Sortir la musique des prisons avec Orkestar Kriminal
C’était lors d’une journée particulièrement lumineuse que j’ai discuté avec Giselle Webber, la pétillante chanteuse du big band de gentils voyous Orkestar Kriminal, à propos du lancement imminent de leur plus récent opus, Tummel.

Composé entre autres de membres de Socalled, Clues, Gypsy Kumbia Orchestra, Les Deuxluxes, Red Mass et Monogrenade, le groupe résolument montréalais roule sa bosse depuis peu de temps avant l’édition 2012 du festival Pop Montréal. Giselle Webber, qui travaillait et travaille toujours parallèlement sur son projet Gigi French, voulait obtenir des passes pour le festival. Elle s’est donc dit : pourquoi ne pas former un groupe reprenant des vieilles chansons de prisonniers/gangsters de la période d’entre-deux-guerres?

D’après ce que Mlle Webber m’a confié au téléphone, la participation à un camp musical de tradition klezmer, à l’été 2012, l’a fortement inspirée dans la création d’Orkestar Kriminal, car elle y a découvert un répertoire méconnu. Elle dit «avoir tripé sur le genre musical» de ces mélodies jouées originalement par des musiciens parfois errants, parfois jouant dans des bars enfumés.

C’est en jasant avec «des vieux papis» dans les restaurants et les cafés de Parc-Extension, et de partout à Montréal, que Giselle et ses musiciens ont pu agrandir leur répertoire de chansons. Celui-ci se décline maintenant en plusieurs langues; yiddish, grec, russe, khmer, espagnol, danois, roumain, etc.

L’important, selon la chanteuse, est de faire revivre toutes ces «chansons louches» qui risqueraient autrement de tomber dans l’oubli. Pour rester fidèle à celles-ci, le big band fait souvent appel à l’improvisation, la meilleure façon de leurs rendre hommage étant de les jouer différemment à chaque fois : «Pour nous, les chansons sont comme des paniers; on en garde la structure, mais ce qu’on met dedans est différent à chaque fois.»
Pour Giselle, Orkestar Kriminal est une réponse aux deux solitudes que l’on retrouve au Québec, en ce sens qu’il dépasse le concept de nation pour s’attarder aux individus, aux histoires à raconter : «On passe en dehors de tout. On veut élargir les esprits.»
Ainsi, si tu as envie de t’imprégner de rythmes d’ailleurs, de la Grèce au Mexique, le lancement de Tummel se produira le 27 mars prochain au Divan Orange. À découvrir!
Par Amélie Hubert-Rouleau
Collaboratrice spontanée
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