Chère amie dont le cancer vient d’entrer dans sa vie

Tu te rappelles, il y a deux ans? C’était dans le corps de ma mère qu’il s’est logé, du coup c’est toute ma vie qu’il a fait basculer.

Un an plus tard, j’étais loin de penser que ce serait à ta porte qu’il viendrait cogner. Il n’est peut-être pas en toi, mais c’est tout comme si ; il est en elle. Il gruge le bon qu’il y a dans celle qui t’a mise au monde.

Il est sur le point de tout basculer dans ta vie.

Au cours de ta grande bataille contre ce foutu cancer, tu auras beaucoup de questions et souvent tu n’y trouveras aucune réponse s’y rattachant. Tu te demanderas souvent « Pourquoi ma maman? » mais saches que la recherche à cette question ne te mèneras que sur le chemin de la rage… Ne dévie pas sur cette voie. Continue sur le chemin des pensées positives; tu verras, la route y sera plus douce.

Au fur et à mesure, on te dictera des mots que tu ne comprendras même pas et au cours des jours et des semaines ces mots deviendront ton vocabulaire premier. Ils feront désormais partie de ton quotidien.  Tu auras le vertige à les entendre et surtout à les comprendre, mais ne laisses jamais ces termes t’intimider. Ce ne sont que des mots mis sur des bobos alors que le concept de l’espoir est plus fort que tout ce qu’il y a de moins beau.

Tu gouteras à cette douleur que j’appelle la douleur de l’impuissance. Parfois, je me surprends même à penser égoïstement que c’est plus difficile émotionnellement pour ceux qui entourent la personne qui a le cancer qu’elle-même peut le vivre, parce qu’on a aucun contrôle. Je pense ainsi, parce que tu verras, tôt ou tard, que tu n’auras aucune idée de ce qui se passe réellement au fond de ses pensées et au creux de ses nuits d’insomnie. Tu te sentiras impuissante.

Tu n’auras aucune idée des limites qu’elle est capable d’endurer et ça te donnera envie de crier à la vie de lui laisser du répit. Tu voudras même que la vie te donne une partie de sa douleur pour lui épargner un peu de la sienne. Mais ma belle amie, n’oublie pas que l’amour c’est tout ce que tu pourras lui donner, mais c’est aussi surtout la seule chose qu’elle voudra venant de toi.  Ne te mets pas trop de pression.

Il y a aura aussi cette douleur qui te garderas éveillée la nuit. Tes nuits deviendront tes pires moments de réflexion. Tu commenceras peut-être même à prier un Dieu en qui tu ne crois pas. Tu lui demanderas de donner la guérison à ta maman. Tu le supplieras peut-être même. Mais n’oublie jamais de croire en vous d’abord.

À un certain moment, peut-être que la douleur que tu vivras se nommera épuisement émotionnel parce que tu n’en pourras plus de tout garder en toi. La douleur sera tellement forte qu’elle te poussera à mettre un genou au sol. Mais sache, ma chère amie, qu’alors que la plupart des gens seront là à t’aider à te relever, moi, je serai là pour t’aider à poser les deux genoux au sol. Je m’agenouillerai avec toi parce qu’il n’y a aucun mal à s’effondrer. Ce qui compte, c’est de se relever. Et on se relèvera ensemble lorsque toi seule, tu seras prête.

Chère amie dont le cancer vient d’entrer sa vie, sache que derrière chaque grande bataille gagnée, plusieurs douleurs ont dû être vécues.  Et je connais plusieurs anges gardiens au ciel qui font tout en leur pouvoir pour que vous puissiez crier; VICTOIRE!

Depuis que ma vie a basculé l’an passé, je me demande souvent comment j’ai pu tenir le coup et chaque fois mon cœur me rappelle qu’il y a beaucoup de toi derrière tout ça.

Cette fois, c’est à moi de t’aider à tenir en équilibre. N’hésite jamais.                           

Je suis là xx