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Tanné de parler de grève?

Par Sarah Leblanc – le dans Chroniques

Bon, on va arrêter d’utiliser des gros mots qu’on ne comprend pas en faisant semblant qu’ils nous appartiennent pis on va se les dire, «les vraies affaires». (P.S. Si tu te sens offusqué en cours de lecture, lis donc jusqu’au bout, tu vas peut-être finir par m’aimer.)

C’est quoi, encore, le problème?

Certains te diront que c’est la fin des services sociaux et de la qualité de vie de la classe moyenne, qu’on se fait avoir ; d’autres te diront que c’est le premier gouvernement qui est en voie d’éliminer la dette nationale et que c’est un mal nécessaire, temporaire.

J’veux surtout pas me prendre pour la fille qui connait tout, ni t’ imposer mon opinion, fa’que j’vais simplement te poser des questions, pis tu y répondras par toi-même :

  • L’argent, on la doit à qui? Quelles sont les conséquences d’avoir une dette versus les conséquences de réduire l’accès à nos acquis sociaux (étudier, consulter un médecin, un psy, pouvoir se loger quand on a le salaire minimum)?
  • Est-ce que c’est sensé, que ce soit les riches qui gèrent le portefeuille des pauvres?
  • Stimuler l’économie, au fond, ça va revenir à qui?
  • Bref, quand on l’aura éliminée, la fameuse dette, qu’est-ce qui nous restera?

Pas encore les maudits carrés rouges

Ben oui, les maudits. Encore eux.

«Carrés rouges», ça fait partie d’une longue liste de termes dont on a abusé et qui nous donnent maintenant envie de vomir (ces temps-ci, la mode c’est de dire «austérité»). On va en démystifier trois petits, vite comme ça :

«Complot de pauvres hipsters frustrés qui sont jamais satisfaits pis qui font du grabuge dans les rues, pis qui briment mon droit à aller à mes cours pis qui nous font juste perdre du temps», alias «Printemps 2015».
J’sais pas si tu y avais déjà pensé, mais y’ont peut-être des raisons de vouloir se révolter. Pis y’a probablement juste 0,01% des gens qui manifestent qui veulent foutre la marde. Pis peut-être que si tu osais aller parler à des gens qui ne pensent pas comme toi pour essayer de les comprendre, au lieu de rester enfermé dans une petite gang de gens qui pensent tous pareil pis se convainquent qu’ils ont raison, ça rendrait les choses plus claires. (Ça, ça vaut pour tout le monde, peu importe l’opinion!)

«Perte de temps de 2h qui enrage tout le monde pour qu’au final on se fasse empêcher d’aller à l’école», alias «assemblée générale».
J’sais pas si t’es au courant, mais le but d’une AG, c’est que les gens s’y présentent, que les gens discutent, et qu’ils décident  e n s e m b l e. Y’a jamais rien de décidé à l’avance. Y’a pas de complot. Y’a juste des gens avec tellement de préjugés et de colère qu’ils ne s’y présentent jamais et passent leur journée à parler dans le dos des autres comme des enfants de 12 ans. Au final, si tout le monde y allait, et que tout le monde prenait conscience du mot «respect», on pourrait peut-être commencer à appeler ça un exercice démocratique, comprendre que des pensées divergentes peuvent coexister dans un débat, et arriver à respecter le vote de la majorité.

«Session perdue, fin du monde», alias «grève».
Celui-là, t’auras amplement le temps d’en débattre à l’école. Pis encore une fois, j’essaie de pas me prendre pour une autre pis j’te dicterai pas quoi penser. Mais me semble que c’est un peu étrange qu’un étudiant se batte contre un deuxième, tandis que ce deuxième se bat pour des droits collectifs (collectifs = qui incluent les deux étudiants).

J’vais encore répondre en questionnant :

  • À quoi ça te sert de terminer ta session en juin au lieu d’en avril, si à la fin de tes études tu pourras même pas avoir d’emploi tellement le système va avoir été ravagé?

Se calmer le pompon… ou pas?

Maintenant, je suis prête à entendre vont commentaires haineux, vos paroles qui s’emportent. Pis j’vais les comprendre. Je sais que ça fait mal, se faire sortir de son petit cocon, se faire questionner sur ses valeurs. Mais c’est un mal nécessaire.

Bien que je prône haut et fort que se parler dans le respect, c’est toujours la solution, en fait, j’suis contente si ça fait qu’on s’emporte, qu’on lève le ton, qu’on s’écorche un peu. Parce que c’est la preuve qu’on en a une opinion, et qu’on n’est pas déjà devenus des machines à travailler-consommer-pis-fermer-sa-gueule (et ce serait donc ben plus facile de vivre comme ça, pourtant).

Parce que ça me redonne espoir qu’à notre âge, y’a déjà (ou y’a encore, devrais-je dire?) des gens qui se sentent citoyens, qui se sentent inclus dans le Québec et qui ont envie de choisir ce qu’il va devenir.

Tanné de parler de grève? Moi aussi. Mais depuis toujours, c’est en parlant des choses qui dérangent qu’on a fait avancer le monde.

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