Scuse-moi, j’ai pas l’étincelle.

J’aimerais ça te dire que dans la vie les gens vont te revirer de bord avec un minimum de classe ou d’explications.

J’aimerais ça te dire que tu peux me faire confiance, que du monde entreprenant, y’en a à la tonne…

Le problème, c’est que si je te dis tout ça tu vas me traiter de menteuse. Et dans la vie, une de mes fiertés, c’est d’être honnête.

On est en 2015. Et je t’entends déjà me parler de problème générationnel. Au fond, ce n’est pas tant la génération le problème que tout ce qui l’entoure. Comme la technologie… la fucking technologie. Parlons s’en. Ça… ça touche toutes les générations. Regarde. Des enfants préfèrent le iPad aux sports, des grands-parents prennent des nouvelles de leurs petits-enfants sur Facebook et tes amis s’appellent pu… y se textent. Et si on faisait le test d’aller porter ton CV en personne voir ce que ça donne… va-t-on te suggérer d’aller appliquer sur un site Internet? Et faire des rencontres, on en parle tu? On est rendu là.

Je vais te confier quelque chose: ce n’est pas TA génération le problème. On va se le dire, l’excuse de la génération c’est une bonne béquille. Ce soir, en rentrant à la maison, rends-moi service: appelle tes parents ou tes grands-parents et demande leur comment ils se sont rencontrés. Demande-leur comment leurs amis se rencontraient «dans le temps». Tu risques de comprendre qu’au fond les générations ne sont pas si différentes. Moi, j’ai fait le test et j’en connais qui se sont rencontrés grâce aux petites annonces dans le journal… t’sais… l’ancêtre de Tinder… avec beaucoup moins de choix.

Au final, je t’avoue que le problème ce n’est pas tant la façon de se rencontrer de nos jours, ni la technologie, et c’est surtout pas TA génération. Le problème, c’est l’engagement. Cette peur terrassante de s’engager, de s’engager dans une relation de couple, d’amitié, dans un emploi à long terme ou même dans une ligue sportive. C’est ça, la réalité. Des indécis. Des prises de décisions longues et fastidieuses. Des jeunes et des plus vieux qui veulent vivre le plus longtemps possible sans savoir ce qu’ils recherchent.

Et c’est là que je te dis, pour la grande finale: prends donc le temps, le temps d’apprendre à te connaître, de te poser des questions… mais pas trop… juste assez pour savoir si oui ou non t’as envie de telle ou telle chose. Peser le pour et le contre. Penser à toi, parce qu’au fond, penser à soi, ça devient égoïste juste quand c’est en tout temps. Là, je te demande de penser à toi (avant le soi-disant élu de ton cœur) juste avant de t’embarquer dans une histoire où tu risques d’être blessé parce qu’au final t’auras suivi le vibe sans te poser de questions… Je ne te demande pas de dénaturer tes rencontres, juste de croire en toi, en ce que tu vaux et en ce que tu mérites.

Parce qu’au fond, être d’abord bien avec soi-même, c’est ça la clé qui met fin à cette peur de l’engagement. «Scuse, j’ai pas l’étincelle.» Tu sais quoi? Pour la trouver, cette fameuse étincelle, cette petite flamme du sexe opposé ou du même sexe, eh bien il faut d’abord l’avoir en-dedans. Et pour la conserver, cette petite étincelle, eh bien faut aussi la garder en-dedans.

Je le sais que tu vas être confronté une fois dans ta vie à quelqu’un qui sait pas ce qu’il veut et c’est là que tu vas comprendre que l’ambiguïté c’est en fait bien pire que l’honnêteté. La solution dans ces moments-là, c’est d’évaluer la situation du plus loin possible, en faisant un gros zoom out et en te projetant toi-même en dehors de la situation. C’est exactement là que tu vas réussir à penser, d’abord et avant tout, à ce que TOI tu veux. Parce qu’au final, TA génération et la fucking technologie n’ont rien avoir avec TA prise de décision.

Fais-moi confiance, être indécis, ça se soigne.

Par Julie Taillon
Collaboratrice spontanée

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