Une journée de marde…

«Pourquoi ?», me demanderez vous.

«Parce que j’ai eu une journée de marde», vous répondrais-je.

Vous savez, cette journée à laquelle on repense avec un rire jaune pris dans la gorge. Celle qui vaut mieux tourner en dérision pour ne pas se retrouver assis en petite boule par terre en se balançant d’avant-arrière.

Cette journée avait pourtant débuté paisiblement, comme à l’habitude. Arrivée au bureau, le café était même déjà en route! Les dossiers du matin avançaient au rythme lent de la fille que tout le monde dérange en même temps. Que j’en vois un se risquer à me dire que les fonctionnaires «se pognent le jambon» et je deviendrai agressive, comme Hulk.

Bref, l’heure du dîner arriva. Je mangeais quand, subitement, ça s’est mis à tourner vitesse grand V devant mes yeux. Comme je ne suis pas du genre à m’énerver outre mesure, j’ai dit à mes collègues que je faisais une chute de pression et je me suis couché par terre dans notre salle à dîner, les pattes sur ma chaise. Ce devait être ma deuxième chute de pression à vie et, comme mon regard refusait de se fixer sur des points en particulier, j’ai décidé de retourner à la maison. Ça et parce que le teint à la Casper c’pas terrible pour le look.

Ah oui! Et j’avais oublié de vous mentionner que mon dos avait bloqué la veille au soir… ce qui ne m’arrive jamais non plus. Mes lombaires ont décidé de se prendre pour des mamies de 80 ans et de renier leur prime jeunesse de 23 ans.

Je fis donc un petit somme bien mérité qui me redonna un peu d’espoir pour la suite des choses: une date Tinder. Pour reprendre l’expression d’un ami «Oh lawrd!» ou, pour les intimes, j’aurais dont dû resté couchée. Je me prépare un peu, c’est-à-dire que je me mets ben de la poudre bronzante dans la face pour masquer mon costume de fantôme et je vais tuer le temps qu’il reste chez une amie.

Bon, soyons clairs, ce n’était pas du tout une date avec le futur père de mes enfants, juste un gars sympathique avec qui je m’entendais bien. Puis, j’avais pris la résolution de prendre mon été à la légère, alors pourquoi pas un verre? Je suis donc rendue au bar où on s’était donné rendez-vous, je me commande une coupe de vin blanc, parce que t’sais avoir la bouche mauve pour rencontrer quelqu’un ç’a l’air que c’pas l’idéal.

Et là, j’ouvre cette fantastique application qu’est Tinder, pour mieux me rendre compte que le gars m’avait écrit un mot deux heures auparavant pour me demander de remettre la date, car il s’était fait booker une rencontre importante… Premier blind date que j’accepte, fais une heure de bus, me suis forcée pour ressortir après avoir manqué du travail, pour me rendre compte que je suis assise toute seule au bar (branché bien sûr) et que je vais le rester: journée de marde.

Je prends l’addition sous le regard inquisiteur du serveur à qui, évidemment, j’avais dit: «J’attends quelqu’un, mais je vais prendre un verre en attendant.»

Quand j’ai repris le bus plus tard ce soir-là, pour revenir chez moi, en débarquant à mon arrêt, ce fut le déluge. D’après moi le nuage m’avait épié pour venir se déverser sur ma tête et s’assurer que le petit bout de chemin que j’avais à parcourir serait suffisant pour me détremper et me démontrer que oui… ça pouvait être encore pire.

Par contre, deux moments de ma journée furent créés par ces mêmes événements merdiques:

1. J’ai eu droit à un morceau de gâteau au chocolat pour me remonter le moral (merci, mon amie).

2. Je suis allée savourer ma première slush de l’année, assise sur un banc de parc, telle une gamine noyant ses émotions dans le sucre (merci, mon autre amie).

Ainsi, peu importe la journée qu’on vit, heureuse et moins heureuse, il est bon de savoir que les gens qu’on aime sont là pour nous.

Vous raconter cette journée l’aura rendu beaucoup plus drôle et absurde, alors j’espère que vous aurez, au moins, eu du plaisir en me lisant!

Par Fanny Cantin
Collaboratrice spontanée

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