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Quand j’étais nerd…

Par Collaboration spontanée – le dans Chroniques

Automne 1997, ça m’est tombé dessus d’un seul coup, je suis devenue nerd! C’est arrivé chez l’optométriste lorsque le vieux docteur Bélanger posa sur mon nez (malédiction!) une paire de barniques… Petite blondinette à lunettes de sept ans, j’étais comme prédestinée aux six longues années qui m’attendaient en tant que «bolle» et «nerd» de l’école Jean-Duceppe. (Je me souviens d’ailleurs d’un soir, où je demandai à ma maman la signification de «bolle» … C’est dire!) Quoiqu’il en soit, j’aimais l’école, j’adorais répondre aux questions du professeur en levant ma petite menotte bien haut et en soupirant quelques «moi!moi!moi!» Désespérés… Sans m’en rendre compte, je courais quand même un peu après ma réputation.

Malgré tout, les premières années du primaire étaient agréables. J’étais insouciante et bourrée d’une imagination qui me gardait loin de la détresse, j’avais des amies sincères et des professeurs géniaux. Mais un jour, vers la 3e année, mon p’tit bonheur s’est assombri et les railleries des camarades ont commencé à se faire plus insistantes. Deux jeunes filles étaient particulièrement méchantes et s’évertuaient à m’humilier dès qu’elles le pouvaient. Cette année là, j’étais dans la classe de madame Aline (mais dans ce temps là ont disait pas ça «madame» alors c’était plus comme «Aline la pofine») et je faisais du théâtre avec Nathalie (la meilleure prof de troisième). C’est ironique parce la pièce qu’on montait c’était Le Petit Prince qui parle d’amitié, d’amour et de défauts qu’il faut apprendre à aimer pour grandir… J’étais un peu jeune pour comprendre tout ça et quand les deux filles de ma classe (appelons les V et M) me torturaient, les larmes finissaient par couler à flot et je me renfermais sur moi-même. Quand mes parents ont compris la situation, ils se sont évidemment empressés de contacter mon professeur (Aline la pofine) parce que je n’étais pas une enfant braillarde et que je n’étais pas du genre à faire des chichis inutiles. La réponse de mon enseignante? «Vous savez, Alexandra fait du théâtre… Ce ne sont que des querelles d’enfants, il n’y a rien à faire… elle en met beaucoup pour vous impressionner…» Mes parents étaient outrés, la direction et l’enseignante étaient clairs: il n’y avait rien à faire.

Trois ans plus tard, j’étais en sixième année, les moqueries n’avaient pas cessé, mais je m’étais formé une carapace et les insultes ne n’affectaient plus vraiment. Le 11 septembre 2001, je me souviens de la date vous en conviendrai, alors que je ramenais ma petite sœur de 4 ans 1/2 à la maison pour dîner, les choses se sont corsées. Sur le petit chemin sinueux qui traversait le champ bordant mon école, M et V sont arrivées. Profitant de la présence de ma petite sœur pour m’humilier, et constatant mon indifférence, les deux compères m’ont finalement roué de coups à l’aide de leurs souliers plateformes «laittes» (très à la mode à cette époque)… Ma petite sœur impuissante pleurait tandis que je marchais péniblement vers la maison où mon autre sœur, déjà arrivée, appelait d’urgence ma mère en me voyant tituber. Le cœur de ma mère s’est effondré tandis que les tours jumelles disparaissaient de la surface de la terre.

Maman est arrivée en panique, elle a appelé la police, elle a téléphoné à l’école, on est allé voir les parents de V et puis rien… Aucune conséquence, rien. M et V ont même pu participer à la pièce de théâtre dans laquelle je tenais le premier rôle. Fin de l’histoire. C’est plate hein? Pas de punch, pas de morale… Attendez.

Je vous raconte tout ça parce que je suis un peu ébranlée depuis quelques jours. En écoutant la radio, mardi soir dernier, j’ai entendu l’histoire de David et de son fils (appelons le David Junior). Junior était victime d’intimidation à l’école depuis quelques temps lorsque David et sa conjointe décident d’intervenir. La réponse de l’école et de l’enseignante? «On ne peut rien faire, Junior doit être plus fort, nous ne le changerons pas de place (son pupitre est voisin de celui de son intimidatrice, évidemment), ils ont eu comme consigne de ne pas s’adresser la parole ni en classe ni dans la cours de récré.» Résultat: mercredi dernier, alors que Junior ramenait son jeune frère de l’école, deux compères l’ont agressé physiquement, Junior est tombé sur la glace, il ne s’est pas relevé et c’est son frère qui l’a traîné péniblement jusqu’à la maison… (En tout cas, moi j’ai fait le lien tout de suite, je me suis projetée 12 ans plus tôt: à la fois émue et outrée par la situation) Papa David est bouleversé, Junior est confus depuis mercredi dernier parce ce qu’il souffre d’un traumatisme crânien et les parents sont encore laissés à eux-mêmes.

Avec toute la sensibilisation qui se fait auprès des jeunes et avec les fondations comme celle de Jasmin Roy qui luttent constamment contre ce fléau où la loi du plus fort règne, comment est-ce possible qu’on en soit encore là? Comment se fait-il qu’on forme des enseignants en pédagogie pendant QUATRE ans pour qu’ils inculquent à nos enfants que le respect des autres s’acquiert en se montrant le plus fort? Comment se fait-il que les éducateurs de nos enfants, de notre société de demain n’enseignent pas le dialogue et favorisent plutôt la loi du silence? Sommes-nous encore à l’époque de la petite Aurore où tous et chacun fermaient les yeux pour ensuite pleurer des «j’aurais dont dû»? Je ne doute pas des compétences de nos enseignants, en général, j’ose croire qu’ils sont plus sensibles aux problèmes des enfants. Car non, l’intimidation n’apparaît pas par miracle avec les déboires de l’adolescence. La méchanceté gratuite est inscrite dans le code génétique de tous les êtres humains, c’est primitif, c’est de l’ordre de la pulsion. Apprendre à gérer ses pulsions primitives, c’est une force et une fierté de l’humanité qui s’apprend dès la naissance et que les professionnels de l’éducation ne doivent jamais oublier, même si c’est parfois le boutte tough de la job.

Par Alexandra Gosselin¸
Collaboratrice spontanée

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