Ces fois où on aurait dû se la fermer…

La chanson de Desjardins joue en boucle dans notre tête. On s’en veut. On ferait un nœud dans notre langue. On se chante « j’aurais dû ben dû donc dû farmer ma grand yeuleee! » pour retrouver le sourire et ne pas se mettre à brailler. On a blessé quelqu’un involontairement, on a eu l’air con, on s’est mis dans la merde…

Si je vous dis qui est la grande coupable, allez-vous vous sentir un peu mieux y’all?

La spontanéité est une qualité très humaine. Nous l’avons tous un peu au fond de nous-mêmes. Elle nous permet entre autres de partager avec les gens qui nous entourent et de nous sentir bien dans notre peau. Être spontané, c’est faire confiance à la bonté des gens avec notre cœur d’enfant et se permettre, un instant, de détourner nos yeux de toute l’hostilité du monde.

C’est aussi une qualité loin d’être facile à assumer. Elle peut surtout nous mettre dans le trouble quand on s’emporte dans un excès de franchise ou quand on s’abandonne au sarcasme. Il y a aussi ces moments où, en parlant trop, on expose notre vulnérabilité aux gens sournois, qui sont spontanément méchants. Toutes les fois où j’aurais dû me fermer la boîte, c’est ma spontanéité qui était la grande coupable.

Wain pis, près tout ça?

Ne vous découragez pas. Dites-vous que vous savez maintenant quelle partie de vous vous a mis dans le trouble. C’est déjà un bon début pour éviter de shooter n’importe quoi à n’importe qui la prochaine fois.

Vous vous cassez encore la tête? Je vous propose d’apprendre à connaitre mieux cette qualité à double tranchant qui peut se manifester à tout moment. Il y a aussi plusieurs façons d’être spontané dans la vie. À vous de choisir ce que vous en faites!

Tourne ta langue sept fois avant de parler

Qui ne se l’est pas fait dire en se faisant ramasser par l’oreille quand il était kid? On a tous déjà été impolis envers un monsieur ou une madame. C’est pardonnable. Quotidiennement, il arrive qu’on s’envoie tous entre nous des petits commentaires qui créent des malaises pensants. Le pire c’est que, souvent, c’est complètement dénué de mauvaises intentions. Mais il y a des fois où notre franchise nous a fait commettre des grosses erreurs.

On pense à la détenue Chapman dans Orange is the new black qui dit à la table, le premier jour de son incarcération, que la bouffe de la cafétéria était dégueulasse… À cette même table où est assise la grosse cuisinière russe épeurante. Crever de faim en tôle pendant des jours comme Chapman, c’est monumental. On a tous au moins quelques-unes de ces fois où la connerie était pas mal plus petite que la chienne qu’on a eue.

En voulant me défendre d’une gang d’Anglais qui m’avaient juste un peu taquinée à Amsterdam, je suis virée baveuse pas à peu près pis j’ai failli me faire swigner par l’un d’eux dans un des dix mille canaux de la ville. Sans joke, j’ai vu le ciel à l’envers pis l’eau de ben proche…

Il y a aussi la fois où j’ai voulu me couper la langue en disant à une de mes amies en peine d’amour, LA chose qu’elle ne voulait pas entendre. Sur le coup je m’en suis voulu à mort et elle était en beau tabarnak après moi. Quelques jours plus tard, elle m’a prise dans ses bras précieux et réconfortants pis elle m’a remerciée. Je l’avais aidée à faire un move.

Être spontané et franc, c’est prendre des risques. Pour le meilleur et pour le pire.

L’arme et le sceptre de bonté

Je suis une toute nue du dedans. Mes tripes sont à découvert tous les jours de ma vie. Je suis faite ainsi. Une grande gueule trop transparente. Un livre ouvert… dont on peut parfois arracher les pages. Je suis une personne un peu naïve, je dois l’avouer. Je donne souvent l’occasion aux autres de me rentrer dedans malgré moi parce que je dis tout ce que je pense. J’utilise ma spontanéité pour partager avec les autres et faire du bien aux gens. J’aimerais qu’elle me serve parfois à mieux me défendre.

L’arrogance et le sarcasme peuvent aussi passer par la spontanéité pour jaillir de notre gueule. C’est parfois involontaire de notre part. Si c’est volontaire, on appelle tout simplement ça de l’arrogance et du sarcasme. Point. Des défauts qui penchent du côté de la méchanceté. Ceci m’amène à vous présenter deux façons d’avoir la langue déliée.

Les spontanéités se confrontent

Une personne de ma connaissance dont j’admirais l’intelligence et que je trouvais particulièrement brillante m’a raconté un jour une anecdote que j’avais trouvée particulièrement humaine et remplie, justement, de spontanéité, de bonté et de joie de vivre. Donc, la spontanée-naïve que je suis m’a poussée à partager avec cette connaissance l’idée géniale qu’elle venait de m’inspirer. En retour, cette personne m’a fait comprendre que nous étions deux personnes complètement différentes. En gros, elle  m’a ri en pleine gueule et m’a fait comprendre combien j’étais stupide de lui donner l’occasion de me piquer mon idée. Cheap shot! C’est chien à l’os, mais c’est légal. Cette personne compétitrice de haut calibre a spontanément été sournoise et m’a franchement ridiculisée. Je venais de me faire donner une jambette dont je me souviendrai longtemps.

En bonne perdante, j’ai réfléchi et je suis restée courtoise. Tout simplement parce que ce curieux spécimen de spontanée-opportuniste venait de m’apprendre quelque chose et parce qu’elle m’avait donné, malgré elle, l’idée d’écrire l’article que vous lisez en ce moment. Si elle a le malheur de tomber sur ces mots, elle risque probablement d’avoir les joues en feu. Oups! Ma spontanéité, encore. Eh ben merde! C’est chien, mais c’est légal tsé… Je lui dédie la chanson de Desjardins en guise d’excuses et de drapeau blanc.

Sur ce, allez en paix, chers lecteurs et lectrices, et gardez votre belle spontanéité et votre naïveté d’enfant pas encore écorché de la vie! Mais gardez ceci en tête : méfiez-vous des défauts pires que le vôtre et apprenez à fermer votre gueule!