Je me suis trouvée
Comme cégépienne, je passais mes journées (et tristement, ce n’est même pas une exagération) à lire les guides universitaires avec la liste de tous les cours de tous les programmes. Je ne savais pas quel programme choisir parce que je croyais que faire un choix c’était indirectement rejeter toutes les autres options. J’étais incapable de supporter cette idée parce qu’il n’y a pas juste un sujet qui m’intéresse. Je veux tout savoir, tout faire, tout voir.
J’étais à la recherche de la «bonne réponse». Je voulais trouver la passion que j’aimerais plus passionnément que les autres. La passionnée de la vie que j’étais me rendait éternellement insatisfaite: il y avait toujours quelque chose que j’aurais pu aimer faire encore plus.
J’aimerais vous dire que depuis, ma vie est comme une histoire de prince charmant mais en version carrière: et elle trouva sa voie, vécut heureuse et eu de nombreux enfants. La vérité, c’est que je n’ai pas eu d’illumination (ni d’enfants, thank god). Je ne sais même pas ce que je veux faire dans la vie.
Dit de même, ça a l’air un peu contradictoire avec le titre de l’article. Quand on se dit qu’on s’est «trouvé», immanquablement, on parle d’avoir trouvé sa voie ou d’avoir choisi la bonne carrière. On dirait que pour se trouver, il faut qu’on se questionne sur notre identité professionnelle.

Mon identité professionnelle n’est pas au point encore. Je vais dans plein de directions différentes, j’essaie des cours, des jobs, des implications. Des fois, je me plante. Avant ça me stressait énormément. Je n’avais pas trouvé quoi faire alors j’avais l’impression de ne pas avancer. Chaque échec (ou même semi-réussite) me donnait l’impression d’être inadéquate. Je me sentais en retard sur la vie.
C’est désagréable de ne pas se sentir à la hauteur parce qu’on ne sait pas où on va. Le plus important, c’est de ne pas trop stresser sur la question. C’est correct et même normal de se sentir perdu. En fait, je trouve que c’est bénéfique parce que ça amène à faire un retour sur soi et à se réaligner un peu. On n’a pas tendance à aller se sonder l’intérieur assez souvent.
Quand on réussit à se questionner sur soi, on découvre que la vie est peut-être moins compliquée qu’on le pensait. C’est sûr que parfois c’est difficile, mais ça n’a pas besoin de l’être absolument. En essayant de faire des plans, on overthink notre existence.
Je me suis trouvée parce que j’ai choisi d’arrêter de chercher. J’ai décidé que j’avais le droit de ne pas savoir, de ne pas être certaine. C’est correct de ne pas avoir de plan. Peut-être est-ce encore mieux.
Maintenant, je m’assure simplement d’avoir une direction. Je ne sais pas où le chemin s’en va, mais ce n’est pas important. Je sais que ce chemin s’en va quelque part.