap quand mon chum rallume la lumière après qu’on ait fait l’amour. Ce que j’essaie de vous dire, c’est que j’ai confiance en moi, psychologiquement et physiquement parlant. Fait que, aujourd’hui, l’orgueil trouve ça difficile en maudit de tatouer les internets de manière permanente d’une des failles de ma personnalité de supposée femme forte capable de se défendre des coups de batte de baseball donnés par la pression sociale, par le culte de la beauté et ses stéréotypes inatteignables et par mes besoins de contrôle sur quelque chose de concret dans la vie. Parce que même si je le voulais, même si j’essayais fort fort fort de projeter le contraire, je n’étais pas au-dessus de l’autoflagellation constante pour rentrer dans mes skinny jeans.

Pourtant, je suis une fille intelligente, là. Et malgré mes monologues intérieurs où je me répétais justement l’absurdité et la débilité de mon sentiment de culpabilité, je m’en voulais, je m’aimais moins. Aussi, moi qui ai toujours été très sportive, j’avais perdu le plaisir de bouger parce qu’inconsciemment, j’avais associé l’entrainement et le sport à une espèce de punition pour avoir dévié de mon plan alimentaire. Ça ne faisait aucun sens et je le savais.

Soyons clairs: je ne veux quand même pas jouer du violon larmoyant ou banaliser le véritable enfer de l’anorexie mentale en pitchant mon histoire banale dans cette semaine de prévention des troubles alimentaires. Je mangeais trois fois par jour et je finissais majoritairement par succomber à chacune de mes envies.

Mais j’avais une relation hyper malsaine avec la nourriture, une relation qui aurait pu dégénérer, qui dégénère pour certaines personnes. J’entretenais un rapport destructeur et négatif avec ce qui me donnait l’énergie pour vivre, avec le carburant de mon corps et de mon esprit, pour des raisons superficiellement connes.

Sauf que, à un moment donné, j’ai eu la chienne. C’est que, selon moi, la liberté est un concept ancré tellement profondément en l’humain, que même lorsqu’il agit sous l’influence de pulsions autres, de la maladie mentale par exemple, il se convainc et tente de convaincre les autres que ses agissements et ses pensées sont volontaires et, surtout, libres, simplement pour ne pas feeler faible (ou malade) d’agir contre son gré.

Et moi, j’étais justement rendue à me convaincre que j’agissais par choix, suite à mes propres réflexions exemptées du brainwash socioculturel. Je me convainquais que mes raisons étaient au-dessus du superficiel, je me convainquais que je ne m’étais pas perdue quelque part dans le paraître et ses alentours pas essentiels. Et là, je me suis tannée de me traiter comme de la marde. Parce que j’aimais la personne que j’étais et je ne comprenais plus trop pourquoi je devais porter 10 livres de moins pour l’aimer plus. J’étais hyper chanceuse, j’étais en santé. Ben oui, je n’échapperai pas aux clichés. Parce que ça a tellement changé mon rapport avec la nourriture, de décider que j’allais désormais me concentrer sur les bienfaits positifs que m’amenait une saine alimentation, c’est-à-dire beaucoup moins de stress, beaucoup plus d’énergie, et beaucoup plus de joie dans la simple action d’exister. J’ai décidé que j’allais retrouver le plaisir de faire du sport pour le simple plaisir d’en faire et pour le bien que cela procure.

Je ne ferai pas ma guru en t’écrivant en majuscules de «traiter ton corps comme un temple». Parce que je le sais pis tu le sais toi aussi. C’est d’une limpidité, de savoir que t’es pogné à l’intérieur d’un char diesel que tu dois bien huiler et dans lequel du dois mettre la bonne sorte de carburant pour qu’il fonctionne bien. Je n’étais pas tenue de tomber dans les clichés pour exprimer ça, je l’avoue.

Je ne ferai pas non plus une jasette sur les vraies maladies complexes nécessitant une aide interdisciplinaire spécialisée: les troubles alimentaires mentaux. Parce que je ne me suis jamais battue contre un de ces maux et que je ne suis guère une spécialiste en santé physique ou mentale pouvant citer des statistiques de mémoire et répondre pertinemment à des questions pointues sur le sujet. (Toutefois, le manque d’informations encourage certainement la banalisation de certains comportements malsains et dangereux à long terme, ainsi, je vous invite à en jaser sans retenue autour de vous.)

Mais je peux vous jaser du quotidien de la majorité, du concret qui peut sembler inoffensif.

Genre l’article présentant les mannequins de Victoria’s Secret ayant comme titre : Réfléchissez avant de sauter votre séance de gym! (T’sais, comme si on ne pouvait pas s’entraîner pour se sentir bien et comme si on ne pouvait pas se trouver belles telles que nous le sommes, sans le physique d’un mannequin) Ou genre les compliments qu’on fait à quelqu’un pour le féliciter de sa perte de poids, comme si c’était indubitablement associé au bien-être de ladite personne ou à une réussite. Ce sont des choses involontaires, qui ne sont même pas mal intentionnées. Mais ce sont des choses qui, lorsqu’on prend le temps de réfléchir, défient toute logique, banalisant, en plus, la fixation insensée et malsaine que l’on fait sur le poids et l’apparence physique.

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Je ne vous en parle pas en tant que snob qui serait au-dessus de toutes ces affaires-là aujourd’hui.

Je le fais parce qu’on est une couple à se penser au-dessus de toute la patente obsessionnelle du culte des stéréotypes de la beauté. On est une couple à croire que parce qu’on ne se fait pas vomir, on n’a pas une relation malsaine avec la nourriture et le sport. Que parce que ce qu’ils ne sont pas destructeurs physiquement parlant, il n’y a rien d’inquiétant dans nos comportement. Pourtant, on est une couple à perdre la bataille avec ce qui se passe dans notre tête, là où c’est le plus dangereux. Y’a pas de Polysporin pour les ravages psychologiques et même si y’en avait, c’est aussi facile d’atteindre cette zone-là de notre malaise que de s’autogratter le milieu du dos.

Un trouble alimentaire, ça va au-delà de la nourriture. C’est une brisure que t’as pas patché encore qui mine ta confiance en toi ou c’est un désir de contrôle sur ce qui entre ou sort de ton corps, quand tu as perdu le contrôle sur tout le reste autour. C’est loin d’être un caprice d’enfant gâté pour ressembler aux femmes dans les magazines.

Si tu n’es pas heureux/heureuse dans ton corps aujourd’hui, dans 2 mois, avec tes 10 livres de moins, tu ne le seras pas plus. La confiance en soi, ça ne se calcule pas sur une balance.

Anyways, on passe sa vie avec une âme et non pas avec un physique. Et on va se dire les vraies affaires, le pourcentage de gras est la dernière affaire à laquelle on pense quand on est tout nu ensemble. Alors, ce n’est pas normal de prioriser son tour de taille avant ses signes vitaux.

Fait que soyez donc en santé pis drôles pis intelligents pis généreux pis honnêtes pis après, et seulement après, checkez si vous avez vraiment besoin d’un six packs et de quelques livres en moins pour aimer davantage la personne que vous êtes, vous trouver beaux as hell et être heureux et plein de confiance en la vie.

Par Karine CA
Collaboratrice spontanée

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