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Fais-moi une place

Par Geneviève Gauthier – le dans Amour
Sartre l’a bien dit et en peu de mots. L’enfer c’est les autres. Mais l’enfer c’est aussi que l’on ne peut pas vivre sans les autres. C’est là, toute l’absurdité de notre existence. J’ai besoin de l’autre pour ne pas souffrir et c’est à cause de l’autre que je souffre.

C’est l’éternelle dualité de la vie. On croit souvent avoir raison, mais la vérité est partielle. Ici je vois du vide; là tu vois du plein; c’est parce que tu n’es pas là où je suis. La tendance est à la méfiance. Et pourtant, tout le monde veut la flamme, mais personne ne veut risquer de se brûler. Avec raison sans doute, parce que le feu, au risque d’évoquer le pléonasme, ça brûle et ça fait mal.

Mais je pense que ce qu’on tente de se cacher, c’est le besoin qu’on ressent de se faire aimer. L’envie brûlante de dire à l’autre: fais-moi une place. Une petite place de rien du tout. Une petite place dans un recoin de ton cœur. Une petite place dans ta bulle, comme chantait Julien Clerc.

On voudrait pouvoir dire qu’on ne dérangera pas. Qu’on saura aussi quoi dire quand les mots sembleront manquer, qu’on saura aimer comme il le faudra et quand il le faudra. Qu’à travers le vacarme incessant des allées et venues du quotidien, on saura se taire. Parce que si les mots sont souvent nécessaires, ils sont parfois de trop. L’art de parler est plus populaire que l’art de se taire. Et pourtant, bien des guerres n’auraient pas eu lieu si l’on avait simplement su retenir nos mots.

On n’ose pas demander à l’autre de nous faire une place dans sa vie. On a peur de l’engagement, de l’échec aussi. On a perdu cette confiance en l’autre. On appréhende ceux que l’on rencontre, on se méfie d’eux. Et s’ils nous voulaient du mal? Et si, maladroitement, lors d’un échange banal, ils nous brisaient un peu? Et si ces blessures restaient pour toujours? Et si on ne s’en remettait pas? Beaucoup de si pour quelque chose d’aussi ancré en nous. Quelque chose d’aussi naturel et essentiel que le contact avec l’autre.

Regardez les enfants. Ils ont une résilience et une facilité à approcher l’autre. C’est parce qu’à cinq ans, ils n’ont pas encore tout à fait conscience des murs que l’on bâtit. Ces barrières qui sont le résultat de nos blessures. De nos expériences douloureuses, ces barrières qui veulent protéger, mais qui ne font que séparer. Ils s’en rendront compte bien assez rapidement. Trop rapidement, sans doute.

C’est un peu le mal du siècle, la peur de l’autre. C’est un mal qui saute aux yeux, quoique sournois. Dans l’autobus, dans le métro, à l’université et au bureau, le contact humain est limité à la nécessité la plus totale. Tout est aseptisé, figé à l’eau de Javel.

Je crois que collectivement et individuellement, on devrait aspirer à l’ouverture. Laisser l’hiver se charger du froid qui nous sépare et défier notre réticence. Embrasser le contact avec l’autre, s’en nourrir, s’en servir pour grandir. Prendre le temps de faire de la place à l’autre. Se donner le droit de demander à l’autre de nous faire une place.

Il faut retrouver notre âme d’enfant et recommencer à avoir confiance. Faire comme le premier jour d’école en rentrant à la maternelle, en grimpant dans l’autobus, quand on est arrivé pour s’asseoir sur un gros banc vert en cuir et demander au petit gars à côté: est-ce que tu peux me faire une petite place?

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