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À l’aube de mon premier conventum du secondaire

Par Aglaé Pagé Duchesne – le dans Chroniques
Qui a dit que le bal des finissants était le dernier rassemblement de ta cohorte du secondaire? Sûrement pas le comité organisateur du conventum, en tout cas. En espérant que nos attitudes les unes envers les autres aient changé depuis.

«Wow, ça fait longtemps! Qu’est-ce que tu deviens? Ah oui, je me rappelle d’avoir vu ça passer sur Facebook, c’est vraiment super! Moi? Bah, j’ai fait mon bac en enseignement, je suis partie enseigner en France, à Madagascar, au BC et en Espagne, pis j’ai aussi travaillé pour un OBNL à faire de la sensibilisation sur la dépression dans les écoles secondaires.»

Pas pire, right? Bien que ce soit vrai, ce compte-rendu de mes derniers dix ans est si édulcoré que je ne m’y reconnais presque pas. Et les comptes rendus de mes amies et collègues de cohorte? Les accomplissements vont changer — j’ai étudié ci, j’ai pondu tant d’enfants, j’ai ma maison à tel endroit, je travaille là —, mais le résultat sera sensiblement le même: on aura toutes l’instinct de passer sous silence nos moments les plus difficiles, qui pourtant sont ceux qui nous ont le plus shapées.

La vie est drôlement faite

L’ironie, c’est qu’on serait sans doute beaucoup plus proches les unes des autres si on se parlait de ces moments-là. Nous avions si hâte d’être adultes, à dix-sept ans, alors que ce premier conventum me donne l’impression de retourner au secondaire. Je nous imagine déjà nous toiser à nouveau de gang en gang, mais surtout à nous juger sans connaître. C’est pas ce que je veux.

Je veux qu’on puisse se parler honnêtement, de jeune adulte à jeune adulte. Les questions «Qu’est-ce que tu deviens?» et «T’as fait quoi depuis le secondaire?», je nous souhaite de plutôt les remplacer par «C’est quoi les moments qui t’ont aidée à te définir ces dernières années?», ou de quoi du genre. Comme ça, on ouvre la porte à pas mal plus large qu’à une liste d’emplois dignes d’un CV pis à l’énumération de prénoms d’enfants.

On pourra se jaser de ces ruptures amoureuses qui ont bâti nos manières d’aimer, de cette erreur qu’on a faite, mais dont on est ressorties grandie, de notre réorientation de carrière, de l’amour (ou des amours) de notre vie, de ce voyage transformateur, de ce proche qu’on a perdu, de notre coming out, de nos déménagements, pis ouais, de notre job et de nos enfants, pour celles que ça concerne. Vraiment de tout.

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Qu’on prenne cette perche tendue ou pas pour nous montrer sous un jour plus authentique — plus vulnérable — nous appartient, mais je sais que je vais tenter cette approche. Et toi? Après tout, se parler des «vraies affaires» est une révolution en soi dans une société qui perpétue encore tellement de tabous sur la santé mentale et les traumatismes.

Beaucoup de choses ont changé en dix ans, et mon souhait le plus fort pour ce conventum est que notre attitude les unes envers les autres ait changé autant, sinon plus. Je pense qu’il est plus que temps qu’on remise nos attitudes juvéniles de jugement facile pour se parler entre adultes, et ça, ça doit obligatoirement passer par des conversations qui vont au-delà de l’apparence parfaite qu’on souhaite projeter de nos vies.

On s’en reparle… après le conventum.


Crédit photo couverture : Caleb Woods | Unsplash

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