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La force de sa fille

Par Hugo Cournoyer – le dans Bien-être, Chroniques

Ces mots ont été écrits par sa fille, ma sœur, alors qu’elle avait les yeux posés sur lui, pendant qu’il faisait semblant de dormir, ses veines remplies à parts égales de métastases et de morphine.

Le voir ainsi est à la fois difficile et soulageant. Il prend la chose comme je m’attendais qu’il la prenne : paisiblement. Il accueille la mort comme on accueille un vieil ami. Il se prépare à la mort comme on se prépare à partir en voyage. Du Bruno tout craché. Il est extrêmement fier de nous. Il est heureux et satisfait de la vie qu’il a vécue, et c’est le sourire aux lèvres qu’il partira.

Je ne pleure pas devant mon père. Je ne veux pas qu’il me voit triste, je veux qu’il me voit heureuse, car je sais que ça le rend heureux. Je ne veux pas qu’il me voit pleurer. Je ne veux pas qu’il pense qu’il me fait de la peine, qu’il se sente mal de partir. Je suis faite forte, comme lui, et je le vis comme je dois le vivre.

Je ne vivrai cet instant qu’une fois, autant le vivre comme il le faut, à 100 %, maintenant. Ça devait arriver, c’est là. On fonce, on y va. Si je veux en profiter, c’est maintenant ou jamais. Je profite de chaque instant précieux qu’il reste et je les apprécie énormément.

Si on m’avait demandé il y a cinq ans « comment penses-tu que la mort de ton père va se passer? », j’aurais répondu à peu près ce qui se produit en ce moment. Les chances étaient élevées que papa ne nous annonce pas son cancer. C’est comme ça, papa ne veut jamais faire de drame. Il aurait pu le dire comme il aurait pu ne pas nous le dire. Il a décidé de le garder pour lui jusqu’au dernier moment et c’est bien comme ça. Pas plus tard que l’année passée, je m’étais posé la question : quand? Dans deux ans? Dans dix ans?

Eh bien c’est maintenant, finalement.

Les événements sont difficiles, mais comme chaque fois que je vivais quelque chose de difficile, mon père arrivait toujours à trouver les bons mots pour dédramatiser et relativiser. Chaque fois, il arrivait à me réconforter et à me faire comprendre qu’au fond, ce n’était pas la fin du monde et que je m’en sortirais. Le mini-Bruno qui vit dans ma tête m’a dit ceci :

« Tu sais, Émie, ça fait partie de la vie. C’est inévitable. La mienne achève, ça aurait pu être dans dix ans comme ça aurait pu être il y a dix ans, mais là, c’est là. Aurais-tu été plus prête dans 10 ans? Probablement pas. J’ai fait mon boute, ch’uis dû pour partir, ainsi va la vie. La mort est inévitable et t’sais, au fond, ça a ça de précieux en ce sens que ça n’arrivera qu’une fois. »

Puis, c’est ça qui m’a donné la force d’affronter la mort de mon père. C’est sa voix, à lui, qui me parle dans ma tête et qui arrive à faire ce qu’il a toujours fait.

Mais malgré ma force, la mort de mon père me fait vivre quelques regrets. Je dois accepter que je ne pourrai plus lui parler physiquement. Je dois accepter qu’il ne pourra plus me réconforter quand ça va mal. Mais d’un autre côté, rien ne m’empêchera de lui parler en me parlant, et il est capable de me répondre et me réconforter en me répondant dans ma tête. Cependant, je dois accepter qu’il ne pourra pas être grand-père. Je sais qu’il aurait fait un papi formidable et adoré, voire admiré. Mais papa vit au travers de nous. Papa vit dans ma tête. À nous deux, Hugo et moi, on est des mini-Bruno. Il vit au travers de nous, par ce qu’il nous a transmis, par son amour qui est d’une force immense, si gigantesque qu’il ne mourra jamais. Si moi ou Hugo avons des enfants un jour, ils connaîtront leur grand-père au travers de nous et des autres, parce qu’il est en nous.

Chaque jour, depuis que je suis au chevet de mon père, j’en apprends énormément sur lui. L’amour que Bruno a pour chacun de nous, et l’amour qu’on a pour lui, transcende la mort. C’est un amour réciproque si puissant qu’il a le pouvoir de le faire vivre au travers de nos cœurs.

— Émie Cournoyer, 24 ans

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