Ça fait deux ans.
Deux ans qu’on t’a annoncé ça.
Deux ans que tu as eu ta première chimio et ta première de multiples chirurgies lourdes.
Deux ans que chaque semaine quand j’arrive chez vous, j’ai peur que tu me dises que t’en peux plus.
Deux ans que je pleure, souvent.
Ça fait six mois.
Six mois qu’on t’a dit que ton corps réagissait bien à la chimio et que tu te remettais bien des chirurgies.
Six mois qu’on t’a dit que les métastases étaient parties, que tu étais guéri.
Six mois qu’on arrive à faire des blagues à propos de la maladie.
Six mois que tu t’es remis à ta passion à laquelle tu avais pas touché en dix ans.
Ça fait trois mois.
Trois mois qu’on t’a dit que le cancer était revenu aussi vite qu’il était parti.
Trois mois que tu as recommencé la chimio.
Trois mois qu’on parle encore de chirurgie.
Trois mois que t’es malade comme un chien.
Ça fait trois jours.
Trois jours qu’on t’a dit que tu es pas opérable.
Pis ça fait trois jours que tu parles pas.
Tu parles pas, parce que tu réfléchis.
Pis quand tu vas parler, ça sera final bâton, peu importe la décision.
Si tu parles pas, ben moi je vais parler.
Ça fait deux ans que tu te bats.
Ça fait six mois que je dis à tout le monde que t’es mon héros (et tu le sais).
Ça fait trois mois que j’ai compris ta rage de vivre.
Ça fait trois jours que je veux te hurler de pas abandonner.
Je te le hurle par écrit, papa.
Abandonne pas.

Par Béatrice Leduc-Ostrowski